Termites : Comment protéger efficacement les bâtiments

En vue de protéger les bâtiments contre les termites et autres insectes xylophages, les pouvoirs publics ont défini, dès 1999, un certain nombre de textes réglementaires. Ils traitent des conditions de prévention et de lutte contre leurs actions dégradantes. Le point sur les trois types de solutions pour la protection de l?interface sol/bâti.

 

Les pouvoirs publics ont commencé à se préoccuper du problème dès 1999 par le vote de la loi n° 99-471 du 8 juin 1999 relative à la protection des acquéreurs et propriétaires d’immeubles con­tre les termites et autres insectes xylophages.

 

Complétée par un décret, un arrêté et une circulaire, cette réglementation est entrée en vigueur en novembre 2006 et précise les mesures à mettre en œuvre pour la protection des bois et des matériaux dérivés participant à la solidité de l’ouvrage, notamment par leur traitement à l’aide de solutions insecticides ou pose de films imprégnés d’insecticide.

 

Nouveau dispositif en novembre 2006

 

Depuis, un autre train de mesures de prévention contre les termites, concernant l’interface sol-bâti, est venu compléter le dispositif mis en place en novembre 2006. Ces mesures concernent toutes les nouvelles demandes de permis de construire à compter du 1er novembre 2007, qu’il s’agisse de projets de constructions privées, publiques ou industrielles.

 

Ces mêmes règles s’appliquent à l’engagement des travaux pour les aménagements ou constructions ne faisant pas l’objet d’un permis de construire (article R112-3 du Code de la construction et de l’habitation). Les dispositifs à mettre en œuvre sont précisés dans l’arrêté du 27 juin 2006.

 

Traitements : des textes flous !

 

Dans les départements où un arrêté préfectoral “termites”, partiel ou total, a été publié (voir carte ci-dessous) ce dernier impose au maître d’œuvre :

 

 

Malgré toutes ces informations, tous les textes réglementaires restent cependant flous quant aux produits pouvant être mis en place sur les chantiers et qui permettent à la fois de respecter la réglementation “termites”, les règles de la construction, celles de la santé, de l’environnement, etc.
Quelques précisions s’imposent donc…

 

Six espèces de termites

 

 

  1. Carte des arrêtés préfectoraux “termites” réalisée grâce aux données de l’Institut Technologique FCBA (Édition de mars 2009).

En jaune : aucun arrêté préfectoral
En violet : arrêté préfectoral portant
sur une partie du département
En rouge : arrêté préfectoral portant
sur l'ensemble du département

 

En France Métropolitaine, on rencontre six espèces de termites sur les 2 700 connues dans le monde. Cinq sont des espèces de termites souterrains (genre Reticulitermes) qui établissent leur colonie dans le sol, à proximité d’une source d’humidité, et remontent dans le bois dont elles se nourrissent.

 

Elles sont responsables de la plupart des sinistres observés dans les bois mis en œuvre dans les bâtiments. Ces espèces se sont largement propagées au-delà de leurs aires de répartition naturelle, essentiellement du fait des activités humaines.

 

Plusieurs de ces espèces cohabitent même dans certaines zones urbaines (Bordeaux, Marseille, etc.). La sixième est une espèce de bois sec dont les colonies se développent à l’intérieur d’un morceau de bois sans jamais transiter par le sol.

 

Solution n° 1 : La barrière physique

 


 

Ce procédé se compose de cinq éléments :

 

 

Mise en œuvre : attention au dallage !

 

 

 

 

Ce système est exclusivement mis en œuvre par des entreprises agréées par la société Ensystex Europe, distributeur du procédé Termimesh™ en France, à la suite d’une formation spécifique à la pose de ce procédé (liste des entreprises disponible sur le site internet du procédé).

 

Il peut être utilisé pour la protection de tous types de bâtiments courants neufs (maisons individuelles, habitats collectifs, ERP, etc.) et est compatible avec la mise en œuvre des dispositions parasismiques des normes NF P06-013 (règles PS 92) et NF P06-014 (règles PS-MI 89 révisées 92).

