Les éléments de maçonnerie adoptent l’économie circulaire

Les éléments de maçonnerie adoptent l’économie circulaire

Qu’il s’agisse de modes constructifs traditionnels ou innovants, en plus de répondre à l’objectif réglementaire de performances thermiques, la maçonnerie entre dans l’économie circulaire.




Pas question d’y couper. Blocs béton et briques de 20 cm en terre cuite avec isolation thermique par l’intérieur et planelle continuent de se batailler le créneau de la maison individuelle.

 

Ces modes constructifs viennent même titiller le béton coulé sur le segment du petit collectif. Et tous deux cherchent à se réinventer avec des solutions qui riment avec performances.

 

À l’instar du monomur en terre cuite qui a fini par remplir ses alvéoles d’isolant pour apporter une solution saine, naturelle, sans pont thermique grâce à l’isolation répartie, et très performante. Mais dont les parts de marché sont restées confidentielles.

 

D’autres solutions grignoteuses de performances ont vu le jour. Comme chez Bouyer Leroux qui a développé un double mur de 15 cm avec isolant au centre de 12 cm d’épaisseur pour un avantageux R supérieur à 7.

 

Mais rien à faire. « Un mur de 42 cm d’épaisseur n’entre pas dans les habitudes de construction en France. Néanmoins, cette solution séduit un public à la fibre environnementale dans le sens éco-conception de la maison. Par conséquent, nous étudions une solution laine de bois en alternative à l’isolant actuel en polyuréthane haute densité pour une question de durabilité. C’est une réponse environnementale », informe Antoine Cellier, directeur marketing chez Bouyer Leroux. Car au-delà de la performance thermique, il faut désormais répondre à l’enjeu émergent de l’économie circulaire.

 

Pour une seconde vie des bâtiments

 

« Nous nous sommes tous préparés à la révolution du BIM, mais celui-ci ne perce pas. En revanche, depuis au moins six mois, le label E+C-* imprime une véritable dynamique », continue le dirigeant de Bouyer Leroux. La preuve : aucun élément maçonné n’est épargné.

 

À l’instar du bloc béton qui chez Fabemi, Alkern et Seac se réinvente grâce à un isolant développé par Lafarge (Airium). « Nous avons substitué le polystyrène par de la mousse minérale », témoigne Jérôme de Mauroy directeur marketing et communication chez Fabemi. Ainsi tout est recyclable à la déconstruction étant donné qu’il n’y a pas de mélange de matière ».

 

Le béton à maçonner devient aussi biosourcé en version béton bois pour maison individuelle, petits collectifs avec planelle ou rupteur de pont thermique. « L’idée est de pouvoir répondre au cercle vertueux de l’économie circulaire en injectant des produits usagés tels que des anciennes palettes de déchets de scieries dans de nouvelle fabrication », informe Tristan Chatavong chez Alkern, tout en concluant : « le label E+C- va être la thématique phare de 2018, et de 2019 », premier pallier vers une nouvelle réglementation bâtiment responsable attendue pour 2020 qui devrait graver les principes de l’économie circulaire dans le béton.


* Énergie + carbone -.

 

Solution 1 : La brique de terre cuite

 

Avec un ratio technico-économique performant, la brique de 20 cm en terre cuite apporte une réponse appréciée dans tous les logements performants.

 

Économique, la brique de 20 cm en terre cuite trouve ses applications aussi bien en maison individuelle qu’en petits collectifs avec isolation thermique par l’intérieur et abouts de plancher traités avec planelle dédiée. « Cette solution limite le surcoût d’un rupteur de pont thermique », rappelle Antoine Cellier.

 

Pour les traitements singuliers et limiter les déperditions thermiques, des coffres de volets roulants ont aussi été développés. Mais en collectif cette dernière solution reste pour l’instant trop coûteuse et avec une logique de maintenance inadaptée puisqu’elle s’effectue par l’extérieur. « Mais avec la label E+ C-, on devrait à termes augmenter la qualité des coffres » augure le directeur marketing de Bouyer Leroux.

 

Côté mise en œuvre, le mortier joint mince pour maçonnerie au rouleau a détrôné la brique à maçonner au mortier traditionnel. Et toujours dans une optique d’optimisation du chantier tant d’un point de vue écologique qu’économique, les systèmes de pose à sec se développent avec des réponses chez Bouyer Leroux et chez Wienerberger.

 

Grâce à l’application de deux cordeaux de colle haute-performance, fini le mortier à préparer sur le chantier, le nettoyage le soir, et les déchets supplémentaires. Autre intérêt de cette solution : elle répond aux objectifs de déconstruction en vue du recyclage ensuite du matériau terre cuite pour une entrée parfaite dans la boucle de l’économie circulaire.

 

  • Avantages : avec un R autour de 1,50 affiche le meilleure ratio gain thermique (avec ITI rapportée)/économie/gain sur la surface habitable ; gain jusqu’à 4 cm d’isolant en collectif par rapport à du béton banché ; stabilité dimensionnelle.
  • Limites : un impact carbone pénalisé par la cuisson à très haute température, amoindri par les industriels grâce à l’emploi de biomasse.

