Retour sur les premiers Trophées Valobat Réemployer, Transformer, Bâtir Demain

Le 22 mai dernier, six chantiers exemplaires (Solutions de tri, recyclage des déchets, valorisation, réemploi des matériaux) ont été récompensés par les Trophées Valobat. Retour sur cette première édition.

Solutions de tri, recyclage des déchets, valorisation, réemploi des matériaux…, les bonnes pratiques autour de la gestion des déchets doivent être partagées au plus grand nombre : cette conviction a guidé l’initiative de Valobat.

Cet éco-organisme, le seul présent sur tous les circuits de collecte (REP Produits et Matériaux Construction Bâtiment, Articles de Bricolage et de Jardin et Déchets d’Éléments d’Ameublement) s’est associé au média Construction 21, pour construire ce concours et en faire une vitrine de l'économie circulaire dans le bâtiment.

Six des 40 candidats ont été distingués. Acteurs du bâtiment totalement investis dans leurs chantiers circulaires, diversité des entreprises participantes, en taille comme en implantation géographique, large panel de solutions : pour Hervé de Maistre, président de Valobat, la richesse des dossiers reflète bien la variété des pratiques et des contextes dans lesquels se déploient aujourd’hui les chantiers responsables.

 

 

 

Honneur au lauréat du Grand Prix : la réhabilitation du programme “Pinard”

 

Ce chantier de grande ampleur, en cours dans le 14e arrondissement de Paris, offre des solutions de réemploi pour de nouveaux usages in situ et ex situ. © Guillaume Henry Lecomte

 

 

Les travaux menés par le groupe Léon Grosse pour le compte de Paris & Métropole Aménagement vont permettre de réhabiliter 6 122 m2 pour accueillir des locaux d'activités et des équipements publics mutualisés (crèche, école, gymnase…). L’objectif est de réemployer 17,7 % de matériaux (environ 380 tonnes de matériaux). Des briques seront réutilisées pour les façades et sols (et également ex situ). Des tuiles vont faire des cheminements piétons. Deux charpentes deviendront 500 m2 d’habillage lattis bois et quelques fenêtres en chêne vont être redécoupées pour créer des parquets. Des radiateurs, des lavabos ou des miroirs seront nettoyés et intégrés au futur projet. Ce réemploi et par ailleurs le choix de matériaux bas carbone permettent d’éviter 8,1 % d’émissions de GES vs un mode constructif traditionnel. Sept flux de déchets sont triés sur le chantier.

 

 

 

 

"Chantier exemplaire en tri" : deux lauréats

Le prix est attribué à la rénovation énergétique des logements collectifs "Petit Pont" à Vaulx-en-Velin (69). Alliade Habitat a confié la rénovation énergétique de 194 logements sociaux, répartis en huit bâtiments à GCC Aureca!.

L’entreprise a installé une recyclerie sur le chantier pour traiter gratuitement neuf flux de déchets. 113 tonnes de déchets industriels banals, des déchets ultimes, du bois, des plastiques rigides, des gravats, palettes, du plâtre, de la laine de roche et des menuiseries vitrées ont été triées. Un taux de valorisation exceptionnel de 80 % a été atteint grâce à une organisation rigoureuse, supervisée par un responsable environnement à plein temps, une signalétique pédagogique, intuitive et lisible par tous, et l’agencement judicieux de contenants allant de la caisse palette aux bennes de 20 m3. Très fière du succès rencontré auprès des habitants, GCC Aureca! compte dupliquer ce système, avec un site sécurisé modulable en fonction du chantier.

Côté réemploi, l’entreprise a inventorié les matériaux recherchés et les a "sourcé" en circuit court.

 

Tri et taux de valorisation des déchets exemplaires pour la recyclerie éphémère de Petit Pont. © GCC Aureca-Alliade

 

 

 

Déconstruction Coup de cœur au CHU de Rennes

Le jury n’a pu s’empêcher un coup de cœur pour le chantier de déconstruction de plusieurs bâtiments du CHU de Rennes (35) qui seront remplacés par un bâtiment Femme-Mère-Enfant (FME) et un parvis aménagé par Bouygues Bâtiment Grand Ouest.

L’entreprise compte valoriser les déchets à hauteur de 75 % minimum, dont 80 % pour les bois PSC/PEFC. 1,36 tonne de déchets devrait être produite et 4,23 tonnes évitées grâce au réemploi (dalles de plafond, portes et fauteuils roulants notamment). La mise en place d’un contrôle des bennes par intelligence artificielle est à l’étude.

C’est la déconstruction selon Tri’n’collect qui est distinguée ici : elle passe par l’installation sur le chantier d’une plateforme logistique pour le stockage et la régulation des livraisons, supervisée par un équipier.

