Transformation d’un IGH des années 70 en hôtel 4 étoiles

Transformation d’un IGH des années 70 en hôtel 4 étoiles

Studios Architecture livre un nouvel hôtel 4* HQE Rénovation près de la Gare de Lyon à Paris. Retour sur une opération "hors norme" et milimétrée pour répondre au cahier des charges de l'hôtel de luxe.




Propriété de la SNC Tour Paris Lyon, représentée par Axa France Vie, la tour Paris Lyon – 19 étages et 60 mètres de haut – était un IGH de bureaux construit en 1974. Le cabinet d’architectes Studios Architecture – installé à Washington, New York, Paris, San Francisco et Los Angeles – l’a complètement redessinée et restructurée pour Pitch Promotion Snc.

 

Ce promoteur a pris un petit risque. Lorsqu’il a décidé de rénover la tour et de la transformer en hôtel, il n’avait pas encore de preneur. Mais la situation du bâtiment au 209 – 211 rue de Bercy à Paris, à quelques pas de la Gare de Lyon, et les exceptionnelles vues sur Paris dès le sixième étage ont rapidement intéressé Marriott, qui a pris le bâtiment pour y installer un hôtel 4* Courtyard by Marriott de 249 chambres.

 

 

 

L’un des principaux attraits de ce bâtiment et son emplacement, rue de Bercy, tout proche de la Gare de Lyon. L’autre est la série de vues sur Paris que confèrent les diverses orientations des chambres. Pour maximiser la vue, la hauteur des allèges dans les chambres a été calculée de manière à juste respecter le ration C+D. ©PP

 

 

11 300 m² rénovés

 

Studios Architecture avait esquissé un plan de décoration intérieure. Cette proposition d’aménagement, très différente de ce que fait Courtyard by Marriott d’habitude – tous leurs hôtels aux Etats-Unis sont identiques. Elle a plu a Courtyard by Marriott qui a missionné Studios Architecture également pour la décoration intérieure.

 

La structure béton du bâtiment – poteaux, poutres et planchers béton – a été conservée. La façade a été complètement désossée et reconstruite. Studios Architecture a conçu une façade plus épurée, très vitrée : un mur-rideau de verre Guardian Glass, monté sur une ossature aluminium Ouest Alu. Les lignes apparentes en façade sont éclairées par des Leds blanches et, selon les architectes, ces « rails de lumière » rappellent les rails de la Gare de Lyon toute proche.

 

Bouygues Construction a été chargé des travaux. Michel Gomes, chez Bouygues Construction, était responsable de la rénovation lourde de cette tour. Il indique un montant de travaux de 40 millions d’euros pour 11 300 m² et vingt mois de travaux.

 

 

 

Pour minimiser les masses combustibles, les corridors et les paliers ne sont pas meublés. ©PP

 

Les contraintes de l’IGH

 

Dans la conception de la décoration et de l’aménagement intérieur de l’hôtel, Studios Architecture a été contraint par le caractère IGH du bâtiment. Il est naturellement soumis à la règle du C+D de l’instruction technique IT249 du 10 mai 2010, mise à jour en 2016, destinée à empêcher la propagation du feu par les façades avec baies et concernant la création d’un obstacle au passage du feu d’un étage à l’autre.

 

La hauteur des allèges et de la distance entre deux baies a été calculée de manière à respecter l’exigence C+D, tout en offrant le clair de jour le plus large possible pour bénéficier des vues sur Paris depuis l’intérieur des chambres. De même, afin de minimiser les masses combustibles et le potentiel inflammable, aucun meuble n’est installé dans les couloirs et sur les paliers.

 

Remarquons au passage que ce bâtiment vient d’être équipé d’un VRV Daikin chargé en R410A à fort GWP (Global Warming Power). Si, comme ce n’est pas impossible, grâce au Règlement Européen F-Gaz, le R410A devient trop rare, trop cher ou ne peut plus être utilisé en maintenance dans moins de 10 ans, il n’y aura que deux solutions : premièrement, remplacer le R410A par du R32 légèrement inflammable, dont on ne sait pas s’il sera autorisé en IGH ; deuxièmement, enlever tout et remplacer le VRV par une installation d’eau glacée.