 

Le procédé Termimesh™ se pose en périmétrie de l’assise entre le sol et le bâti et aux passages de canalisations ou gaines. Dans l’Avis technique, l’attention est portée sur la nécessité d’une bonne mise en œuvre du dallage servant d’interface sol-bâti, qui doit être strictement conforme au DTU 13.3 pour limiter les risques de fissuration du béton.

 

D’autres types de planchers ou dallages peuvent être utilisés sous réserve de respecter les conditions fixées au Cahier des Prescriptions Techniques de l’Avis technique. Temps de mise en œuvre : environ ½ journée pour une maison de 100m² de configuration simple. Photos : © Ensystex

 

Solution n° 2 : La barrière physico-chimique

 

Dans ce type de solutions, la pénétration des termites est empêchée grâce à la présence d’un produit chimique associé à un film. Au jour d’aujourd’hui, deux produits répondent à la barrière physico-chimique : Kordon® de la société Bayer et Termifilm® de la société Cecil.

 

Les deux procédés sont titulaires de la certification volontaire CTB P+, délivrée par le FCBA, mais seul Kordon® possède un Avis technique validé depuis le 1er avril 2009. 

 

  1. Kordon® - Le procédé se compose de deux éléments :

 

 

Le système Kordon® est garanti 10 ans et est exclusivement distribué par la société Koatchimie.

 

Mise en œuvre : respectez les règles de l’Art !

 

 

Ce système est exclusivement mis en œuvre par des entreprises agréées par la société Bayer, à la suite d’une formation spécifique (liste des entreprises disponible sur le site internet du procédé).

 

Il peut être utilisé pour la protection de tous types de constructions neuves (maisons individuelles, habitats collectifs, bureaux, bâtiments industriels, ERP, etc.) et est compatible avec la mise en œuvre des dispositions parasismiques des normes NF P06-013 (règles PS 92) et NF P06-014 (règles PS-MI 89 révisées 92) à la seule condition d’emmailloter les fondations en pose complète.

 

En zone sismique, la pose partielle n’a pas été retenue dans l’Avis technique. Le procédé Kordon® sert également de protection contre les remontées d’humidité. En ce sens, sa mise en œuvre doit respecter les dispositions du DTU 20.1.

 

Temps de mise en œuvre : pour une maison de 100 m² de configuration simple, environ ½ journée pour une pose en périmétrie et une journée pour la pose complète.

 

Il existe deux types d’installations pour le procédé Kordon® :

 

 

 

 

  1. Termifilm® - Le procédé Termifilm® se compose de trois éléments :

 

 

 

Le système Termifilm® est garanti 10 ans par le fabricant.

 

Mise en œuvre : attention aux clauses d’assurances

 

 

Ce système peut être mis en œuvre en pose complète par des entreprises de traitement anti-termites, des maçons, etc. Cela dit, attention toutefois à s’assurer que les clauses des assurances prennent bien en compte ce type d’activité.

 

Termifilm® peut être utilisé pour la protection de tous types de constructions neuves (maisons individuelles, habitats collectifs, bâtiments industriels…) et est compatible avec la mise en œuvre des dispositions parasismiques des normes NF P06-013 (règles PS 92) et NF P06-014 (règles PS-MI 89 révisées 92) puisque la société Cecil propose plusieurs cas de pose en zone sismique où le film n’est en aucun cas dans la structure de l’ouvrage mais sous les fondations.

 

Le procédé Termifilm® sert également de protection contre les remontées d’humidité. En ce sens, sa mise en œuvre doit respecter les dispositions du DTU 20.1.

 

Temps de mise en œuvre : comme pour le système Kordon®, pour une maison de 100 m² de configuration simple, environ une journée pour la pose complète.