Des contenants mobiles de type chariots métalliques à roulettes, big-bags de 1m3 et sacs de 240 L, permettent de multiplier les flux de déchets triés (dix et aucun en mélange), de mutualiser les collectes des différentes matières et d’optimiser leur mise en filière.

 

Dans ces bâtiments du CHU de Rennes en cours de démolition, la valorisation des déchets est effectuée par des équipes en insertion et au sein de filières locales. © Tri N Collect

 

 

 

Prix "Chantier exemplaire en valorisation" : la résidence étudiante "Porte des Alpes" de Bron

Bouygues Bâtiment Sud-Est vise la certification NF Habitat HQE pour les neuf bâtiments Linkcity de l’Université Lyon II qu’il achève en ce mois de juin (15 000 m2) à Bron (69).

La gestion durable du chantier a été intégrée dès la conception, avec un objectif de valorisation matière supérieur à 70 % par rapport à la masse totale. Le programme affiche également un taux de recyclage et de valorisation de 97 %.

Le prestataire de déchets Serfim Recyclage mandate un "valoriste" en insertion professionnelle pour vérifier et faire du sur-tri avant de vider les bennes à l’aide d’un retourneur électrique. Une presse à balles pour les films plastiques et les cartons d’emballage simplifie leur prise en charge. Les logements seront équipés de sanitaires, lave-mains et équipements électriques, réemployés via des structures locales. Les bassines et outils des artisans peintres de plusieurs lots sont réutilisés.

 

Plus de 90 % des flux sont triés en masse dans des bacs roulants avec retournement par chariot télescopique. © BBSE

 

 

 

Prix "Chantier exemplaire en réemploi" : "La Caserne", à Poitiers (86)

La ville de Poitiers, qui porte le projet de réemploi depuis le début, a fait appel à l’agence Duclos-Riboulot Kester Architectes pour réhabiliter sa caserne de pompiers en un tiers-lieu de 4 767 m2 dit "La Caserne" (bureaux, ateliers d'économie sociale et solidaire, bar, restaurant et auberge de jeunesse). 400 tonnes de matériaux réemployés et un taux de valorisation des déchets de 70 % minimum (métaux, bois, béton et verre) devraient permettre d’économiser 260 tonnes d'émissions de CO.

L’imagination est au rendez-vous côté réemploi ! Celui-ci est de type in situ (environ 90 tonnes de radiateurs en fonte, sanitaires, plaques métalliques de faux-plafond, escaliers, portes coupe-feu, etc.), ex situ (15 tonnes de portes sectionnelles, et de fibro-ciment) et de provenance extérieure. 1 000 traverses SNCF en béton monobloc ont notamment été mises en œuvre en revêtement de sol circulable et perméable (soit plus de 800 m2 au niveau du parvis et de la cour intérieure). Ou encore des chutes de découpe laser en acier perforé issues de l’industrie ont été accrochées en façade. La "Caserne" est labellisée Bâtiment Durable Nouvelle-Aquitaine Argent en phase conception.

 

Dans ce projet qui sera bouclé fin 2025, l’ancien gymnase des soldats du feu a fait office de plateforme de réemploi temporaire. © ag.D-RKA

 

 

 

Coup de cœur Réemploi pour Charenton Liberté

La réhabilitation de l’immeuble de bureaux Charenton Liberté appartenant à Hines, à Charenton-le-Pont (94), pour le transformer en logements, a marqué le jury, qui lui a décerné une mention spéciale. La forte contrainte d’un planning serré et d’un environnement très dense autour du chantier n’ont pas empêché la réussite de la démarche de circularité engagée par le promoteur et menée au pas de charge par Premys. Curer, désamianter et déconstruire 20 000 m2 de bureaux en cinq mois et activer les filières de valorisation était une gageure.

Sept flux de déchets ont été triés (gravats, métaux, bois, plâtre, verre, déchets industriels banals et déchets ultimes). Sur les 3 700 tonnes de déchets produites, 95 % ont été valorisées en masse. Premys a établi un diagnostic ressources/sourcing repreneur précis pour maximiser le réemploi et a suivi en temps réel les taux de valorisation.

Environ 20 % des déchets ont été réemployés sur place (700 tonnes de faux planchers, chemins de câbles, boiseries, pierres etc.). 110 tonnes de verre et plusieurs tonnes de laine de verre ont été recyclées en boucle fermée.

 

Des déchets ont été triés et stockés dans l’immeuble: dans des salles, comme ici, et dans les parkings en sous-sol. © Premys

 


Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson / © Guillaume Henry Lecomte

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