Le suivi et la maintenance sont indispensables pour tirer le meilleur parti du solaire thermique

Le suivi et la maintenance sont indispensables pour tirer le meilleur parti du solaire thermique

Au moment où s’impose la relance du solaire thermique pour remplacer une part du gaz russe, il ne faut pas oublier les fondamentaux : bonne conception, suivi et maintenance des installations.




Il existe, selon ESTIF, la fédération européenne des industriels du solaire thermique, environ 10 millions d’installations solaires thermiques dans l’Union Européenne. Ce qui correspond à une puissance installée d’environ 36 GWth et à production de chaleur d’environ 79 TWh en 2020. Tout ça, dans l’hypothèse où l’ensemble de ces installations fonctionnent.

 

Comme une installation solaire thermique est toujours accompagnée d’un système de secours, en France, c’est le plus souvent une chaufferie gaz. Si l’installation n’est pas suivie, un défaut de fonctionnement de la partie solaire thermique ne se remarque pas. Le secours se met en route et assure chauffage et production d’eau chaude. Mais à un moment où les prix du gaz augmentent rapidement, cela va finir par se voir dans le montant des charges.

 

 

Remettre en marche les installations solaires thermiques

 

 

Le non-suivi et le défaut de maintenance des installations solaire thermique a conduit à l’arrêt de nombre de systèmes solaires thermiques. Sans que l’on sache combien sont à l’arrêt, l’Ademe et le monde français du solaire thermique – le syndicat Enerplan, les fabricants et installateurs, le BE Tecsol devenu une institution à lui tout seul – ont jugé la situation suffisamment préoccupante pour que l’Ademe lance un programme visant à remettre en état les installations solaires thermiques existantes depuis l’été 2019.

 

Ce plan a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2022 à 12 heures, heure de Paris, précise le cahier des charges. Il n’est pas impossible que la guerre en Ukraine et l’augmentation des prix du gaz poussent à l’extension de ce dispositif. Ce plan s’adresse aux collectivités, aux entreprises et aux associations et finance l’audit d’installations solaires thermiques existantes et une partie des travaux de réhabilitation éventuellement nécessaires.

 

 

Dans le même temps, l’Ademe a aussi lancé l’appel à projet "audit et accompagnement à la réhabilitation d’installations solaires thermiques collectives dans le cadre du plan de relance de la filière". A son lancement en 2018, cette opération était mise en œuvre dans cinq régions pilotes - Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Bretagne, Pays de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes - et avait pour but de réhabiliter au moins une vingtaine d’opérations par région. En 2020, elle a été étendue au Centre-Val de Loire et aux Hauts de France. Depuis 2021, l’opération porte sur la France entière. ©PP

 

 

Pour chaque opération, la mission est découpée en trois grandes phases :

  • audit, état des lieux et chiffrage des travaux de réhabilitation,
  • travaux de réhabilitation et mise en service dynamique,
  • signature et mise en œuvre d’un contrat d’exploitation.

 

Les phases audit et travaux requièrent des prestataires d’ingénierie RGE titulaires de la qualification OPQIBI 20.14 ou équivalent, ou bien de la qualification Qualisol Collectif délivrée par Qualit’ENR, ou bien des qualifications 5131 ou 5132 délivrées par Qualibat complétées par une formation Qualisol solaire thermique collectif.

 

Le contrat d’exploitation peut prendre deux formes :

  • au minimum : contrôle de bon fonctionnement ou suivi simplifié,
  • Contrat de performance énergétique (CPE), fondé sur un minimum de production de chaleur solaire à atteindre ou bien, à l’inverse, sur un maximum d’appoint non-solaire en été à ne pas dépasser, ainsi qu’une production primaire solaire minimale à atteindre.

 

Il faut au moins un technicien ayant suivi une formation conforme au référentiel de formation Qualit’ENR « Socol Exploitant » dans l’équipe de maintenance. Pour être éligible à cet effort de réhabilitation, une installation doit offrir au moins 25 m² de capteurs solaires thermiques en un seul groupe ou en grappe, avoir moins de 20 ans, être purgée de tous les recours judiciaires ou à l’amiable entre le maître d’ouvrage et les diverses autres parties prenantes.

 

L’opération doit obligatoirement être suivie en maintenance, soit avec un contrat de maintenance externe, soit directement par la maîtrise d’ouvrage, si elle est structurée pour cela. Lorsqu’une installation est sélectionnée pour une réhabilitation, le maître d’ouvrage peut prétendre à une aide financière maximale, gérée par l’Ademe, de 50% du coût total – audit, instrumentation, chantier, ... – avec un montant d’aide plafonné à 10 000 €.

 

 

Des aides financières pour de nouvelles installations solaires thermiques

 

 

L’Ademe poursuit son soutien financier au développement du solaire thermique en logement collectif, mais l’a recentré sur la production d’eau chaude sanitaire. Toute l’aide financière de l’Ademe au solaire thermique passe désormais par le Fonds Chaleur.

