Chapes fluides : la chape ciment talonne l’anhydrite

Chapes fluides : la chape ciment talonne l’anhydrite

Après une belle croissance, les systèmes chape fluide sont à la baisse. La qualité des produits n’est pas en cause, elle aurait même tendance à s’améliorer.




Dans la grande famille des matériaux de construction prêts-à-l’emploi, les chapes fluides, à base d’anhydrite ou de ciment, constituent, de l’avis de nombreux observateurs, l’une des avancées technologiques les plus remarquables de ces vingt dernières années.

 

Pourquoi ? Probablement parce qu’elles répondent en même temps à de nombreuses problématiques qui se posent dans le secteur de la construction, notamment en termes de pénibilité sur les chantiers – le mélange réalisé en centrale est mis en œuvre debout, sans vibration et sans avoir à tirer la chape.

 

Mais également en termes de rapidité d’exécution et donc de productivité – jusqu’à 1000 m2 par jour – ou de confort d’utilisation pour le client final. Elles ont été, entre autres, développées pour optimiser le rendement des planchers chauffants. Pour ces raisons, ces procédés ont affiché une croissance à deux chiffres pendant longtemps.

 

Peu de chiffre marché

 

Depuis deux ans, en revanche, les choses se sont inversées et les chapes fluides, comme les autres produits du secteur de la construction, subissent l’atonie du marché. L’année dernière, à la même époque, Lucia Alarcon Ruiz, responsable marketing chez Cemex, annonçait un recul pour 2014 – chape anhydrite et ciment – de l’ordre de 10 à 15%.

 

2015 s’inscrivant dans la lignée de 2014 et les mêmes causes produisant les mêmes effets… Pour autant, il est difficile d’avoir une bonne connaissance de ce marché dans la mesure où il n’existe pas d’organisation structurée de type syndicat de chapistes.

 

De leur côté, les industriels communiquent peu sur le sujet, concurrence oblige. Si l’on observe les chiffres de l’Unicem, le cumul du total des matériaux de construction sur les dix premiers mois de l’année 2015 révèle une contraction sévère du marché, de -7,9%, -7,5 rien que pour les ciments.

 

En attendant la reprise – qui est annoncée pour 2016 selon les experts – les industriels peaufinent leurs offres, notamment pour les produits à base ciment. En effet jusqu’à récemment, ces derniers souffraient d’un déficit d’image en raison de problématiques liées au retrait.

 

Aujourd’hui les évolutions viennent à bout de ces défauts et ces produits, dont l’avantage majeur est la rapidité de mise en service (voir encadré ci-dessous), ont le vent en poupe.

 

 

L'AVIS D'UN INDUSTRIEL

 

Joachim Monge,
ingénieur produits chape chez Sika France

 


« Les propriétés des chapes ciment se rapprochent de celles des chapes à base anhydrite »

 

Quels sont les marchés de prédilection des chapes fluides ?


Historiquement, le marché des chapes auto-nivelantes ou chapes fluides concerne le secteur de la maison individuelle pour des applications avec ou sans plancher chauffant. On constate actuellement un fort développement sur des opérations de plus grande envergure, logement collectif et secteur tertiaire, toujours avec ou sans planchers chauffants.

 

Tout secteurs confondus, les chapes traditionnelles sur plancher chauffant ont quasiment disparu au profit des chapes fluides qui assurent un meilleur enrobage et une plus grande rapidité d’exécution.

 

Et la répartition entre les différentes techniques ?


Comme vous le savez, il y a deux techniques actuellement disponibles sur le marché : les chapes à base anhydrite et celles à base ciment. Les premières ont une vingtaine années d’existence, les secondes une dizaine.

 

Jusqu’à récemment, les plus anciennes étaient majoritairement employées ; aujourd’hui je dirais que la répartition est à peu près égale. Nous constatons une inversion progressive en faveur des chapes à bases de ciment.


Pourquoi cette inversion ?


De mon point de vue, il y a deux raisons à cela : les chapes ciment sont aujourd’hui plus fiables, notamment en termes de retrait. Très performantes, résistantes à la fissuration, elles ont été améliorées au départ avec des fibres puis avec divers adjuvants.

 

Leurs propriétés tendent à se rapprocher de celles des chapes à base anhydrite. La seconde raison – la plus importante – est qu’elles autorisent une mise en service beaucoup plus rapide des sols : à partir d’une semaine contre trois minimum avec les anhydrites – un atout très important !

 

Les chapes à base anhydrite ont-elles aussi des atouts, notamment une conductivité thermique plus importante ?


