MaPrimeRénov' : pour ou contre la réforme 2024 ?

Différents acteurs de la construction et du logement, dont la Capeb et aujourd’hui la FFB, ont communiqué leur positionnement - souvent mitigé - après l'annonce de la réforme de MaPrimeRénov' pour 2024.

Après l'annonce de la réforme d'ampleur prévue pour MaPrimeRénov' en 2024 ce mercredi, les réactions ont commencé à tomber. Nombreux sont ceux qui communiquent leurs réserves ou leur questionnement sur certains aspects de la réforme, notamment la Capeb vendredi 13 octobre et la FFB, aujourd'hui lundi 16 octobre.

 

Des réactions favorables...

 

Pour l'organisation Equilibre des Energies, présidée par Brice Lalonde (ancien ministre de l'Environnement) et qui prône l'usage de solutions décarbonées dans le bâtiment et la mobilité, la réforme annoncée comporte "des points positifs", notamment :

 

 

De même, plusieurs entreprises spécialisées dans l'accompagnement à la rénovation nous ont communiqué, sans surprise, leur satisfaction des annonces gouvernementales :

 

... mais des réserves se font entendre

 

Cependant, Equilibre des énergies s'inquiète des éléments suivants :

 

 

De même, les entreprises spécialisées en accompagnement s'interrogent. Romain Villain, directeur général de Heero, évoque "la question du financement du reste-à-charge une fois les aides perçues, en particulier pour les ménages des classes moyennes qui sont très peu aidées dans le cadre de MaPrimeRénov'... (...) Résultat, de nombreux propriétaires vont devoir encore arbitrer entre réaliser des travaux geste par geste qui permettent parfois de sortir de la situation de passoires avec un reste-à-charge d'environ 10.000€, ou effectuer une rénovation globale avec un reste à charge pouvant vite atteindre les 50.000€".

 

Baudouin de la Varende, co-fondateur d'Ithaque, ajoute : "On peut se demander si passer de G à E est suffisamment ambitieux vu la situation actuelle. Quand on sent qu’on ne va pas atteindre l’objectif, on a deux possibilités : baisser l’objectif et augmenter les moyens … Alors qu’il fait 25°C en octobre, l'Etat vient malheureusement de choisir la première. De plus, on peut déplorer que la pompe à chaleur soit aussi fortement mise en avant dans le mono-geste et le fait que l’isolation serait même exclue de ces aides alors qu’elle peut être la priorité, même pour des biens notés E ou mieux", regrette Baudouin de la Varende.

 

Pour la Capeb : "le gouvernement confond accélération et précipitation"

 

La Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb) a fait part, dans un communiqué ce 13 octobre, de ses nombreuses interrogations face à la réforme annoncée. "En effet, en consacrant la rénovation globale, les évolutions apportées à MaPrimeRénov' aboutiront à l'exclusion d'une partie des ménages de la rénovation énergétique", souligne le syndicat.

 

La Capeb s'inquiète que la réforme ne "sonne le glas de la rénovation par gestes pour les passoires énergétiques", craignant que cette décision ne soit pas réaliste "au regard de l'immensité du défi qui se présente à nous". "Nous ne pouvons pas nous permettre que des ménages, notamment ceux avec des revenus modestes et très modestes, demeurent en situation de précarité énergétique parce qu'ils ne pourraient pas assumer le reste à charge."

 

La Capeb demande qu'un parcours de travaux sur 3 à 5 ans soit mis en place pour les rénovations globales, "permettant d'aboutir au même niveau de performance, avec un dispositif d'aides bonifiées au fur et à mesure de la réalisation effective des travaux", afin de prendre en compte "la réalité du pouvoir d'achat des ménages et la très grande difficulté d'intervenir en site occupé".

 

La Capeb demande à nouveau la mise en place "d'un prêt vert 'en trois clics' garanti par l'Etat, distribué par toutes les banques, pour financer le reste à charge des ménages".

 

Le syndicat s'interroge également sur l'obligation de disposer d'un chauffage décarboné afin de pouvoir toucher des aides : "De nombreux ménages ayant récemment installé une chaudière à très haute performance sur les recommandations gouvernementales, avec des aides de l’état, vont se retrouver pénalisés. La Capeb demande que les logements disposant d’une chaudière de moins de 10 ans avec un bon niveau de performance énergétique ou un dispositif de chauffage hybride ne soit pas concernés par cette obligation." La Capeb souhaite en général que la réforme soit inclusive de modes de chauffage plus variés, " en mettant l'accent sur l'innovation", et à "ne pas privilégier le changement de système de chauffage au détriment de l'isolation".

 

La Capeb souhaite également que l'obligation de recourir à des accompagnateurs certifiés ne soit effective que "lorsque leur nombre sera suffisant au niveau territorial." Elle souhaite également que l'obligation de fournir un DPE ne soit mise en place que lorsque ce dernier sera "enfin fiabilisé".

 

"Un pas en avant, deux pas en arrière !" s'offusque la Fédération Française du Bâtiment

 

Ce matin, un communiqué nous indique que la FFB n'est pas du tout satisfaite du projet de réforme.

 

"La FFB est bien entendu favorable au développement de la rénovation globale, mais pas au détriment de travaux individuels qui représentent 90% des travaux soutenus par MaPrimeRénov'. Pourquoi casser ce qui marche ? Pourquoi exclure des aides un ménage qui souhaite simplement isoler ses parois ? Pourquoi exiger qu'il installe un équipement renouvelable (même s'il a déjà changé sa chaudière récemment) ou le forcer à effectuer une rénovation globale avec le recours obligatoire à un accompagnateur ?" questionne le syndicat.

 

La FFB craint que la réforme n'ait des effets "dévastateurs" pour la filière. "Alors que les marchés de la rénovation sont encore loin de ce qu'ils devraient être, on a l'impression que la seule priorité est la suppression du gaz et que l'on y sacrifie l'isolation", regrette-t-elle, soulignant que ce changement radical de politique va être un facteur vers la complexification du système plus que vers sa simplification. 

 

La FFB pense que le recours obligatoire à un accompagnateur sera un frein au marché, en raison "d'un nombre insuffisant d'acteurs agréés et d'une répartition hétérogène sur le territoire." De plus, elle rappelle que l'Anah devra absorber dès le 1er janvier "la lourde gestion des dossiers CEE" et demande que "tous les moyens soient mis en oeuvre pour assurer le démarrage".

 

Olivier Salleron conclut : "Les fausses bonnes idées, ça suffit.  Le marché est devenu trop compliqué. Après la construction neuve, est-il nécessaire de faire peser un risque sur le marché de la rénovation ?"

 

Et vous pensez-vous que la réforme annoncée de MaPrimeRénov' pour 2024 va dans le bon sens ?

 


Source : batirama.com / Emilie Wood / Photo © Freepik

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