BTR 499
14 BATIRAMA N°499 I OCTOBRE - NOVEMBRE 2021 ACTUALITÉ MÉTIERS Le dernier rapport de l’AQC montre que les pathologies des revêtements de sol intérieur sont en première ligne du Flop 10, en nombre et en coût de réparation. Voici le rappel de quelques préconisations. P as de surprise, les pathologies des revêtements céramiques restent une des plus récurrentes dans le flop 10 récemment publié par l’observatoire de la Qualité de la construction (1) . Si le corpus normatif abondant (DTU, règles profes- sionnelles) est en constante évolution, il faudra sans doute quelques années avant d’observer une régression de ces patho- logies, avec la modification des pratiques qu’induira l’évolution des textes de réfé- rence. Selon Jean-Pierre Thomas, directeur technique adjoint de la branche Construc- tion du groupe Stelliant, ces pathologies engendrent des coûts moyen de réparation de 11000 euros en résidentiel. Inadaptation du support en résidentiel dans 40 % des cas Les données détaillées sur les pathologies proviennent d’un rapport AQC réalisé par Jean-Pierre Thomas il y a 4 ans. Cet ouvrage analyse 428 rapports d’expertise couvrant 333 dossiers, sur une période de 12 ans. Le délai de déclaration de ces sinistres est en effet long et varie de 6,1 ans après réception en pose collée, à 7 ans en pose scellée. Plus de 40 % des cas relèvent d’une inadaptation du support en résidentiel (chape, plancher, ancien revê- tement). Autre enseignement : plus d’un cas sur trois concerne une insuffisance de collage ou de scellement en non-résiden- tiel. Enfin, un cas sur quatre concerne une absence ou insuffisance de joint. La taille des carreaux n’a pas d’impact sur les pathologies L’expert relève que la taille des carreaux n’a que très peu d’impact sur la sinistralité observée, tout comme le type de carrelage (terre cuite, émaillé, …) ou encore la pré- sence ou non d’un plancher chauffant. En revanche, les conditions de mise en œuvre sont impliquées dans les sinistres. Et ces pathologies revêtent 3 formes principales dont la fissuration dans 64 % des cas étu- diés. Les deux autres formes concernent le décollement (descellement et soulè- vement) et d’autre part, la dégradation superficielle des carreaux, la détérioration des joints entre carreaux, la glissance… F. LEROY Comment éviter les pathologies des revêtements de sol carrelé CARRELAGE LA FISSURATION DES CARREAUX EST SURTOUT LIÉE À LA POSE SCELLÉE La fissuration des carreaux (64 % des cas) affecte trois fois plus la pose scellée que la pose collée. Elle est provoquée par le (lent) retrait différentiel du mortier de pose du carrelage scellé désolidarisé (accru par son épaisseur). Ce retrait favorise son raccourcissement en partie inférieure alors qu’il est contrarié par l’adhérence aux carreaux en partie supérieure. Le délai d’apparition du phénomène est lié à la perte en eau du mortier qui ne peut se faire que de façon très lente par la seule évaporation au travers des joints de carrelage. Notons par ailleurs, que le carrelage scellé peut être posé sur une sous- couche isolante (destinée à amortir le bruit de choc lié à la marche sur le revêtement dur). Or, le retrait et le cintrage du lit de mortier peut poinçonner la sous-couche isolante et générer l’apparition de vides sous-plinthe en périphérie. LES AUTRES PATHOLOGIES : LE DÉCOLLEMENT DE CARREAUX EN POSE COLLÉE Associés à plus de 80 % à la pose collée (4,7 ans en moyenne après la pose), les décollements de carreaux peuvent être dus à : • Un défaut d’adhérence du ragréage • Un défaut d’écrasement des sillons de colle et l’absence de double encollage nécessité par la faible porosité des carreaux ou leurs dimensions • Un non-respect de la largeur des joints, une butée en périphérie ou un support trop jeune dont le retrait n’est pas suffisant stabilisé • Les déformations du support ou encore un défaut de préparation du support en cas de pose sur un revêtement existant… A NOTER Deux facteurs peuvent accroître ce phénomène de retrait amplifié et donc la fissuration : le surdosage en ciment (une réduction des dosages a été prévue en locaux P2 et P3 dans le DTU 52.1 depuis 2010) et une exposition à l’ensoleillement (ex : face à une porte-fenêtre orientée Sud). Par ailleurs, les effets sont accrus en cas d’absence/insuffisance de joints de fractionnement (surtout aux seuils ou aux angles rentrants) ou de joint périphérique. Autre pratique générant la fissuration des carreaux : l’absence de mise en œuvre d’un ravoirage pour incorporer les canalisations qui va affaiblir localement l’épaisseur de scellement et sa résistance.
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