Construction à ossature bois et performance énergétique

Réputée pour ses qualités techniques, thermiques et énergétiques, la construction à ossature bois doit affronter d?autres enjeux.

 

Certes, la maison à ossature bois, dont la part de marché plafonne autour de 10%, souffre, comme tout le secteur de la construction neuve, du net ralentissement entamé. «Elle est impactée par son marché support qui est celui de la maison individuelle. Il ne se porte vraiment pas bien. La construction bois pâtit aussi de la perception qu’en ont les clients qui croient souvent qu’elle est un peu plus chère», constate Dominica Lizarazu, directrice marketing chez Isover France.

 

Néanmoins, la construction bois bénéficie de quelques courants porteurs. «Nous constatons de plus en plus de murs à ossatures bois en façades sur des bâtiments avec plancher béton, par exemple, une solution adaptée en R+3, en préfabriqué ou sur chantier». Une tendance, par exemple, sur des équipements culturels. Un autre segment est porteur : «celui des extensions et des surélévations avec une structure légère à ossature bois, qui représente une partie non négligeable du marché en ce moment», ajoute la responsable.

 

La stabilité des ouvrages en jeu. Reste qu’un autre frein a été identifié «à l’expression de la construction bois. Il n’existe pas de solutions génériques, validées et fiables», soulève Rodolphe Maufront de l’Union des métiers du bois (Ex-FFB CMP). D’où la création du Catalogue Construction Bois avec pour objectif «de créer une technique générique et de la diffuser la plus largement possible». Car pour ce dernier «thermique et étanchéité à l’air ne devraient pas trop poser de problème aux professionnels de la construction bois». En effet, cette technique a été attentive aux évolutions thermiques et précurseur sur le traitement de l’étanchéité à l’air.

 

En revanche, les professionnels vont devoir être particulièrement vigilants sur la solidité des ouvrages, «à la conception, à la fabrication, à la pose, maintenant ces constructions sont de plus en plus complexes». La faute à la Réglementation thermique (RT) 2012 qui demande, entre autres, de grandes baies ­vitrées, «sur lesquelles vont descendre les charges et qu’il faudra pouvoir ­ouvrir quand même». Néanmoins, pour ce professionnel, la RT 2012 avec la construction à ossature bois «est assez intuitive à condition de bien poser l’isolant et l’étanchéité à l’air». Et surtout intéressante, «car nous allons construire des choses de plus en plus nouvelles».

 

 

Mieux intégrer les menuiseries

 

Pour refondre le DTU 31.2, un focus important a été réalisé sur la gestion des interfaces avec les autres corps d’état dont les menuisiers. Une étude fondée sur la réalisation d’essais d’intégration de menuiserie dans les murs ossatures bois, d’essais AEV… va permettre d’élaborer des dispositions fiables et reconnues concernant leur pose. Elle va impacter trois DTU?: le 31.2, le 36.5 “Mise en œuvre des fenêtres et portes extérieures”, et le 41.2 “Revêtements extérieurs en bois”.

Un nouveau DTU 31.2 pour 2015

 

Après une première révision en 2011 pour une harmonisation européenne, le DTU 31.2 Construction à ossature bois subit depuis une révision de fond. Sortie prévue : courant 2015. Parmi les évolutions attendues, la mise en place d’une règle de moyen pour calculer simplement la stabilité des ouvrages.

 

Comme un abaque, elle devrait donner des règles simples pour des petits chantiers ou des extensions, sans dispenser de calculer la tenue mécanique de l’ouvrage. Le nouveau DTU 31.2 va aussi définir de nouvelles frontières.  Il ne vise pas les ossatures dont les entraxes des montants dépassent les 60cm, ou qui ne sont pas contreventées.

 

Dans ce cas, il faut se reporter au DTU 31.1 “Charpente et escalier en bois”. De même, lorsqu’une façade à ossature bois est déjà contreventée par une super structure béton, acier ou bois, elle entrera dans le cadre d’un nouveau DTU en création depuis un an.

 

 

Solution 1 : des isolants performants

 

 

©Knauf Insulation

 

Si la construction bois aime construire tout en bois, à ce jour, le DTU 31.2 ne vise que les isolants en laine minérale qui reste plus performante thermiquement.

 

Pour l’instant et conformément au DTU 31.2, l’isolation des constructions à ossature bois doit être assurée par des laines minérales semi-rigides. Les laines de bois non visées par le DTU de 2011 pourraient emprunter la voie des règles professionnelles. Mais il n’est pas interdit non plus de les poser, à condition de se reporter aux Avis techniques des fabricants.

