À Dijon, l'unique ZAD urbaine de France négocie avec la mairie

Les squatteurs du "Quartier libre des Lentillères", seule ZAD urbaine de France, située en plein cœur de Dijon, ont proposé un accord à la mairie, qui les avait menacés d'expulsion.

Les squatteurs du "Quartier libre des Lentillères", seule ZAD (Zone à défendre) urbaine de France, située depuis 2010 en plein cœur de Dijon, ont proposé un accord à la mairie, qui les avait menacés d'expulsion, ainsi que l'ont indiqué les deux parties.

La centaine de squatteurs, qui occupent depuis plus de quinze ans plus de huit hectares d'anciennes terres maraîchères, ont accepté de fonder "une association qui signerait un contrat avec la mairie", a indiqué un de leurs porte-parole. Leur lieu, ainsi que l'indique leur site internet, est en "résistance à l'urbanisation, occupation autogérée, lieu de cultures et de solidarités, réserve de biodiversité…".

 

 

 

Un bras de fer qui s'éternise

Depuis quinze ans, cette ZAD urbaine fait l’objet d’un bras de fer entre la ville de Dijon, propriétaire des terres, et un collectif de jardiniers-squatteurs qui y ont développé notamment des activités culturelles comme de maraîchage.

Le " a été créé en mars 2010 sur des anciennes terres maraîchères, où des riverains cultivent encore de petits lopins, pour empêcher un projet immobilier de 1 400 logements, depuis abandonné. Les squatteurs assurent défendre sur le site une sorte d'altermonde, solidaire et affranchi des logiques marchandes. En 2023, l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait, lui, qualifié le squat de ", la classant parmi 42 sites susceptibles de "faire naître des contestations extrêmement violentes".

Fin 2019, la précédente municipalité djonnaise avait proposé, à la place des logements, la création d’un parc agriculturel avec des parcelles cédées à bail, à l’euro symbolique. La proposition avait été refusée par les jardiniers-squatteurs, car 1,14 hectare demeurait un point de désaccord entre la Ville et les occupants illégaux. François Rebsamen, l’ancien maire de Dijon, avait alors émis l'idée, en 2024, d'un référendum ; idée inutile pour sa successeure, la maire socialiste Nathalie Koenders, qui affirmait la nécessité d’urbaniser la parcelle (le quartier étant toujours classé comme zone à urbaniser dans le dernier plan local d’urbanisme, voté en décembre 2019). Et ce d'autant plus que la ville de Dijon exigeait depuis de nombreuses années que les occupants "régularisent" leur situation. La mairie avait donc menacé de lancer une procédure d'expulsion en octobre.

 

Sur la ZAD, la vie s'est organisée, avec ici des toilettes sèches. © Arnaud Finistre / AFP

 

 

Une cabane construite dans le prolongement d'un camion sur la ZAD. © Arnaud Finistre / AFP

 

 

Un compromis enfin trouvé ?

Les squatteurs ont indiqué renoncer de plus à 1,14 hectare de terrain où la Ville entend construire 60 logements sociaux. La mairie a promis de ne pas bâtir sur le restant du site. "On se réjouit de leur proposition d'accord", a réagi auprès de l'AFP Philippe Lémenceau, vice-président de Dijon Métropole, qui mène les négociations. "Il est essentiel pour sortir la tête haute et de façon apaisée. Il y a tellement d'exemples de ZAD qui ont mal fini", a-t-il ajouté.

La mairie propose depuis longtemps aux squatteurs de former une entité juridique, comme une association, afin de signer une "convention de mise à disposition" des terrains. Cette dernière n'est pas un bail mais un contrat d'occupation qui permettrait aux zadistes de continuer à vivre selon leur "philosophie alternative". "L'enjeu est de respecter mutuellement leurs aspirations et leurs attentes", a ajouté Philippe Lémenceau, précisant que le paiement d'un éventuel loyer, de l'eau et de l'électricité, qu'actuellement les squatteurs ne paient pas, reste à négocier.

Le négociateur a dit souhaiter obtenir un accord formel "le plus rapidement possible", rappelant l'approche des élections municipales de mars 2026..



Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat / © Alexandre Lepère / Radio France

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