Musée Fondation Louis Vuitton (1) : secrets d’un projet hors norme

Travail en 3D, 1,5 million d'heures d'études, 4 millions d'heures de travail, 75 Atex ont été nécessaires pour construire le nouveau musée parisien. Focus sur 12 voiles de verres inédits.

Le Musée de la Fondation Louis Vuitton pour la Création sera officiellement inauguré le 20 octobre. Le Maître d'Ouvrage – Bernard Arnault – et son architecte visionnaire – Frank Gehryont été largement cités et mis en lumière, tant leur bonne entente a été profonde tout au long du chantier.

 

En revanche, on parle peu de l'entreprise générale qui, finalement, a construit le bâtiment. Pour donner un autre coup de projecteur sur ce projet hors du commun, voici le récit de la construction du Musée selon Vinci, l'entreprise générale.

 

Le constructeur a reçu la commande en décembre 2008, mais les études avaient commencé bien avant, dès 2005. Ensuite, les travaux ont duré 5 ans. Etudes et travaux ont mobilisé de nombreuses entités du groupe : Vinci Construction France et ses filiales Petit et GTM Bâtiment, Dodin Campenon Bernard et les bureaux d’études de Vinci Construction Grands Projets et SIDF (Structures Ile de France).

 

 

  1. Manuel Estèves a assuré la direction du chantier du Musée LVMH pour Vinci. Doc. PP

 

« D'ailleurs, précise Manuel Estèves, le directeur du projet chez Vinci Construction France, le fait de pouvoir m'appuyer en cas de besoin sur les ressources du groupe et sur l'expertise pointue de toutes ses entités dispersées dans le monde, m'a permis de demeurer serein, ou presque, durant tout le projet ».

 

Les études : 20 % du coût total

 

Selon lui, le musée de la fondation LVMH pour la création constitue «le bâtiment le plus complexe jamais réalisé par Vinci». Les seules études de structures et du clos et couvert ont nécessité 1 500 000 heures de travail, contre 4 millions d'heures de travail pour la construction proprement dite.

 

Les études pèsent pour 20% dans le coût total contre 3 à 4% pour un immeuble de bureaux classique de même surface. Quant au coût de construction, il demeure encore un secret bien gardé.

 

Trois grands facteurs au moins expliquent cette complexité. Premièrement, la géométrie du bâtiment est tout à fait inhabituelle. Son empreinte au sol est conséquente – 150 x 50 m, soit 7500 m² – pour une hauteur de 48 m. Pourtant la surface de plancher disponible ne dépasse pas 18 500 m².

 

Le bâtiment présente beaucoup de vides, dont une salle de 21 m sous plafond. Deuxièmement, la géométrie des 12 voiles finalement construites pour réduire les coûts, au lieu des 14 initialement prévues, a donné lieu à de multiples simulations.

12 voiles de verres au lieu de 14



Elles représentent une surface totale de 3500 m² et se composent de 3 600 panneaux verriers de 1,5 x 3 m. La plus grande des douze verrières atteint 3 100 m² et compte 900 panneaux de verre. Cette géométrie de voiles de verre soutenues par des poutres en bois lamellé-collé et des poutres d'acier génère des efforts énormes.

La géométrie a d'abord été entrée en maquette numérique, et pour vérifier les calculs, une maquette physique a été construite et soumise en soufflerie à Nantes à des vents de 210 km/h, venant de 36 directions possibles, avec une rotation de 360° par pas de 10°.

La maquette a été équipée de 540 capteurs de pression et dépression. Pour chaque orientation, les mesures de pression/dépression ont été effectuées tous les quarts de seconde durant 10 minutes : 86 400 mesures au total ! Avec l'effet venturi entre les voiles, la vitesse des écoulements du vent atteint 310 km/h en certains points.

Une pérennité de 100 ans assurée

 

 

 

  1. La structure porteuse des 12 voiles, particulièrement complexe, associe acier et bois lamellé-collé. Doc. PP


 

Au total, le vent représente 15% des efforts qui s'exercent sur la structure. La dilatation thermique des voiles représente encore 15%. L’une des plus grosses bielles d'acier, côté bassin, peut par moments supporter jusqu'à 2 600 tonnes de charge.

Il valait donc mieux être sûr de son coup. Surtout, et comme le souligne Manuel Estèves c'est la troisième raison de l'importance des études initiales : le bâtiment est calculé pour une pérennité de 100 ans, au lieu de 30 pour un bâtiment normal.

 

 

 

Source : batirama.com / Pascal Poggi

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