L’OPPBTP lance une campagne nationale pour mobiliser et sensibiliser les entreprises du BTP au risque de heurt engin-piéton autour d’un objectif commun : réduire durablement les accidents graves et mortels.
L’OPPBTP lance une nouvelle campagne nationale de prévention consacrée au risque de heurt entre engins et piétons sur les chantiers, qui s’organise avec le soutien des Organisations professionnelles et des Services de prévention et de santé au travail (SPST). Déployée du 15 janvier au 14 mars 2026, cette campagne vise à renforcer la prise de conscience de ce risque majeur et à mobiliser l’ensemble des acteurs du chantier (employeurs, encadrants, compagnons et maîtres d’ouvrage) autour d’un objectif commun : réduire durablement les accidents graves et mortels.
"Le risque de heurt engin-piéton reste l’un des risques prioritaires sur nos chantiers. Il est parfois perçu comme familier, alors qu’il nécessite une vigilance de chaque instant. Avec cette campagne, nous voulons renforcer la prise de conscience et rappeler que l’organisation du chantier, la coordination des flux et la capacité à anticiper sont des leviers essentiels." explique Paul Duphil, le secrétaire général de l’OPPBTP.
L’affiche de la nouvelle campagne nationale de prévention consacrée au risque de heurt entre engins et piétons sur les chantiers. © OPPBTP
Le BTP, un secteur particulièrement exposé
La mécanisation permet aux chantiers de gagner en performance comme de faciliter le travail des compagnons du BTP sur les chantiers. Cependant, les engins de chantier représentent également une source conséquente de risques lorsque des piétons évoluent à proximité. En effet, organisation des flux insuffisante, angles morts ou perte de vigilance des conducteurs ou des piétons peuvent entraîner des conséquences dramatiques sur les chantiers. De fait, chaque année, entre 10 et 20 accidents graves ou mortels sont enregistrés dans le secteur du BTP en France.
Les Travaux Publics concentrent environ 70 % de ces accidents, contre 30 % pour le Bâtiment.
Toutes les tailles d’entreprises sont concernées : 40 % des accidents surviennent dans des entreprises de plus de 500 salariés ; 35 % dans des structures de 20 à 499 salariés et 25 % dans des structures de moins de 20 salariés. © Freepik
Une enquête de perception pour mieux comprendre les comportements
Afin de mieux cerner la manière dont les professionnels appréhendent le risque de heurt engin-piéton, l’OPPBTP a mené une enquête de perception d’envergure nationale (3 661 réponses, sur l’ensemble de l'hexagone, représentant une large diversité de fonctions et d’entreprises du BTP).
Les répondants témoignent d’une forte exposition au risque : 47 % déclarent travailler tous les jours à proximité d’un engin et 21 % plusieurs fois par semaine.
Les professionnels interrogés travaillent le plus souvent avec des véhicules légers (69 % des répondants), mais également avec des poids lourds (42 %), des mini-pelles de 6T ou moins (34 %), des pelles de plus de 6T (32 %) et des chariots élévateurs de chantier (30 %). © Freepik
14 % des professionnels interrogés déclarent avoir déjà vécu un heurt, directement ou indirectement, confirmant la présence du risque sur les chantiers. Parmi eux, 65 % déclarent qu’un collègue a déjà été victime et 29 % qu'ils ont été témoin. © Freepik
Interrogés sur les causes perçues, les répondants identifient majoritairement :
– l’inattention du conducteur (69 %) ;
– L’inattention du compagnon au sol (59 %) ;
– Et l’organisation du chantier (46 %).
Enfin, si 85 % des répondants se déclarent "plutôt bien" ou "très bien" informés sur le risque de heurt, l’enquête révèle un écart notable entre cette perception et la réalité des pratiques car parmi les 57 % de répondants qui dispensent formation et sensibilisation :
– 40 % n’ont pas d’échanges sur le sujet ;
– 28 % mentionnent le CACES ;
– 17 % évoquent des réunions courtes et régulières ;
– 8 % organisent des ateliers pratiques avec mise en situation autour de l’engin.
