Tour Perret (Grenoble) : un relooking en bonne voie

La "tour pour regarder les montagnes" d'Auguste Perret, "œuvre hors du commun" et atemporelle située à Grenoble, fait une cure de jouvence, avec à terme l'ambition d'une réouverture au public.

La tour Perret, le chef-d'œuvre en béton armé d'Auguste Perret, devrait réouvrir à la fin de l'année 2025, après de considérables travaux de rénovation, et "rendue aux Grenoblois", comme l'a annoncé la municipalité de la ville ce jeudi 15 février.

 

 

L'une des plus grandes figures de l’architecture française

 

La reconstruction du centre-ville du Havre

Né en Belgique le 12 février 1874, Auguste Perret fait du béton armé son fer de lance et matériau de prédilection tout au long de sa carrière, et ce jusqu'à son ultime grand chantier, celui de la reconstruction du Havre, ville considérablement détruite durant les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Pari réussi, puisqu'en 2005, le centre-ville du Havre est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Le Havre Seine Métropole s'apprête d'ailleurs à célébrer le 150e anniversaire de la naissance du maître en grande pompe.

 

Le précurseur du béton armé

Mais avant de s'attaquer à son dernier chantier, à 71 ans, Auguste Perret est déjà une célébrité dans le monde de l'architecture. En effet, on lui doit l'édification du premier immeuble en béton de Paris, mais aussi le théâtre des Champs-Élysées, ou encore l'église du Raincy, la bien-nommée "Sainte Chapelle du béton armé". Bien que de culture classique, il fait figure de précurseur pour s'être le premier intéressé à un matériau éminemment moderne, le béton, qu’il considère comme de la pierre artificielle. "C’est le système de la poutre posée sur deux appuis qui a donné naissance à toute l’architecture antique et puis il y a le système de la voûte qui a donné naissance à toutes nos cathédrales", affirmait Auguste Perret. Ce denier s'attachait à travailler tout autant l'esthétique de ses réalisations que leur confort.

 

 

 

La tour Perret

 

La fameuse tour de béton armé grenobloise est interdite au public depuis 1960, bien que classée monument historique en 1998. Vestige de l'exposition internationale de la Houille Blanche et du Tourisme tenue en 1925 à Grenoble et haute de 95 mètres, elle contemple la ville de Grenoble, ainsi que les paisibles et plaisantes montagnes environnantes, offrant un panorama époustouflant. Le faramineux chantier, débuté à l'automne 2023, est estimé à 15,5 millions d'euros, avec une partie dévolue à l'État (pour 5 millions) et une autre au département de l'Isère (3 millions). Il réunit scientifiques et entreprises spécialisées. Valérie Vacchiani, directrice de projet pour la Ville de Grenoble, annonce la couleur : "L'objectif, c'est la fin de la restauration fin octobre 2025, et ensuite il y a tout le travail scénographique et l'aménagement interne de la tour à réaliser pour pouvoir accueillir le public". Raison pour laquelle, sans doute, aucune date d'ouverture prévisionnelle n'a été actée à ce jour, bien que l'objectif de cette "restauration est bien évidemment de redonner la tour aux Grenoblois". Néanmoins, l'estimation du nombre de visiteurs annuels par an pour la tour jouxtant le parc Paul Mistral a été portée à un chiffre entre 40 000 et 50 000, avec l'impossibilité de dépasser plus de 49 personnes en simultané.

 

Les travaux entrepris

 

Au préalable, les entreprises travaillant sur le projet se sont attaquées au démantelement des cabines d'ascenseurs afin de les restaurer. Ensuite, elles ont démoli la "casquette", autrement dit ce qui ressemble à un auvent circulaire et se trouve au pied du monument. Enfin, elles ont foré le sol pour renforcer les fondations de la tour, ces dernières accusant un "basculement d'environ 40 cm" à son sommet, selon les propos tenus par les responsables.

 

 

Avec sa "tour pour regarder les montagnes", selon ses propres termes, Auguste Perret avait l'ambition de "démontrer les capacités plastiques et structurelles de ce nouveau matériau", le béton donc, comme notifié sur le site de la Fondation du Patrimoine, ledit site ayant invité le public à collaborer au projet par le biais d'une collecte (82 000 euros à ce jour !). Comme le précise la Fondation du patrimoine, Auguste Perret a réalisé avec la tour Perret une "œuvre hors du commun" et atemporelle.


Source : batirama.com / Laure Pophillat

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