 

En ce qui concerne les installations de moins de 500 m² de capteur, l’aide du fonds chaleur est forfaitaire et fonction des quantités de chaleur produites. Les maîtres d’ouvrage intéressés doivent s’adresser directement aux directions régionales de l’Ademe. Le cahier des charges à respecter est directement téléchargeable et fournit plusieurs exemples de diverses configurations de travaux, suivi, instrumentation.

 

Les conditions d’éligibilité à cette aide sont notamment :

  •  la remise d’une étude de faisabilité par un Bureau d’Etude qualifié RGE 20.14 pour les surfaces de capteurs > 50 m² ou bien présence d’un installateur qualifié pour les surfaces < 50 m²,
  •  l’emploi de capteurs solaires thermiques certifiés NF CESI (NF441) ou bien Solar Keymark System
  • et l’utilisation d’un schéma hydraulique conforme, c’est-à-dire faisant partie des schémas techniques approuvés par l’Ademe.

 

 

Pour le développement du solaire thermique en industrie et dans les réseaux de chaleur, depuis 2015, l’ADEME a lancé un appel à projets Grandes Installations Solaires Thermiques qui permet de sélectionner les projets les plus pertinents sur réseaux de chaleur au-delà de 1500 m² de capteurs et en industrie pour les projets de plus de 500 m² de capteurs. ©PP

 

 

L’intervention de Monsieur Solaire

 

 

L’Ademe propose des aides, mais qui peut mener les audits et les suivis d’installations nécessaires ? Outre le BE Tecsol bien connu et spécialiste du solaire thermique et photovoltaïque, d’autres structures ont développé l’expertise nécessaire.

 

 

John Jamet, qui travaille dans le solaire thermique depuis plus de 10 ans, a créé Solaire Thermique France pour réaliser des mises en services d’installations solaires thermiques. L’entreprise travaille notamment avec Atlantic, Vaillant-Saunier Duval, Viessmann, … pour la mise en service de leurs installations solaires thermique en Île-de-France. Et valide la garantie du matériel en établissant un procès-verbal de mise en service. ©MonsieurSolaire

 

 

Solaire Thermique France réalise aussi de nombreux audits et diagnostics d’installations existantes pour le compte de maîtres d’ouvrage et d’entreprises d’exploitation et de maintenance. L’entreprise se charge aussi de nombreuses réhabilitations d’installations après diagnostic. Fort de cette expérience, John Jamet, qui a créé la marque commerciale "Monsieur Solaire", souligne combien le solaire thermique est différent d’une installation de chauffage classique et requiert une formation spécifique.

 

D’abord, dit-il, environ 20% des installations sont mal conçues ou mal montées à l’origine. Les maîtres d’ouvrage archivent souvent mal les documents administratifs liés à ces installations. Il est, par exemple, difficile de retrouver le PV de mise en service initial. Les installateurs, même des entreprises de bonne taille, réalisent souvent des fiches d’auto-contrôle trop rapidement.

 

Dans les années 2010 – 2012, l’Ademe finançait l’installation de dispositifs de télé-suivi des systèmes photovoltaïques. Tecsol disposait d’une bonne solution et l’a installée en nombre. Au bout de deux ans, cependant, l’aide de l’Ademe s’arrêtait et les maîtres d’ouvrage ne renouvelaient pas l’abonnement. La remontée des données était interrompue.

 

Selon John Jamet, environ la moitié des installations sur lesquelles il intervient fonctionnent mal ou pas du tout. Pourtant, ajoute-il, le solaire thermique est très performant lorsqu’il fonctionne, notamment en termes du coût d’exploitation.

 

 

Une maintenance connectée

 

 

Depuis 2018, Solaire Thermique France propose une maintenance connectée juste de la partie solaire thermique des installations en immeubles collectifs, avec un suivi des capteurs, du circulateur primaire solaire, des échangeurs et des ballons de stockage. La communication s’effectue à l’aide d’un routeur avec carte SIM tous opérateurs. Avec les progrès de l’électronique, virtuellement toutes les régulations solaires thermiques installées peuvent être connectées à ce boîtier de communication. ©MonsieurSolaire / PP

 

 

 

La connexion remonte les alarmes, les températures dans les capteurs et dans les ballons. Tout apparaît sur une page Web dédiée à l’installation et à laquelle le client à accès, ainsi que tous ceux auxquels il accorde une autorisation d’accès. Les informations apparaissent en temps réel et de minute en minute, le client – un hôtel, une copropriété, un immeuble de logement social, … - voit les économies apportées par le bon fonctionnement de l’installation solaire thermique.

 

Les besoins de remise en état des installations solaires thermiques existantes sont importants, les bénéfices d’une installation solaire thermique qui fonctionne bien sont tangibles. Une installation collective existante, avec des capteurs sous pression peut couvrir 50% des besoins annuels de chaleur pour la production d’ECS.

 

 

Une installation conçue aujourd’hui avec des capteurs auto-vidangeables et une surface de capteurs plus importante couvre une part plus importante des besoins d’ECS et une partie des besoins de chauffage. ©PP

 

 

Solaire Thermique France grandit et embauche.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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