Au croisement des disciplines, des générations et des métiers, un "pont de talents", inspiré des croquis de Léonard de Vinci, était proposée à la découverte au cœur du salon Artibat 2025.
Au croisement des disciplines, des générations et des métiers, un "pont de talents", inspiré des croquis de Léonard de Vinci, était proposée à la découverte au cœur du salon Artibat 2025. Ce pont se veut un croisement entre l’inventivité technique, la puissance du collectif et l’engagement écologique d’une nouvelle génération d’acteurs du bâtiment.
Cette prouesse architecturale est le fruit d’une collaboration internationale démonstratrice de l’interdisciplinarité opérationnelle, avec Nantes Université comme tête dirigeante. Cette dernière a également embarqué dans cette aventure des Compagnons du Devoir, ainsi que des étudiants issus de divers horizons : IUT de Saint-Nazaire et de Nantes, Polytech Nantes, Faculté des Sciences et Techniques, Lycée Livet de Nantes et ASO Architecture & Design College (Fukuoka, Japon).
Léonard de Vinci conçut ce pont afin d'aider les soldats à franchir les rivières. Ainsi, ils pouvaient surprendre leurs ennemis ou leur échapper rapidement. La structure repose uniquement sur un assemblage autobloquant assurant l'équilibre des pièces entre elles : pas besoin de clou, ni de vis. © Laure Pophillat
Un pont démontable et transportable
Le projet du pont autoportant de Leonard de Vinci constitue vise à concevoir, fabriquer et assembler un pont autant démontable que transportable. De 6 mètres de long sur 2 mètres de large pour 1 mètre d’élévation, ce pont met en avant divers matériaux et technologies de fabrication, tout en intégrant des approches de développement durable. En effet, ce projet collaboratif de pont expérimental mobilise des matériaux de réemploi et s’inscrit dans une démarche associant design, modélisation numérique, ingénierie structurelle, résistance des matériaux, artisanat d’excellence et esthétique durable.
Constitué de travées imprimées en 3D, l’ouvrage matérialise l’utilisation de procédés de prototypage avancé, de robotique de fabrication, de conception assistée par ordinateur (CAO) comme de fabrication numérique, positionnant l’objet à la croisée de l’expérimentation et de la recherche appliquée. Nantes Université a déjà annoncé que l’ensemble des fichiers 3D sera mis en accès libre.
Le pont fait partie de la famille des ouvrages d'art : les connaissances liées à l'expérience sont aussi importantes que celles liées à la théorie. Ce type de projet mobilise des connaissances et des outils numériques, des logiciels de conception jusqu'aux machines utilisées pour la fabrication. © Laure Pophillat
Un projet mené sous la direction scientifique de Pascal Casari et Sébastien Le Loch
Pascal Casari est professeur des universités à Nantes Université au département Mesures Physiques de l’IUT de Saint-Nazaire. Son domaine de recherche porte sur la "durabilité des matériaux et structures composites". Quant à Sébastien Le Loch, il est maître de conférences au département Génie Mécanique et Productique (GMP) : conception, dimensionnement, CAO, choix de matériaux sont les quatre pierres angulaires de son domaine de recherche.
Pour Valérie Sfartz, la directrice du Salon, "ce pont illustre concrètement l’esprit du salon : créer des passerelles entre la recherche, la formation et les professionnels du secteur. Il démontre que les défis du bâtiment de demain se relèvent ensemble, en croisant les compétences, en valorisant le réemploi, en expérimentant et en s’inspirant d’un humaniste de génie : Léonard de Vinci. Le partenariat avec Nantes Université, engagée sur les questions de transition et d’innovation, donne tout son sens à cette démarche collective". © Laure Pophillat
Une pluralité de matériaux et technologies
Le pont intègre différents matériaux et technologies de fabrication, tels que le béton bas carbone, le thermoplastique, le bois ainsi que des matériaux de type mousse et de terre crue qui permettent d’optimiser le moulage des pièces en béton. Ces dernières seront réalisées à l’aide de moyens de fabrication numériques, comme :
- la tête à pellets robotisée de dépose FDM ;
- La tête robotisée de dépose de béton ;
- Et la découpe numérique de bois.
Les travées du pont sont emboîtées sur des entretoises fixant la largeur du pont. Pour se faire, un format standard d’emboîtement est défini sur la base de formes cylindriques de diamètre 80 mm. Le pont autoportant de Léonard de Vinci forme une courbe en arc, ce qui permet une répartition des charges vers les appuis. Sa structure repose sur l'emboîtement des éléments qui s'auto-bloquent grâce à leur poids comme à la tension exercée entre eux. © Laure Pophillat
Grâce aux avancées technologiques, la réalisation du pont est plus écoresponsable tant au niveau des matériaux que de la fabrication. Ainsi, on constate moins de perte de matière, les matériaux sont issus du recyclage ou du réemploi et la production a été au maximum pensée de façon locale.
Les travées miniatures et les ergots du tablier ont été réalisés par injection plastique dans des moules conçus par impression 3D résine, permettant ainsi de réduire les coûts du prototypage et/ou la fabrication des pièces en petites séries.
La réalisation des poissons consacre le travail des Compagnons du Devoir. © Laure Pophillat
Source : batirama.com / Laure Pophillat / © Laure Pophillat