Des matériaux respectueux pour un intérieur sain

L?avenir est aux matériaux qui contribuent à améliorer la qualité de l?air dans les bâtiments et qui impactent le moins l?environnement. Au présent, quelques-uns se distinguent. ©Tollens

La santé des usagers d’un bâtiment est impactée par la qualité de l’air qu’ils respirent dans les espaces clos ils passent 85% de leur temps (8 000 à 12 000 litres d’air par jour). Améliorer la qualité de l’air intérieur (QAI) passe par un renouvellement suffisant d’air de bonne qualité, mais aussi par le choix de matériaux émettant peu de polluants, voire de produits réduisant ces composés organiques volatils (COV) nocifs.

 

Les produits les plus respectueux de l’environnement sont, eux, obtenus à partir de composants naturels et/ou sont fabriqués selon un procédé qui ­limite leur empreinte écologique. Celle-ci est évaluée par l’Analyse de leur Cycle de Vie, qui quantifie leur impact “du berceau à la ­tombe”. Ces produits de nouvelle génération, cumulant généralement un plus grand respect de l’environnement et de la santé, sont issus de la volonté d’anticiper les modes constructifs et les normes en préparation.

 

Un marché de niche… qui progresse

 

Les fabricants innovent, notamment en proposant des produits issus de la chimie verte pour remplacer les dérivés pétroliers. Cette démarche est née il y a quelques années, encouragée par le Grenelle En­vironnement, mais aussi par l’exemple des autres pays (labels étrangers) et par la sensibilisation des populations aux questions d’environnement et de santé publique.

 

Pour la plupart nouveaux sur le marché, ces produits représentent des volumes de vente encore très faibles. Et certains peinent à se développer. Cependant, ils sont de plus en plus souvent prescrits, en priorité dans le tertiaire, notamment dans le ca­dre de la démarche Haute Qualité Environnementale (HQE), qui porte des exigences tant sur la QAI que sur les impacts environnementaux.

 

La certification HQE exige à la fois la connaissance des impacts et émissions des produits utilisés (à travers les FDES*) et l’évaluation de la performance du bâtiment. Ainsi, utiliser des matériaux étiquetés A+ ne garantit pas une bonne QAI, mais aide les concepteurs à atteindre le résultat visé.

 

La prescription de ces produits est irréversiblement amenée à se développer, pour répondre à la demande croissante des consommateurs de produits conciliant santé, environnement, performance et esthétique. L’augmentation des volumes entraînera une baisse des prix.

 

*De nombreux produits font l’objet de Fiches de déclaration environnementale et sanitaire, consultables sur www.base-inies.fr

 

 

Une attention particulière est prêtée à l’air intérieur

 

 

Depuis 2011, la réglementation impose de surveiller la QAI dans les ERP, en évaluant les systèmes d’aération et en mesurant le formaldéhyde, le benzène et le dioxyde de carbone.

 

Les bâtiments accueillant des enfants et des adolescents sont les premiers à devoir se mettre aux normes. L’étiquetage des produits de construction, en fonction de leurs émissions de polluants volatils, est obligatoire pour tous les produits depuis le 1er septembre 2013 (Arrêté du 19/04/11).

Solution 1 : Des peintures…  respectueuses de la nature et de la santé

 

 

©Guittet

 

Une peinture peut être d’origine naturelle et présenter des émissions de COV non négligeables. Elle peut aussi émettre peu de polluants mais être issue de la pétrochimie. L’idéal étant de cumuler un très faible taux de COV émis et une origine naturelle.

 

Certains fabricants ont devancé la réglementation, notamment avec la marque NF Environnement (1991) et l’Ecolabel européen (1992). Les habitudes des peintres ont été modifiées quand l’obligation d’abaisser le taux de COV dans les peintures intérieures en 2007, puis quand la législation de 2010, ont mené au quasi abandon des peintures intérieures solvantées.

 

Depuis 2012, les peintures sont classées selon le taux d’émission de certains COV, après 28 jours d’application. Se développent, dès lors, des gammes naturelles, biodégradables, beaucoup moins dommageables pour l’environnement que les peintures de synthèse.

 

Elles sont issues en quasi-totalité de composants d’origine végétale (huiles de lin, de soja, de ricin, gomme naturelle, caséine, pigments minéraux, teintures végétales, etc.).
Leur part sur le marché français est probablement inférieure à 0,5% (d’autres, plus nombreuses, affichent une étiquette “verte”).