Ces résultats traduisent un phénomène clair : le risque est connu, mais insuffisamment pris en compte dans les pratiques quotidiennes. D'où l'intérêt majeur de la mise en place de cette campagne nationale, dont l’objectif est précisément d’ancrer durablement la prise de conscience par le biais d'actions concrètes, visibles et partagées sur l’ensemble des chantiers.
Une campagne nationale inédite et impactante
C'est la première fois que l’OPPBTP déploie une campagne nationale spécifiquement dédiée à ce risque. De fait, elle est soutenue par les organisations professionnelles et syndicales des branches du bâtiment et des travaux publics (FNTP, FFB, CAPEB, CNATP, FN SCOP BTP, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CGT-FO), la Direction Générale du Travail, l’Assurance Maladie et les SPST. Complémentaire aux travaux autour des solutions techniques, elle met particulièrement l’accent sur le facteur humain. Elle vise trois objectifs primordiaux : faire prendre conscience du risque de heurt engin-piéton, sensibiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne, du compagnon au maître d’ouvrage et promouvoir les bonnes pratiques organisationnelles, techniques et humaines.
Le concept créatif de la campagne de communication est né d’un travail collectif associant collaborateurs de l’OPPBTP, entreprises, organisations professionnelles et acteurs de la maîtrise d’ouvrage. Il s’inspire de l’univers du crash test, pour sa capacité à interpeller les professionnels afin de susciter une prise de conscience, sans choquer. En mettant en scène les mannequins utilisés pour les tests automobiles, il illustre les conséquences graves que peuvent avoir un instant d’inattention ou une mauvaise organisation.
Plébiscitée par les professionnels interrogés, la phrase "Le chantier, c’est pas un crash test" concentre tout l’enjeu de la prévention : rappeler que la sécurité ne doit jamais être mise à l’épreuve car le chantier n’est pas un lieu d’expérimentation, mais un espace où chaque geste compte.
La campagne est déclinée sur de nombreux supports : affiches, vidéos, supports digitaux et kits de promotion pour les partenaires. Et en parallèle, l’OPPBTP met à disposition des entreprises de nouveaux outils pratiques afin d’enrichir l’offre de contenus déjà disponible sur preventionbtp.fr (contenant solutions chantiers, cas pratiques Prévention & Performance, vidéos, mémos, affiches ou encore modules de formation D-Clic) : module e-learning quart d’heure sécurité, guide des meilleures pratiques élaboré avec des entreprises du secteur, webinaires et formation consacrée au risque de heurt engin-piéton. © OPPBTP
Sur le terrain
Du 15 janvier au 14 mars 2025, l’OPPBTP invite l’ensemble des entreprises du secteur à animer en autonomie un ¼ d’heure sécurité. Pour participer à ce challenge, il suffit de se rendre sur www.heurtenginpieton.fr et de lancer une vidéo dédiée, permettant de sensibiliser en échangeant avec les équipes du chantier. À l’issue de cette séquence, un formulaire en ligne permet de renseigner le nombre de salariés sensibilisés et de télécharger une attestation officielle de participation. Un compteur national, disponible sur le site, permettra de suivre en temps réel la mobilisation des entreprises.
Les entreprises pourront ensuite partager une photo de leur action ¼ d’heure sécurité sur LinkedIn, Facebook et TikTok avec le hashtag #HEP2026.
En parallèle de ce challenge, des événements de sensibilisation régionaux seront organisés durant toute la campagne. Le format pourra varier selon les régions, en gardant toujours un même objectif : rassembler chefs d’entreprise, encadrants et compagnons autour du sujet de la prévention du risque de heurt engin-piéton et valoriser les meilleures pratiques identifiées sur le terrain. Pour cela, l’OPPBTP mettra à disposition un large choix de supports d’animation et pourra animer des ateliers aux côtés des SPST, également fortement mobilisés durant cette campagne.
Source : batirama.com / Laure Pophillat / © OPPBTP