En quelques minutes, ce petit robot mesure les pièces avec précision

Photo : Pierre-Yves Lechapelain et Maxime de Baillon, les deux inventeurs d'iMapper. © iMapper

C’est d’abord l’histoire d’une rencontre entre deux ingénieurs trentenaires avec un point commun : la passion pour fabriquer des nouvelles choses, concevoir des prototypes. Pierre-Yves Lechapelain et Maxime de Baillon se sont rencontrés lorsqu’ils travaillaient tous les deux au sein de l’entreprise ManoMano. "On a constaté que de nombreux professionnels du bâtiment perdaient un temps fou à faire des mesures, à dessiner des plans, une tache qui n’est pas la plus enthousiasmante de leur métier et où il est fréquent de faire des erreurs. Si les plus grandes entreprises ont accès à des solutions de mesure performantes, les petites entreprises, avec un budget plus réduit, doivent le plus souvent se contenter pour ce travail d’utiliser des outils archaïques : un papier et un crayon. On s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose ici à inventer", raconte Maxime de Baillon, dans une toute première interview à la presse, accordée à Batirama.

En 2020, les deux amis quittent leur job afin de se consacrer à leur idée. Au sein d’un appartement en région parisienne, ils fabriquent prototype après prototype du robot qu’ils ont imaginé et dont la mission sera de faire des mesures avec une grande précision, le tout en restant simple d’utilisation, le plus petit possible et surtout, accessible financièrement à tous les budgets.

Au 30^ème essai, iMapper était né

C’est à la trentième génération de prototype que le robot iMapper, tel qu’il est commercialisé aujourd’hui par la jeune start-up, est né, après environ une année à concevoir, tester, améliorer l’outil. 

iMapper est doté d’un scanner à la précision millimétrique. En trois minutes, placé sur un trépied au centre de la pièce, il prend des milliers de mesures afin de constituer un nuage de points en 2D, ce qui dessine une coupe très précise de la pièce. L’objectif prend également 5 photos à 360° afin de compléter les données, qui peuvent ensuite être transférée sur un logiciel en ligne capable d’analyser et de faire des plans, grâce aux informations fournies par le robot. 

Inutile de vider la pièce, la précision de l’outil est telle qu’il est aisé de deviner les contours du lieu sur le logiciel, malgré les objets, meubles et autres installations que la pièce comporte. Lorsqu’on mesure toutes les pièces d’une maison ou d’un appartement, de préférence avec les portes laissées ouvertes, on peut ensuite aisément reconstituer l’ensemble du logement, grâce à la plateforme en ligne qui permet d’unifier l’ensemble de manière intuitive. La précision permet également de se rendre compte de certains détails, par exemple l’épaisseur de l’isolant dans chaque pièce.

Le coût de iMapper est de 2.000€ à l’achat, auxquels s’ajoute l’abonnement mensuel à la plateforme, de 59€. C’est l’"argument phare" de ce produit qui se vend essentiellement grâce au bouche à oreilles, même à l’étranger.

"Pour maintenir les prix aussi bas, nous avons pris des décisions", indique Maxime. "Quand la demande a excédé ce que nous étions capable de produire tous seuls, nous avons fait le choix d’installer notre usine automatisée de production près de Paris, à Orsay. Les robots sont fabriqués par impression 3D, ce qui était le moins cher et nous permettait de mieux maîtriser la production. On a volontairement voulu que le robot soit petit, très simple, à la fois pour limiter les coûts et faciliter son utilisation."

"Une révolution dans le monde de la rénovation"

"Quand un appartement est rénové, il va être mesuré encore et encore, en moyenne plus de 10 fois. Il s’agit d’une perte de productivité et de temps colossale pour les petites entreprises du bâtiment, sans compter les risques financiers encourus en cas d’erreur," indique le jeune CEO. "Avec iMapper, il est facile de partager les données mesurées entre parties prenantes et on peut vraiment compter sur sa fiabilité."

Le retour des utilisateurs a été un moteur puissant pour nos deux entrepreneurs. "Les gens nous disent que ça a changé leur façon de travailler, que c’est rentable, qu’ils divisent leur temps de mesure par quatre ou cinq en utilisant iMapper. Certains parlent d’une révolution dans le monde de la rénovation. Ça donne envie de continuer à se coucher à 4h du matin pour améliorer notre outil," avoue Maxime.

La simplicité d’utilisation est également un point apprécié par tous. "Ça a été dur pour nous de se limiter à un seul bouton. Quand on est ingénieur, on a envie d’ajouter des boutons partout, avec plein de fonctions. Mais on voulait vraiment plus de simplicité. L’avantage aussi c’est qu’il ne faut que très peu de temps pour apprendre à l’utiliser. En une demi-heure, on maitrise l’outil."

iMapper pèse 200 grammes et il est livré avec un trépied, tout en étant compatible avec tous les trépieds du commerce. Un port usb sert à recharger la batterie à l'intérieur avec n'importe quel chargeur de portable. Une carte SD permet de transférer les données. Il est vendu uniquement sur internet, directement par la start-up. L’entreprise prévoit une période de test gratuit de 30 jours pour tous les utilisateurs, qui peuvent renvoyer gratuitement l’objet s’il ne répond pas à leurs besoins. "C’est beaucoup moins cher pour nous de fonctionner comme ça que de passer par des distributeurs. Et c’est rassurant pour les gens, surtout qu’ils n’ont pas pu le voir et le tester en magasin. En plus, il y a très peu de retours. Les gens sont très contents de notre produit."

Les deux chefs d'entreprise peuvent se féliciter aujourd’hui de voir leur robot à l’œuvre non seulement sur des chantiers classiques, mais aussi sur des chantiers plus complexes comme des escaliers, en architecture navale, en rénovation de charpente sur des chantiers patrimoniaux… "Sur instagram, spontanément, les utilisateurs postent leurs images de travaux utilisant iMapper. On a pu lire des messages tels que "je ne quitte plus mon iMapper" ou "iMapper m’a changé la vie". Aujourd’hui on sait que iMapper a scanné plus de 150 000 pièces, et son expansion est européenne", conclut Maxime de Baillon.

Plus d'information sur le site de l'entreprise.