C’est un argument qui est mis en avant. La conductivité thermique assure une plus grande réactivité du plancher chauffant, mais cela joue peu sur la performance globale. Les avantages de ces chapes sont surtout l’absence de retrait et de fissuration.

 

Cela représente des gains de temps appréciables pour l’applicateur car elles peuvent être coulées sur une surface de 1 000 m² ou sur un plancher chauffant de 300 m², sans joint de fractionnement (40 m2 pour une chape base ciment).

 

 

 

Comment convaincre vos clients

 

  1. Pourquoi choisir cette solution ?


    La fluidité du mélange permet un très bon enrobage des tubes de plancher chauffant sans vide d’air. D’où une conductivité thermique optimale.
    Les résistances mécaniques autorisent les faibles épaisseurs : à partir de 3 cm pour les chapes anhydrites. Sur plancher chauffant, cela favorise une diffusion rapide et homogène de la chaleur. Cela permet aussi d’augmenter l’épaisseur des isolants en sous-face.
    La planéité des chapes fluides facilite la pose de carreaux de grand format (supérieur à 60 x 60 cm).
    Une mise en œuvre est réalisée par une entreprise agréée.

 

  1. Quel budget prévoir ?


    Donner un prix de revient pour la réalisation d’une chape fluide est un exercice périlleux. Les prix relevés – de l’ordre de 15 à 35 euros du m2 HT fourniture et pose – dépendent, en effet, de nombreux paramètres.
    On observe notamment de fortes disparités régionales en fonction de la disponibilité de l’une ou de l’autre solution. La préparation du support est aussi un critère à prendre en compte. La moyenne pour 100 m2, anhydrite ou ciment, se situerait aux alentours de 20 euros m2/HT. Une chose est sûre : plus le chantier est de petite taille, plus les tarifs augmentent.

 

 

Ce qu’en dit la réglementation

 

 

© Chonochape

 

Outre les Avis technique (AT) ou Documents techniques d’application (DTA) propres à chaque famille de produits (chapes fluides à base de sulfate de calcium ou à base de ciment), de nombreux textes réglementaires sont applicables aux chapes fluides.

 

Il peut s’agir des DTU 13.3 dallages et DTU 26.2 chapes et dalles à base de liant hydraulique, des DTU des différents revêtements associés (DTU 52.1 sols scellés ; DTU 53.2 sols souples PVC collé ; DTU 53.1 sols textiles ; DTU 51.11 pose flottante des parquets contrecollés ; DTU 59.3 peinture de sols ; DTU 54.1 revêtement de sols coulés à base de résine), ou de la notice sur le classement Upec des locaux (cahier du CSTB 3509). Important également l’ensemble des textes se rapportant aux planchers chauffants (DTU 65.14 / NF EN 1264) CPT 3164) et planchers rayonnants (CPT 36.06).

 

CCPT 3578

Autre texte essentiel : le Cahier des prescriptions techniques d’exécution des chapes fluides à base de sulfate de calcium, révisé et entériné par le Groupe spécialisé n° 13 du CSTB le 4 décembre 2014.

 

Un document qui annule et remplace le précédent paru dans les e-Cahiers du CSTB en mars 2012. Il précise les conditions générales d’emploi et de mise en œuvre des chapes fluides à base de sulfate de calcium faisant l’objet d’un DTA.

 

Sont concernées les chapes au minimum de classe C20 F4 selon la norme NF EN 13813. Toutefois, des dispositions particulières différentes peuvent être prévues dans les DTA. Dans ce cas, ces dispositions sont explicitement indiquées dans le dossier technique et visées par le DTA.

 

Un document qui s’applique aux ouvrages réalisés à l’intérieur des bâtiments en pose désolidarisée ou flottante dans des locaux ne dépassant pas le classement U4 P3 E2 C2. La réalisation de sols industriels n’est pas visée et l’ouvrage réalisé n’est pas destiné à rester apparent : il doit recevoir obligatoirement un revêtement de sol.

 




Source : batirama.com / Stéphane Miget

1 Commentaire
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  • par Hubert CARETTE
  • 15/03/2016 12:37:31

Votre article indique qu'il "n'existe pas d'organisation structurée de type syndicat de chapiste". Cela est vrai pour les industriels de la chape fluide. Par contre pour les applicateurs, l'UNECB-FFB représente les applicateurs de chape fluide, adhérents à la Fédération Française du Bâtiment. Merci de le préciser dans votre prochaine parution.

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