 

Elles ne sont pas à base de résines naturelles mais ont une action positive sur la santé des occupants, en piégeant les polluants par différents procédés.

 

Intérêt :

adaptées aux personnes allergiques, leurs performances sont semblables et parfois supérieures à celles des produits classiques : tenue dans le temps, pouvoir couvrant, fort pouvoir de pénétration dans le support. Perméables, elles laissent respirer les murs et sont inodores. Pas de mise en œuvre spécifique.

Limite :

attention aux nombreux labels, qui ne portent pas sur les mêmes critères : Pure, Certifié Naturel, NF Environnement, L’Ange bleu, Ecolabel… A comparer ! Prix plus élevés.
 

Solution 2 : Des revêtements de sol souple…
naturels ou produits selon des critères environnementaux stricts

 

©Tarkett

 

Le linoleum est fabriqué à base d’huile de lin, de résine de pin, de farine de bois, de charges minérales, de pigments naturels et de toile de jute. Son mode de production a évolué pour réduire encore son impact environnemental (provenance des matières premières, réduction de la consommation d’énergie et d’eau). Les établissements scolaires, sportifs et de santé représentent une part essentielle du marché, qui poursuit son développement.

 

Intérêt :

il a su se moderniser avec un traitement de surface réalisé en usine, qui augmente sa durée de vie et simplifie sa pose et son entretien. Les gammes sont variées. Il est bactériostatique. Se pose sans colle, en dalles ou en rouleau.

Limite :

la pose des rouleaux demande un vrai savoir-faire. Sensible à l’eau et à certains produits d’entretien.

 

Les revêtements textiles à base de fibres naturelles sont collés ou posés en dalles amovibles. Sisal, fibre de coco et jute sont sensibles aux taches. Le jonc de mer est adapté aux pièces humides.

 

Les dalles de liège, aux multiples atouts, sont “cliquées” ou collées au support avec une colle sans urée formaldéhyde. Leur coût élevé limite leur développement commercial.

 

Dernière tendance du marché, les revêtements intègrent des bio-plastifiants (sans phtalate). Ils contribuent à la QAI sans perdre les qualités techniques et esthétiques des sols vinyles. Baisse des émissions de COV et réduction de leur impact environnemental sont mises en avant par les fabricants. Qu’ils soient “phtalate free” ou non, la plupart émettent moins de 10 à moins de 100 µg/m3 de COV (l’étiquetage A+ exige moins de 1 000 µg/m3). Les produits modulaires, lames ou dalles, sont porteurs.

 

Intérêt :

même durée de vie que les sols PVC classiques et mise en œuvre inchangée. Grand choix, gammes variées. Entretien facile. Résistance.

Limite :

prix un peu supérieur.

Solution 3 : Des cloisons… faiblement émissives ou absorbant les polluants de l’air intérieur

 

 

©Fermacell

 

 

Encore limitées à des usages spécifiques (chambres d’enfants, établissements de santé ou scolaires), les plaques contribuant à l’assainissement de l’air intérieur sont apparues ces dernières années. Un traitement les rend aptes à capter les COV, pour, selon les cas, les transformer en composants sans danger pour la santé, ou les piéger durablement.

 

Intérêt :

tenue et résistance reconnues ; mise en œuvre simple et rapide. Recouvertes d’une finition perméable, les plaques dépolluantes sont efficaces.

Limite :

Prix supérieur.

 

 

Intérêt :

adaptés au bâti ancien ; ils régulent la température et l’humidité (45 à 55%). Ne provoquent pas d'allergie. Pose rapide et simple, cloués, de vissés ou collés avec un mortier d’argile, sans joints entre panneaux.  Protègent des radiations et des champs magnétiques.

Limite :

stockés au sec. Coût.

 

 

Le formaldéhyde

 

 

Plus de 190 000 travailleurs sont exposés au formaldéhyde, dans plus d’une centaine de professions, notamment dans le secteur de la construction. Les effets d’irritation liés au ­formaldéhyde sont très fréquents. Aujourd’hui 65 000 travailleurs dépasseraient la valeur limite d’exposition professionnelle proposée par l’Afsset (0,25 mg/m3 sur 8h).

 



Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson

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