En construction neuve, comme en rénovation, la FFB est très pessimiste pour 2024 et 2025

Le logement neuf s'effondre, la rénovation aussi, notamment la rénovation d’ampleur, le tertiaire neuf est sévèrement touché, … la FFB est pessimiste et déplore l’absence d’une politique à 5 ans, concertée et réfléchie.

La mine était sévère, le propos dramatique, mais presque fataliste. Olivier Salleron, le président de la FFB, n’a pas mâché ses mots lors de la conférence de presse du 12 mars 2024, au cours de laquelle il présentait l’analyse de la FFB sur la conjoncture et les perspectives du bâtiment pour 2024 et 2025.

 

 

Le logement neuf continue de s’effondrer

Côté diagnostique, Olivier Salleron a souligné que la chute du logement neuf n’est pas du tout enrayée. Pour les trois derniers mois (novembre et décembre 2023, ainsi que janvier 2024) comparés à la même période il y a un an, les mises en chantier on baissé de 28,5 % pour la maison individuelle et de 20,4 % pour le logement collectif. Sur 12 mois, la baisse des mises en chantiers atteint 28,6 % en maison individuelle et 21,3 % en logement collectif. L’avenir est mal parti, puisque les autorisations de travaux ont diminué de 15,8 % en maison individuelle au cours des trois derniers mois (par rapport à la même période un an auparavant) et de 27,8 % sur les 12 derniers mois. En collectif, la situation est plus contrastée : la petite hausse des autorisations de travaux de 8,6 % sur les trois derniers mois ne compense pas la baisse de 20,5 % enregistrée sur les 12 derniers mois.

 

Bref le logement neuf va très mal, pour toutes sortes de raisons, dont un moindre accès au crédit pour les ménages, une augmentation des coûts de production due à la fois à l’inflation du coût des matériaux et à 7 à 8% de surcoût attribués par la FFB à l’application de la RE202. La Fédération en profite d’ailleurs pour demander le report du seuil 2025 de la RE2020 à 2028. La RE2020, rappelons-le, prévoit en effet un calendrier de sévérisation à la fois de la consommation d’énergie et de l’empreinte carbone des bâtiments. Les étapes prévues sont 2025, 2028 et 2031. ©PP

 

 

Au cours des 12 derniers mois, de novembre 2023 à janvier 2024, les ventes de logements neufs aux particuliers atteignent à peine 125 000 logements, soit une chute de 44,1 % dans l’individuel diffus et de 23,5 % dans la promotion immobilière en 2023. © PP

 

 

Le non-résidentiel neuf est touché à son tour

Cette crise de la construction neuve, constate Olivier Salleron, s’étend au non-résidentiel. Les surfaces commencées baissent sur les 12 derniers mois pour tous les segments du tertiaire suivis par la FFB : l’hôtellerie (- 23,2 % sur 12 mois), les bâtiments agricoles (- 16,3 %), les bâtiments industriels et assimilés (- 16,5 %, ce qui signifie que le boom des bâtiments logistiques est derrière nous), les bureaux (- 11,3 %), les commerces (- 23,6 %) et les bâtiments administratifs (- 2 %). Les surfaces autorisées sur 12 mois baissent également dans toutes ces catégories, mais baissent plus encore au cours des trois derniers mois.

 

Seule l’activité en amélioration-entretien progresse de 2,3 % à prix constants en 2023, avec un score similaire pour la rénovation énergétique (+ 2,2 %). Toutefois, on relève un tassement récent, avec + 2,6 % sur un an au quatrième trimestre 2023, après + 3,0 % au troisième trimestre, du fait d’un net ralentissement à + 2,2 % de la rénovation énergétique. © PP

 

 

Déjà des licenciements

Comme l’indique Olivier Salleron, les défaillances d’entreprises ont progressé de 40 % au cours des trois derniers mois, par rapport à la même période un an auparavant. Toutes les entreprises sont concernées : TPE, PME, grandes entreprises, entreprises de gros-œuvre, mais aussi les entreprises de corps d’État du second-œuvre. Les licenciements et les destructions d’emplois apparaissent dès à présent. Le monde de la construction a perdu 3 300 postes en 2023, et le mouvement s’accélère : 13 300 postes perdus entre le quatrième trimestre 2022 et le quatrième trimestre 2023. Pour l’année 2024, la FFB s’attend à la suppression de 90 000 postes, puis de 150 000 autres en 2025.

 

 

Que faire ?

En ce qui concerne la rénovation, la FFB demande à ce que les règles qui gouvernent Ma Prime Rénov soient changées tout de suite. Les ministres Béchu et Kasbarian ont promis deux décrets rapidement. Olivier Salleron estime que Christian Béchu et Guillaume Kasbarian ont compris qu’il n’y avait pas de temps à perdre.

 

Pour la construction neuve, il n’y aura pas de remède rapide. La FFB souhaite d’abord un retour au PTZ d’antan, au moins à son champ de 2023 ; deuxièmement. Elle veut ensuite un assouplissement des règles fondamentales du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière). Cet organisme, dont le rapport d’activité 2023 se trouve ici, fixe en effet le taux d’endettement maximal des ménages dans le cas d’un investissement immobilier. © PP

 

 

Surtout, Olivier Salleron demande une planification à cinq ans de la politique du logement, concertée et réfléchie. De manière à ce que les règles ne changent pas tous les ans en fonction des impératifs budgétaires fixé par Bercy que, clairement, la FFB ne porte pas dans son cœur. La FFB souligne d’ailleurs que le monde du bâtiment rapporte tellement à l’État qu’une politique habile, loin de coûter aux finances publiques, serait un moyen de contribuer à leur rétablissement. Surtout, Olivier Salleron et la FFB veulent être entendus, notamment par Bercy et par l'Élysée, qui ne semblent pas avoir conscience du poids du bâtiment dans l'activité économique française.

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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