 

Solution 2 : Les blocs béton à isolation intégrée

 

Ces blocs béton avec mousse minérale isolante injectée construisent et isolent en même temps.

 

Sur les mêmes marchés que ceux de la brique de 20 cm en terre cuite (maison individuelle et petits collectifs), trois industriels du béton (Alkern, Fabemi, Seac) ont développé une solution particulièrement isolante à associer encore une fois à une planelle pour l’aspect technico-économique.

 

Cette nouvelle génération de blocs creux de 20 cm est proposée en version rectifiée également en pose collée. Elle affiche un R pouvant atteindre jusqu’à 1, 8 grâce à l’injection d’une mousse minérale (Airium de Lafarge) composée de produits cimentiers et d’agents moussants.

 

« Ce bloc béton qui répond aux exigences des critères du label E+C- est 100 % recyclable tout en résistant au feu, et aux séismes. Cette solution constructive durable, présente également l’avantage d’une meilleure performance acoustique qui devient une préoccupation grandissante dans le logement », rappelle Jérôme de Mauroy, directeur marketing et communication du groupe Fabemi.

 

  • Avantages : gain de temps à la construction ; gain de surface habitable ; pouvoir isolant, résistance thermique et bilan carbone supérieurs aux blocs bétons traditionnels
  • Limites : solution plus coûteuse qu’un bloc béton creux.

 

Solution 3 : Les blocs béton biosourcés

 

Les maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage très sensibilisés à la préservation des ressources vont pouvoir trouver « bloc à leur maçonnerie » avec ces bétons bois.

 

Biosourcés, isolants et porteurs, c’est une autre des innovations notables boostées par l’objectif d’économie circulaire. Le point commun de ces blocs béton : l’intégration de matières premières recyclées locales, issue de scieries à portée de camion benne ou des palettes consignées usagées de l’industriel.

 

Ensuite, si les deux procédés sont sous Avis technique, la comparaison s’arrête là. Le premier de Xelis Groupe est un bloc de coffrage à isolant thermique intégré en usine contre la face extérieure du bloc. Le coffrage ainsi réalisé assure le coulage d’un voile béton côté intérieur, avec des atouts notables : une forte inertie du voile béton et l’absence de ponts thermiques grâce à l’ITE intégrée (R jusqu’8,30 m2.K/W).

 

Autre procédé tout frais sorti des moules de l’économie circulaire : un bloc béton isolant porteur (Alkern/Ciments Calcia), conçu pour répondre à toutes les configurations rencontrées. Il assure la construction de maisons individuelles, de petits collectifs en R+2, reçoit une isolation rapportée par l’intérieur ou l’extérieur (R = 0,85 m2.K/W) s’équipe de planelle ou rupteur de pont thermique.

 

« Il initie un cercle de fabrication vertueux, tout en répondant aux exigences du label E+,C-, mais sans perturber les habitudes du professionnel, informe Tristan Chanthavong, directeur marketing chez Alkern. Comme un bloc béton traditionnel, il se maçonne avec un mortier performanciel ».

 

  • Avantages : bétons incorporant de la matière biosourcée (bois) inscrits dans un principe d’économie circulaire ; 100 % recyclée et 100 % recyclable ; assure l’isolation thermique et acoustique.
  • Limite : coût plus élevé que des solutions traditionnelles.

 

Interview de Gérald Merlin, responsable marketing et développement briques chez Wienerberger : « Il existe de réelles attentes par rapport au biosourcé »

 

Leader national de la brique en terre cuite avec Bouyer Leroux, devant un Terreal aux couleurs plus locales, Wienerberger affiche en 2016 un chiffre d’affaires de 177 millions d’euros.

 

Quels sont les facteurs de croissance du marché ?

 

Gérard Merlin : Ils sont liés à la réglementation en vigueur qui impose des exigences thermiques et maintenant environnementales. Dans cette approche, la brique terre cuite est pertinente, même pour la partie carbone que nous améliorons et qui au final pèse peu sur son bilan global.



Quelles compétences doivent avoir les entreprises pour développer leur chiffre d’affaires ?

 

La pose à joint sec de type Dry Fix est un vecteur de croissance. C’est une solution facile à appliquer jusqu’à - 5° C, qui ne nécessite ni électricité, ni agrégats, ni eau sur le chantier.

 

Sur quels produits/systèmes du futur travaillez-vous aujourd’hui ?

 

Nous réfléchissons à des réponses pertinentes par rapport aux exigences nouvelles. Il existe de réelles attentes par rapport au biosourcé. Nous travaillons aussi sur la recyclabilité de nos produits, ainsi que sur la pénibilité et la simplification de mise en œuvre.

 

Que pensez-vous du virage opéré par le bloc béton avec le béton-bois ou rempli de mousse minérale ?

 

Le béton-bois est une solution biosourcé que nous évaluons. En revanche, pour le bloc rempli, la terre cuite avec le monomur à isolation intégrée a été précurseur. Le béton aussi cherche des pistes de diversification. Néanmoins, le marché lui attend surtout des réponses conforme à la réglementation thermique à un moindre coût.

 




Source : batirama.com / Stéphanie Lacaze

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