Restauré, rénové, réinventé par l’agence Maud Caubet Architectes, le château de l’Hertford British Hospital, à Levallois-Perret (92), s'apprête à entrer de nouveau dans l'Histoire.
Construit entre 1877 et 1879 par l’architecte Paul Ernest Sanson, le château de l’Hertford British Hospital, magnifique bâtiment néogothique d’inspiration anglaise, a longtemps accueilli des patients britanniques, notamment au sein de sa maternité, restée en activité jusqu’à la fin du XXe siècle.
L’agence Maud Caubet Architectes a piloté sa réhabilitation complète pour le compte de la Hertford British Charitable Fund (HBCF), avec l’ambition de restaurer l’identité du lieu tout en l’inscrivant dans les usages contemporains.
Le Château accueillera désormais des espaces de formation, de coworking et de restauration. © Charly Broyez / WEB
Réinventer le patrimoine hospitalier
L'histoire du château de l’Hertford British Hospital remonte au début du XIXe siècle, lorsqu'en 1872, Sir Richard Wallace, philanthrope anglais et collectionneur d'art, achète le château et le transforme en hôpital pour les ressortissants britanniques vivant en France, avant d'ouvrir ses portes aux habitants de Levallois et des environs. Il devient rapidement un établissement de soins de santé de premier plan, doté des équipements médicaux les plus avancés de l'époque.
Durant la Première Guerre mondiale, l'hôpital accueille de nombreux soldats britanniques blessés au front, leur offrant des soins médicaux adaptés et spécialisés. Après la guerre, le château de l’Hertford British Hospital devient un symbole de l'amitié franco-britannique comme de la solidarité internationale, ainsi qu'un hôpital très moderne pour l’époque, qui attirait des médecins de grande renommée. Afin d'assurer son fonctionnement, l’hôpital eut recours aux collectes de fonds, spécialité anglo-saxonne, sous le patronage de la famille royale qui joua un rôle essentiel. La Reine Mère, Queen Elizabeth, fut la présidente d’honneur de 1936 à 2002 et le 9e marquis de Hertford l’a remplacée en 2004.
En 1978, l’hôpital est entré dans le système de soins français, tout en maintenant sa tradition de "nursing à l’anglaise" et a pris le statut "d'hôpital privé à but non lucratif participant au service public hospitalier". Le bâtiment d’origine, inscrit à l’inventaire des monuments historiques, devenant obsolète, l’hôpital a fait construire de nouveaux bâtiments rue Barbès, inaugurés en 1982 et progressivement rénovés depuis 2006.
Outre l’hôpital, Sir Richard Wallace fut le donateur à la Ville de Paris des fameuses "fontaines Wallace", et il a légué à la Grande Bretagne sa magnifique collection d’art, la Wallace Collection, visible à Londres.
Aujourd'hui, le château de l’Hertford British Hospital est un site historique préservé, témoignant de son riche passé et de son engagement envers le bien-être des patients. Il continue à offrir des soins médicaux de qualité, perpétuant ainsi son héritage humanitaire et son importance dans l'histoire de la médecine. © Charly Broyez / WEB
Une lecture sensible de l'édifice
Reconstituer la morphologie initiale
Fondé sur un important travail de recherche historique, le projet repose sur une lecture sensible de l’édifice comme de ses transformations successives : plans d’époque, photographies, archives et relevés ont permis d’en reconstituer la morphologie initiale. Loin d’une reconstruction à l’identique, Maud Caubet propose une relecture mesurée, valorisant les éléments d’origine tout en répondant aux exigences fonctionnelles actuelles.
Les façades en pierre et en brique sont conservées et restaurées ponctuellement, dans le respect des matériaux d’origine.
Les menuiseries modernes en PVC sont remplacées par des éléments fidèles à l’esthétique du site : bois clair pour les fenêtres rectangulaires, acier noir pour les baies en arcs brisés ou polylobées, selon les profils historiques restitués. © Charly Broyez / WEB
La porte d’entrée principale retrouve son dessin de 1879. © Charly Broyez / WEB
Des espaces fonctionnels et accessibles à tous
À l’intérieur, les espaces sont entièrement repensés :
– de nouveaux escaliers encloisonnés ;
– Un ascenseur remis aux normes ;
– Des sorties de secours discrètement intégrées ;
– Et, enfin, des rampes et élévateurs PMR assurant une accessibilité universelle, et ce sans altérer l’équilibre des volumes patrimoniaux.
L'architecture intérieure préservée
L’architecture intérieure – voûtes, ogives, modénatures – est révélée par un travail de couture précis. Les volumes sont sublimés, notamment grâce à la récupération des combles jusqu’ici inoccupés, afin d’offrir aux futurs usagers un environnement de travail aussi singulier que stimulant.
Pour l'agence Maud Caubet Architectes, l’intervention se voulait d'être "contextuelle, sobre et engagée". L’isolation thermique est réalisée par l’intérieur, les structures sont renforcées de manière ciblée, et les matériaux proviennent de filières géo- et biosourcées. Le projet vise des performances énergétiques élevées, tout en préservant la valeur et la lisibilité du bâti.
Photos du chantier. © Laurent Kronental / WEB
L'âme des lieux préservée. © Charly Broyez / WEB
Un écrin de verdure
À l’extérieur, le jardin historique du Château, autrefois conçu "à l’anglaise", est réinterprété par la paysagiste Lynda Harris. Les arbres remarquables sont conservés, de nouveaux massifs florifères introduits, et la palette végétale, largement indigène, est choisie pour sa résistance à la sécheresse. Les cheminements élargis, en matériaux perméables, redonnent lisibilité et fluidité au site. À l’arrière, les zones autrefois techniques sont entièrement végétalisées.
Un projet à l’échelle du site
Ce projet s’inscrit dans une vision urbaine globale, car l’ensemble de la parcelle de la , bordée par les rues de Villiers, Barbès, Chaptal et Voltaire, fait l’objet d’un plan cohérent. Les deux bâtiments de bureaux voisins bénéficient d’un nouveau traitement de façade, en harmonie avec le caractère du lieu. À l’extrémité sud, l’ancienne maternité est transformée en logements. Ce volume existant, sobre et fonctionnel, est conservé et doté de balcons filants, apportant à chaque appartement un espace extérieur de qualité.
Fidèle à sa philosophie, "Maud Caubet développe ici une architecture qui soigne autant les formes que les liens – entre passé, présent et futurs habitants".
Source : batirama.com / Laure Pophillat / © Charly Broyez / WEB