 

 

 

La chaîne Courtyard by Marriott a accepté la conception de l’aménagement intérieur proposée par Studios Architecture. ©PP

 

 

Les salles de bains, équipées d’appareils et de robinetteries de grandes marques, ont été préfabriquées au Portugal, acheminées par camion, grutées dans chaque chambre avant la pose des façades. ©PP

 

 

 

Tout est dessiné

 

Studios Architecture a dessiné tous les revêtements de sols et de murs, tous les meubles à l’exception des tables et des luminaires sur pieds dans les chambres. Dans les couloirs, la moquette au sol rappelle, toujours selon les architectes, la Coulée Verte toute proche.

 

Dans les chambres, Studios Architecture a retravaillé les têtes de lit avec Marriott pour les affiner. Les salles de bains, avec baignoires ou douches, ont été entièrement préfabriquées au Portugal et livrées finies, à l’exception de la porte, vitrée, montée sur site. Dans chaque chambre, Bouygues Construction a disposé les attentes : eau chaude, eau froide, évacuations, électricité et VMC.

 

Dotées d’une structure métallique, les salles de bains ont été grutées et introduites dans chaque chambre, avant fermeture de la façade. Les robinetteries ont été fournies par Hansgrohe, les lavabos et WC par Duravit et Villeroy & Boch. L’hôtel a ouvert lundi 8 Octobre. En basse saison, les chambres standards sont proposées à partir de 169 €, contre 250 à 300 € en haute saison.

 

 

 

L’hôtel est chauffé et rafraîchi par 24 groupes externes VRV IV de Daikin, pour l’essentiel à récupération d’énergie. Ils sont installés sur la terrasse haute du bâtiment. ©Daikin

 

 

 

 

Les chambres sont équipées d’unités intérieures gainables réversibles. Le dimensionnement est étudiée pour maintenir 28°C l’hiver par -7°C et 18°C en été par +32°C. ©Daikin

 

 

 

DRV, CTA à récupération de chaleur et CPCU

 

Une sous-station de chauffage urbain CPCU produit l’ECS pour l’hôtel et les cuisines. Le chauffage et le rafraîchissement sont assurés par 24 groupes extérieurs VRV IV REYQ-T à récupération d’énergie (3 tubes) et 4 groupes RXYQ-T sans chauffage continu.

 

Ces groupes extérieurs sont raccordés à 5 unités intérieures murales FXAQ-P, 261 unités intérieures gainables à faible pression FXDQ-A, 7 plafonniers apparents et 21 unités intérieures gainables moyenne pression FXSQ-A.

 

La ventilation est prise en charge par des CTA Wolf à récupération de chaleur. Une supervision et des automates Johnson Controls pilotent tous les processus techniques de l’hôtel. Une passerelle entre la GTB sous BACnet/IP et les VRV IV a été fournie par Daikin.

 

 

 

Les CTA Wolf sont équipées de récupérateurs de chaleur sur l’air extrait et pilotées par une GTB Johnson Controls. ©PP

 

 

 

 

 

 

Au 1er sous-sol, 10 emplacements de parking peuvent accueillir et recharger des véhicules électriques. ©PP

 

 

Le Plan de Prévention des Risques d’Inondations du département de Paris classe l’emplacement de ce bâtiment en zone inondable. Des portes étanches équipent donc tous les sous-sols, évitant la remontée de l’eau par les circulations verticales. ©PP

 

 

 

Pour minimiser les nuisances pour le voisinage, un plafond a été enlevé entre le premier et le second sous-sol, de manière à permettre l’accès de tous les camions de livraison directement au sous-sol et non en surface. ©PP

 

 

 

A l’arrière du bâtiment, la « galette », un bâtiment R+3, avec deux niveaux de sous-sol, abrite les cuisines, le bar-restaurant et un centre de conférences. Sur sa terrasse, le cuisinier dispose de plantes aromatiques poussant en totem. ©PP

 

 

 

 

 

Le bar se trouve sous une longue verrière, dont l’esprit industriel rappelle, selon Studios Architecture, l’esprit des anciens ateliers du quartier. Un centre de conférences se déroule autour du puits de lumière du bar-restaurant. Il propose plusieurs salles de 3 à 100 personnes, ainsi que des espaces de travail collaboratif.

 

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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