 

Autre caractéristique de ce marché : ses clients sont en quête de performances thermiques élevées, plus qu’en construction traditionnelle. S’il est désormais possible de poser des solutions plus isolantes à épaisseur égale grâce à une conductivité thermique plus faible exprimée en lambda (λ), ce marché profite de montants en bois passés de 120 mm à 140 mm.

 

Ainsi, il cumule épaisseur et faible lambda pour obtenir de fortes résistances thermiques auxquelles s’ajoute un doublage complémentaire en intérieur. Objectif : avoir recours au chauffage le moins possible.

 

À noter que pour répondre aux désirs du tout bois exprimé par ce marché, le mix fibre de verre/bois est apparu en isolation. Une solution moins poussiéreuse et plus facile à travailler qu’un isolant à base de bois. Mais dont la conductivité thermique est moins bonne que celle affichée par une laine de verre et qui demeure non comprimable.

 

Intérêt :

seules les laines minérales sont visées par le DTU 31.2 ; les isolants en bois appréciés sur ce marché et biosourcés doivent être sous Avis technique.

Limite :

les laines de bois difficiles à comprimer, génèrent de la poussière et restent moins performantes qu’une laine minérale.


Solution 2 : assurer l’étanchéité à l’air

 

 

©

Isover

 

Précurseur,  la construction à ossature bois a imposé l’étanchéité à l’air des parois en toiture, murs et sols.

 

Imposée par la RT 2012, l’étanchéité à l’air est un corollaire indispensable de la construction bois. Elle se réalise avec un pare-vapeur ou une membrane d’étanchéité à poser du côté intérieur du local chauffé en­tre l’isolation et le revêtement intérieur de finition. Les membranes d’étanchéité à l’air hygrorégulantes ou perspirantes ont été développées pour la construction à ossature bois.

 

Pare-vapeur en hiver, elles laissent passer la vapeur d’eau en été, pour un bois séché et un ouvrage plus tolérant. Le pare-vapeur doit afficher une valeur de résistance diffusion Sd constante et ≥ 18 m. Mais ces règles pourraient évoluer avec le nouveau DTU 31.2. Cette valeur restera la même si la façade est ventilée ou s’il y a un voile de contreventement vers l’extérieur.

 

Avec un enduit sur isolant, par exemple, ou si le mur n’est pas ventilé, cette valeur Sd devra être ≥ à 90 m. En outre, avec l’apparition des parois perspirantes, ces valeurs Sd devront afficher un facteur 5 entre le complexe de parement intérieur et le complexe de parement extérieur : tous les produits du côté intérieur devront être cinq fois plus perméables à la vapeur d’eau que ceux extérieurs. Ce qui va nécessiter de connaître la valeur Sd des matériaux.

 

Intérêt :

contribue à l’efficacité thermique et énergétique de la construction ; performance thermique par suppression d’éventuels ponts thermiques ; évite les dégâts structurels.

Limite :

s’assurer de la continuité de l’isolation et de l’étanchéité à l’air en toutes circonstances ; réaliser un test d’étanchéité intermédiaire ; valeurs Sd encore aléatoires des panneaux à ossature bois et en cours de fiabilisation pour le futur DTU 31.2. 

Solution 3 : protéger des agressions extérieures

 

 

©

Doerken

 

Afin de lutter contre l’humidification des parois des constructions à ossature bois, le DTU 31.2 impose la mise en œuvre d’un pare-pluie en murs extérieurs.

 

Destinée à différents types de revêtements extérieurs dont les bardages rapportés en lames bois, en panneaux de contreplaqués avec finitions, de bardeaux de bois, de murs de doubles en maçonnerie avec lame d’air, la valeur Sd des pare-pluie doit être inférieure ou égale à 0,18 m.

 

Aujourd’hui, les pare-pluie sont hautement perméables à la vapeur d’eau (HPV) et possèdent une fonction respirante en facilitant le transfert vers l’extérieur de la vapeur d’eau présente dans l’isolant et les bois d’ossature. Ils se posent plaqués contre l’isolant et les montants de l’ossature bois ou contre les panneaux de contreventement horizontalement ou verticalement, et ne nécessitent plus d’être ventilés.

 

Il s’agit de pare-pluie hautement perméables à la vapeur d’eau (HPV), qui possèdent une fonction respirante. Ces pare-pluie apportent  un gain de place ou d’espace pour l’isolant et permettent, par conséquent, d’augmenter son épaisseur. Et de gagner en performance thermique. Le pare-pluie se déroule donc horizontalement ou verticalement.

 

Intérêt :

protège murs et isolants du vent, de la pluie, des poussières, de la neige, etc. ; gain de place pour l’isolant avec solutions HPV.

Limite :

attention à bien recouvrir les lés et à les coller (certains pare-pluies ont des bords auto-collants) pour une enveloppe étanche

 

 

Source : batirama.com / Luce Aromans

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