Portrait de Julien Brisebourg, référent bois et biosourcés chez Bouygues Immobilier

Dans la série Les mousquetaires de l?ingénierie bois, voici Julien Brisebourg, 38 ans, charpentier de formation : il a rejoint le promoteur Bouygues Immobilier lors des travaux de l?immeuble Enjoy Green Office à Paris.

Légende : Julien Brisebourg, agit en catalyseur sur toutes sortes de projets de construction bois, au sein de l’un des principaux promoteurs français.©DR

 

BEP, Bac Pro de charpentier, puis BTS Système Construction Bois et Habitat et enfin licence PRO : le parcours de formation de Julien Brisebourg, 100% bois, est atypique au regard de son parcours professionnel, dans le sens où il n’est pas passé par une école d’ingénieurs.

 

Quant à son parcours professionnel, il est également atypique, passant de la restauration de monuments historiques à la construction neuve et polyvalente de AIA Ingénierie (ERP, logements, bureaux), pour épauler désormais, suite à sa contribution sur le projet Enjoy, l’un des plus grands promoteurs français dans le maniement du bois et des matériaux biosourcés à destination de l’habitat et du tertiaire.

 

 « Les quatre années passées chez ECSB et Gaëtan Genès m’ont confronté aux bâtiments historiques, mais elles m’ont également marqué par le projet d’hôpital de jour nantais ESEAN (architecte Brunet-Saunier), en ossature bois, il y a environ 15 ans » indique Julien Brisebourg.

 

Ce Projet-pivot lui a permis d’intégrer une filiale du groupe AIA, ICM, où il finit par diriger une équipe de huit personnes : « Ce passage par le groupe AIA avec Laurent Rossez m’a confronté à la mixité des matériaux bois, béton, acier, utile pour aborder les ouvrages multi-étages actuels ».

 

Le groupe est connu pour ses solutions brevetées de planchers mixtes, toujours en évolution. Ainsi, le dernier projet de Julien Brisebourg chez ICM a été le « 007 » conçu par Anne Carcelen dans le 19e arrondissement à Paris. En complément des projets mixtes, l’activité d’ICM s’étendait également à de la construction bois traditionnelle.

 

 

EDA / Projet EDA en cours à Paris 15e© Kengo Kuma & Associates
 

 

Le tremplin du Green Office

 

Pour Bouygues Immobilier, le projet Green Office-Enjoy de 17 000 m2, soit le plus grand immeuble tertiaire en bois à l’époque et certifié BBCA conception et réalisation) a été un tournant. C’est à ce moment-là que s’est dégagée une nouvelle approche de la construction tertiaire, en rupture avec les habitudes constructives.

 

C’est pourquoi Bouygues Immobilier via son Directeur Central Technique Edward Woods a proposé à Julien Brisebourg de devenir son référent interne pour les ouvrages de construction bois futurs 

 

« Bouygues Immobilier avait identifié la nécessité assez tôt d’avoir un référent interne pour accompagner la transition vers le bois et les matériaux biosourcés. A présent, je suis un catalyseur. Tout le monde doit être formé et je n’ai pas vocation à remplacer la personne qui accompagne un projet donné. Au contraire, il faut apporter l’appui nécessaire pour aider ces personnes à devenir le plus autonomes possible » insiste Julien Brisebourg.

 

Parfois, il s’agit d’inciter les concepteurs à aller plus loin sur la voie de la construction biosourcée ; et parfois, il s’agit de canaliser les ambitions des développeurs. Toutefois, l’une des particularités de Bouygues Immobilier est que les développeurs sont toujours accompagnés en tandem par des concepteurs dès le démarrage des études.

 

Le Green Office-Enjoy est un concentré de savoir-faire innovant qui demande à être dupliqué, comme c’est le cas actuellement pour le projet d’immeuble tertiaire EDA lauréat d’Inventons la Métropole du Grand Paris, d’une surface de 15 000 m2 : « L’innovation utile, c’est être en avance de phase et cela revient à essuyer les plâtres, nécessairement. On en retire le capital dans un second temps ».

 

 

Green Office-Enjoy, un jalon parisien de la construction bois multi-étages conçu par les agences Baumschlager Eberle et Scape©Laurent Zylberman de Graphix Images

 

Dupliquer Green Office-Enjoy

 

Le capital de Green Office-Enjoy et de l’immeuble de logements collectifs Sensations à Strasbourg, Bouygues Immobilier le tire actuellement non seulement dans le cadre de ce projet tertiaire francilien, mais aussi pour un R+9 de logements à Lyon et un projet multi-étages à Bordeaux plus spectaculaire par sa hauteur que par sa surface.

 

L’approche de Julien Brisebourg ne consiste pas à préconiser une utilisation du bois à outrance, mais plutôt le bon matériau au bon endroit. La démarche de Bouygues Immobilier initiée dès 2017 s’inscrit dans la stratégie générale énoncée le 16 décembre 2020 par le groupe Bouygues, qui vise à réduire de 30% les émissions de GES de ses opérations d’ici 2030.

 

« Dans le domaine tertiaire, nous faisons face aujourd’hui à un marché demandeur de ces évolutions. Ce n’est pas toujours le cas dans le domaine du logement. La mise en œuvre à grande échelle de matériaux biosourcés autres que le bois est pour l’heure de l’ordre du débat » 

 

« Par contre, la mixité des matériaux est essentielle, et la guerre que se livrent actuellement les filières du béton, du bois et du métal est stérile. On aura besoin des uns et des autres. Certes, il est nécessaire aujourd’hui d’aider les matériaux biosourcés à se développer pour qu’ils puissent accomplir leur part ».

 

 

Sensations à Strasbourg reste pour l’heure le plus haut ouvrage français livré en structure bois, culminant à R+11 (Architectes : Koz / ASP)©D. Bleuset - Bouygues Immobilier

 

RE2020 sans surprise

 

Selon Julien Brisebourg, les annonces autour de la RE2020 correspondent à ce que l’on attendait. On peut s’attendre à ce que le seuil initial de 2021 reste bas et que le palier important sera à accomplir en 2024.

 

« A la faveur de la RE2020, le bois va se développer et tout particulièrement l’ossature bois, le CLT simplement pour quelques applications spécifiques ». Selon Julien Brisebourg, les questions de réversibilité bureau-logement et de réemploi sont à l’ordre du jour.

 

En matière de carbone, Bouygues Immobilier tend à demander à ses partenaires industriels des FDES individuelles et non génériques, de façon à coller au plus près du coût émissif réel d’un projet de construction.

 

 

L’immeuble 007, dernier immeuble tertiaire multiétage achevé en date à Paris (architecte : Anne Carcelen). ©Anne Carcelen

 


Source : batirama.com/ Jonas Tophoven

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