Isolation répartie : le monomur fait de la résistance

Construction BBC oblige, le monomur subit la contrainte de la résistance thermique. Si elle n?est plus obligatoire avec l?avènement de la RT 2012, il a s?y plier pour exister.

Le label BBC n’a pas été bénéfique pour tout le monde. En tous cas, pas pour le monomur terre cuite qui «a souffert de ses exigences. Il a imposé aux parois opaques une résistance thermique R ≥ 4 m2.K/W», rappelle Hervé ­Pétard, responsable du développement brique au sein de la FFTB.

 

Pourtant, «cette approche n’est valable que pour l’isolation rapportée par l’intérieur», s’insurge Gérard Fouilloux, responsable marketing et développement briques chez Wienerberger. Elle ne concerne pas l’isolation répartie, principe du monomur, alors même qu’il sait répondre de manière réglementaire.

 

Même avec une brique de 30 cm pour un R de 3 m2.K/W mais en zone H3, la plus chaude, en appliquant les règles de la construction bioclimatique et en étant ­vigilant sur la performance des planchers bas, des combles, de la VMC ou des vitrages. Le monomur est donc RT 2012 compatible. D’autant qu’elle n’impose pas de résistance thermique minimale aux murs.

 

De l’isolant dans les alvéoles

 

Mais cette quête du fameux R ≥ 4 m2.K/W, a pénalisé le monomur, grignotant au passage ses quelques 10% de parts de marché. Alors, du côté de la terre cuite, on a réagi en poussant les épaisseurs et donc le R. Les 37,5 cm standard ont grimpé à 42 cm, et parfois plus.

 

Puis on a opté pour l’isolation intégrée (laine de roche, perlite…) dans les alvéoles du monomur qui ont été grossies. Objectif : dépasser les 5 m2.K/W. «Ce gain en résistance thermique, en conservant l’avantage du traitement du pont thermique du plancher intermédiaire, va nous permettre de reconquérir des parts de marché», assure Gérard Fouilloux.

 

Pour Hervé Pétard, l’isolation intégrée est en marche. «Cette nouvelle gé­nération de produits plus épais va être très à l’aise d’un point de vue de la RT 2012». Avec, bien sûr, ­l’échéance 2020, dans la ligne de mire.

La RT 2012 plaide en faveur de la résistance mécanique… aussi. Reste que, du côté du béton du cellulaire, on souligne le mauvais ratio prix/performance dans un contexte de la construction neuve déjà en surcoût.

 

«Cette augmentation d’épaisseur est pénalisante. Si les murs sont plus épais, les planchers vont l’être», souligne Sébastien Caradec, directeur marketing de Xella Thermopierre. Et pour cause, avec 36,5 cm seulement con­tre 37,5 cm pour la terre cuite, le bloc de béton cellulaire qui, lui, est plein, permet de dépasser le fameux R≥4m2.K/W.

 

Et face à un monomur en pierre ponce, aussi réputé pour sa légèreté mais au R<4m2K/W, Didier Vallée, chef de marché Neuf chez Xella, rappelle un autre enjeu en lien direct avec la RT 2012 : celui de la résistance mécanique. «Elle va être incontournable car les maisons RT2012 ont plus de baies vitrées pour répondre à l’exigence des 17% par rapport à la surface habitable». D’où l’importance de calculs structurels et de descentes de charges statiques désormais primordiaux. Mais ces derniers vont plutôt jouer en faveur du béton cellulaire et de la terre cuite. Les seuls à cumuler résistances thermique et mécanique.

 

AVIS D'EXPERT

 

Hervé Pétard,
responsable développement brique à la Fédération française des tuiles et briques (FFTB)

 

« Une vraie réponse en matière d’éco-construction »

 

«Les systèmes constructifs à isolation répartie ont toute leur place comme ceux à isolation rapportée. Porté par le monomur, ce principe peine encore à entrer dans les mœurs pour une raison principale : il bouleverse les habitudes de nombreux intervenants.

 

Les menuisiers, les électriciens ou les plombiers, par exemple, affichent toujours une certaine réticence à encastrer leurs produits dans du monomur. Ce système constructif s’accompagne donc d’une réelle modification des mentalités qui a freiné sensiblement le développement de l’isolation répartie, alors que les fabricants proposent des formations qui vont jusqu’à l’accompagnement au démarrage sur chantier.

 

Néanmoins et au-delà de la performance thermique à laquelle il sait répondre, le monomur Terre cuite séduit des maîtres d’ouvrage qui ont une vision globale d’un ensemble de contraintes –étanchéité à l’air, confort été comme hiver, inertie, résistance à l’humidité, aux moisissures, aux rongeurs, pérenité, durabilité…– et qui sont très attentifs à la santé des occupants dans un logement sain et confortable, grâce à la qualité de l’air intérieur.

 

A l’heure où de nombreuses questions se posent en termes d’éco-construction, d’éco-matériaux ou encore d’impacts environnementaux et sanitaires, le monomur apporte une réponse adéquate pour un habitat sain et durable. À noter que la seule lecture des Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) ne suffit pas à juger de la qualité d’un éco-produit tel que le monomur.

 

Encore une fois, il faut l’inscrire dans une démarche globale, intégrer certes les performances intrinsèques issues des FDES, mais aussi les performances induites (services rendus une fois le produit mis en œuvre). Cette approche globale passe par une analyse complète de la Qualité environnementale du bâtiment».

REGLEMENTATION

 

 

©Xella

 

 

Source : batirama.com / Luce Aromans

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