L’habitat social s’ouvre au bois

L’habitat social s’ouvre au bois

Comment stimuler l’intégration du bois dans la construction de logements sociaux neufs ? Patrick Molinié, spécialiste du Bâtiment au FCBA, revient sur un récent colloque* et sa portée.




Dispose-t-on d’un état des lieux de la part du bois dans l’habitat social français, notamment en termes de volumes et de typologie ?

 

Patrick Molinié : Il existe des enquêtes nationales sur la construction bois mais il n’y à pas d’étude spécifique à l’habitat social. Comme l’a rappelé à Bordeaux M. Dumont, le président de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH, co-organisateur du colloque), cela fait maintenant dix à quinze ans que l’on parle de l’emploi du bois dans l’habitat social, et depuis, le bois est devenu pour lui un matériau comme les autres. Pour l’heure, ni la filière bois, ni les organismes statistiques publics ne se sont dotés d’outils permettant d’évaluer précisément la part du bois dans l’habitat social, et sa progression. Il est indéniable que l’enveloppe bois a bénéficié d’un coup de pouce grâce à la RT2012 et que la mixité bois-béton a le vent en poupe

 

Pourquoi le colloque de Bordeaux a-t-il eu lieu ?

 

C’est parti d’un bailleur social, Aquitanis, qui fait partie de ceux qui utilisent régulièrement du bois dans ses projets, notamment par le biais de contrats-cadre de 3 ans comme celui actuellement établi avec la PME IBS. IBS étant une entreprise sachant manier à la fois le bois et le béton, et qui se situe à la pointe des développements techniques actuels en matière, notamment, de murs coffrants en bois. Nous avons obtenu le soutien de l’USH, de la région Aquitaine, du ministère du logement (DHUP).

 

En quoi la construction bois apporte-t-elle aujourd'hui une réponse aux problèmes que rencontrent les bailleurs sociaux pour construire ?

 

Aujourd’hui, notamment grâce aux résultats du grand programme de recherche qui a débouché sur le Catalogue Bois Construction, la construction de logements sociaux jusqu’à 8 niveaux, soit inférieurs aux IGH, est maîtrisée. Les échanges et le tour d’horizon nous ont permis de constater qu’en matière de prix, les écarts vont du simple au double selon les régions et les niveaux d’équipement mais que l’usage du bois est peu impactant sur ces écarts contrairement à la mise en place d’équipements tels que les panneaux photovoltaiques

 

Outre l’effet RT2012, le bois séduit les bailleurs sociaux car il répond aux besoins de chantiers propres et à faibles nuisances, qu’il permet de développer un langage architectural apprécié tout en avançant vers une industrialisation du bâtiment qui n’est pas synonyme d’uniformisation. L’aspect environnemental (stockage de carbone…) n’est pas vraiment valorisé pour le moment.

 

De même, on revient un peu de l’ultra-performance à laquelle la construction bois de logements sociaux était associée ces dernières années, les premiers retours d’expériences indiquant que le niveau des charges ne baisse pas comme c’était envisagé, parce que les équipements multiples demandent un entretien onéreux. Aujourd’hui, le curseur est replacé au moins provisoirement vers le BBC.

 

Les réponses techniques de la construction bois sont-elles vraiment au point en matière acoustique ?

 

Le programme de recherche AcouBois, dont les résultats alimentent la catalogue bois construction, a permis de déterminer des solutions bois acceptées par le Cerqual sans nécessité d’une validation par des mesures finales in situ, ce qui place le bois sur un pied d’égalité par rapport aux autres matériaux.

 

Le logement social tout bois reste assez rare et dans ce cas précis, même si les performances acoustiques cadrent avec la NRA (Nouvelle Réglemantation Acoustique), il peut arriver que des gênes émergent au niveau des basses fréquences. En pratique, l’apport de masse pour l’inertie thermique, qui conduit souvent à couler des chapes assez épaisses, optimise du même coup la problématique acoustique. 

 

Le logement social avec du bois peut-il être un marché pour les PME du Bâtiment ?

 

Dans le cadre du colloque, nous avons donné la parole à une typologie d’acteurs : IBS représentait la PME, Socopa le grand spécialiste de la construction bois et Arbonis l’émergence de grandes entreprises actives et compétentes sur ce créneau. Le succès d’IBS montre bien que les PME ont toute leur place sur ce marché en devenir.

 

* colloque qui a réuni à Bordeaux plus de 300 acteurs de la filière bois et ceux de l’habitat social




Source : batirama.com / Jonas Tophoven

2 Commentaires
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  • par NKHK Co Ltd
  • 23/06/2015 19:12:34

Redonner une vraie place au bois, particulièrement dans l'habitat social, constitue un enjeu majeur. On parle de la mixité bois / béton mais on n'évoque pas la mixité bois / métal alors que tout est à inventer, notamment au travers de composants industrialisables supposant de repenser totalement le concept de l'habitat. Les normes ne constituent qu'un outil, elles ne doivent pas inhiber la créativité. Surtout s'il s'agit d'imaginer un habitat autonome sur le plan énergétique résistant aux séismes et aux vents extrêmes.

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  • par noevea27
  • 22/06/2015 18:21:13

La maîtrise du chantier doit-être de règle, donc bien dissocier la maîtrise d'oeuvre de conception et le pilotage des travaux.....

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