 

 

Les autres produits

 

D’autres systèmes répondant à la définition de la barrière physico-chimique sont déjà sur le marché ou en cours de développement, tels Sodi Filmo Sol de Sodi France, Ariaterm de Aria France, Trithor de la société Ensystex Europe, Termiprotect Solution Film Antitermites de Dyrup, mais il n’est fait référence à aucune procédure d’Avis technique ou de certification CTB P+ en cours pour ces produits.

 

Attention aux produits résineux

 

Depuis déjà quelques années, des procédés de résine pulvérisable sont commercialisés par de nombreux fabricants. Leur principe paraît simple, liquide pulvérisé soit directement sur le sol soit directement sur l’interface sol-bâti en béton ou maçonnerie qui polymérise au bout de quelques heures, mais nécessite une grande précaution au niveau de la mise en œuvre.

 

Actuellement, il n’est fait état d’aucune validation scientifique pour ces divers produits apportant la preuve de leur efficacité contre les termites, ni de leur compatibilité avec les règles de la construction, notamment sur le plan sismique.

 

Études en cours et précautions

 

De plus, l’utilisation de produits chimiques est désormais régie par la Directive Biocide. Comment savoir si ces produits répondent aux exigences ? Y a-t-il une autorisation de mise sur le marché du produit ?

 

Afin de tenter de clarifier ces divers points, les pouvoirs publics ont décidé de faire réaliser des études sur ces produits pour valider, ou non, l’utilisation de ces produits en tant que barrière physico-chimique.

 

En attendant les résultats de ces études, il appartient aux maîtres d’ouvrage, constructeurs et maîtres d’œuvre d’exiger de la part des fabricants de ces résines une attestation décrivant le produit utilisé, sa composition, le nom du fabricant et sa durée minimale d’efficacité garantie.

 

Solution n° 3 : Le dispositif de construction contrôlable

 

L’arrêté du 27 juin 2006 prévoit qu’un dispositif de construction dont l’état est contrôlable par le maître d’ouvrage, à la fréquence qu’il souhaite, peut se substituer aux barrières physique et physico-chimique, sauf pour les départements d’Outre-Mer.

 

Un vide sanitaire répondant aux dispositions des vides sanitaires accessibles définies dans le chapitre 10 de l’annexe 1 du DTU 65.10 constitue un dispositif de construction contrôlable. Il doit donc présenter au moins un accès de surface minimale de 0,60 m², la plus petite dimension étant au moins égale à 0,60 m.  De plus :

 

 

Un groupe de travail, avec les principaux acteurs de la construction, est en cours au sein de l’AQC afin de définir d'éventuels autres types de dispositifs contrôlables.

 

INFOS PRATIQUES

 

Rien n'arrête le termite

 

Les termites vivent en colonies hiérarchisées et organisées en castes. Dans une colonie installée dans le sol, plusieurs milliers de termites ouvriers prospectent les couches superficielles du territoire, à la recherche de vieilles souches ou matériaux cellulosiques.

 

Une fois cette nourriture détectée, les termites feront tout leur possible pour atteindre leur objectif. S’ils butent contre des parties enterrées d’une construction, ils ne rebroussent pas chemin et cherchent à poursuivre leurs investigations à l’intérieur des bâtiments.

 

Cela peut durer de quelques semaines à plusieurs années. Quand, à force de prospections et de milliers (voire millions) de coups de mandibules, un passage est alors réalisé – un trou ou une fissure de 1 mm est suffisant.

 

C’est à ce moment qu’ils investissent l’intérieur du bâtiment, à l’abri de la lumière, et s’attaquent à tout ce qui peut contenir de la cellulose. Les dommages peuvent être très importants, d’où la nécessité de protéger les constructions…

 

Textes règlementaires

 

 

Les textes réglementaires sont disponibles gratuitement sur le site www.legifrance.gouv.fr.

 

DTU

 

 


Les DTU sont disponibles auprès de l’Afnor (www.boutique.afnor.org) ou du Cstb (www.cstb.fr).

 

Avis techniques

 

 

Les Avis techniques sont disponibles gratuitement sur le site www.cstb.fr.

 

Sites internet

 

 

Source : batirama.com / Maguy Pourrat

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