La construction métallique : un secteur dynamique et combatif

En ce début d’année, le Syndicat de la Construction Métallique de France (SCMF) fait le point sur la situation des entreprises du secteur et se positionne vis-à-vis des projets des Pouvoirs publics sur la REP PCMB.

2023 ? Mieux que 2022, avec une croissance attendue de + 3,5 % au regard des derniers chiffres disponibles. Cette croissance est relativisée par le fait que les prix des matériaux ont baissé ; le SCMF table plutôt sur une stabilité du marché, qui a permis aux constructeurs métalliques de poursuivre la modernisation de leur outil industriel, de recruter et de former leur personnel. Un investissement qui représente 10 % du chiffre d’affaires (les 800 entreprises du secteur totalisent 4,3 milliards d’euros d’activité en 2023, soit environ 785.000 tonnes d’acier produites). Le recrutement reste très tendu avec plus de 20.000 emplois à pourvoir dans les 4 ans à venir.

 

Le dernier trimestre, en particulier, a montré une augmentation des commandes, avec des volumes d’affaires programmés sur 6 à 12 mois pour la plupart des entreprises.

 

Les secteurs en développement : la construction d’ouvrages d’art (viaducs, ponts, passerelles, gares), mais aussi les bâtiments industriels et commerciaux et la construction très dynamique d’ombrières et de supports de centrales photovoltaïques.

 

La réhabilitation d’ouvrages métalliques existants se développe également (la construction métallique est bien adaptée aux travaux de rénovation).

 

 

Le point sur les grands enjeux

 

Les pratiques s’orientent vers le réemploi des aciers, qui est la meilleure façon de décarboner l’activité, avec un bilan zéro carbone et d’économiser les ressources : les constructions sont facilement démontables et remontables et 97 % des aciers longs sont recyclés et recyclables. "Nous bénéficions d’un matériau exceptionnel qui est recyclable à l’infini tout en conservant ses caractéristiques mécaniques, sans aucune altération dans le temps", rappelle Roger Briand, le président du SCMF, qui annonce : "nous venons de déposer la première recommandation professionnelle concernant le réemploi de matériaux structurels en acier, rédigée par le Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM), qui est le bureau de recherche de la profession." En cours de finalisation, ce guide professionnel rendra automatique l’obtention de la garantie décennale.

 

Si l’on ajoute au réemploi le développement des aciers bas carbone, et bientôt celui des aciers à zéro émission de CO grâce au recours à des fours électriques alimentés par de l’énergie renouvelable pour leur production, le matériau offre un avantage certain au bilan carbone des constructions métalliques, pour répondre aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain.

 

Roger Briand, président du SCMF, entouré de Christine Le Nouy, secrétaire générale du syndicat et d’Emmanuel De Laage, vice-pdt de Fayat Métal et du SCMF. Derrière, de g. à dr. : Rémy Guillemette (Vilquin), Cédric Blondelon (SMB) et Dominique Lampson  (Berthold), venus présenter des réalisations métalliques de leurs entreprises respectives.

 

Le SCMF refuse de financer le recyclage des bois de construction

 

Le cheval de bataille du moment concerne le projet de révision des modalités de financement de la REP PMCB pour la filière bois, par une modification du cahier des charges des éco-organismes.

 

Le SCMF, par la voix de Roger Briand, déplore que les Pouvoirs publics souhaitent faire porter à l’ensemble des acteurs des autres produits et matériaux de construction (hormis le béton, qui est hors catégorie), une partie des coûts correspondants aux traitements des bois en fin de vie : "Les acteurs de la filière métallique refusent cette option de 'solidarité' entre les matériaux. Nous recyclons nos produits et matériaux depuis plus d’un siècle et atteignons aujourd’hui plus de 90 % de recyclage. Au regard de l’investissement accompli par notre filière, nous considérons comme une double peine de devoir financer le verdissement d’activités d’autres secteurs, alors que le métal est déjà 100 % circulaire." Selon le syndicat, une telle mesure engendrerait une distorsion de concurrence et mettrait en péril les investissements en cours et la filière elle-même. "A chaque matériau ses atouts et ses handicaps, il revient à chacun de les gérer", résume Emmanuel De Laage, "nous ne demanderons pas à la filière bois de participer quand les prix de l’acier augmenteront, une fois le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières appliqué (future taxe carbone qui concernera les aciers non européens importés)."

 

Une réhabilitation béton-acier : l’immeuble de bureaux Bel’Air à Nanterre (Hauts-de-Seine) par Vilquin (Fayat Group)

 

Situé en cœur de ville, cet immeuble vacant depuis 2016 a été intégralement dépollué et désamianté avant d’être recyclé. Les nouveaux bureaux s’étendent sur plus de 5.400 m² répartis sur 7 étages (cafétéria au rez-de-chaussée, espace collaboratif, local vélos, toit-terrasse et terrasse végétalisée de 500 m²).

 

La structure en béton, en majorité conservée, a permis de réduire les émissions de CO (125 tonnes d’acier utilisées vs. 370 tonnes pour du neuf). Vilquin a renforcé les planchers béton, créé quelques planchers métalliques. Les façades ont été conservées, en ajoutant des profilés métalliques à certains endroits, pour le maintien de planchers en portes à faux. Le bâtiment a aussi été surélevé de deux étages. Plus léger que le béton, l’acier présente aussi l’avantage d’un approvisionnement facilité par des poutres hissées puis assemblées sur site.

 

L’immeuble Bel’Air vise l’obtention des certifications et labels BBC Effinergie Rénovation, HQE Rénovation Excellent, BREEAM Very Good et WiredScore Gold. Son coût est de 14,3 millions d’euros. Maître d’ouvrage : NOVAXIA - AMO Environnement - IDEAM/ELAN - CALQ Architectes.


Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson

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