L’Europe biosourcée cherche ses marques, au Forum Bois Construction

On construit de plus en plus en bois, en paille en chanvre et même en herbe, mais cette alternative émergente à encore du mal à se faire entendre en Europe, et pas seulement en France.

Thème de la 12e édition du Forum Bois Construction 2023 en avril à Lille, l’Europe biosourcée s’imposait à cause de la proximité de la frontière belge et de Bruxelles, après dix années de Forum centrés sur la France. Les organisateurs pensaient que l’Europe biosourcée allait accourir pour donner de la voix à cet événement, tandis que Bruxelles daignerait descendre à Lille en train pour s’instruire.

 

L’Europe complémentaire

 

Ce n’est pas ce qui s’est passé. L’Europe était présente comme toujours par les exposants qui sont souvent les plus fidèles. L’Europe émaillait les ateliers parallèles avec des réalisations exemplaires dans le domaine de l’acoustique, les chapiteaux, la frugalité, les logements sociaux en réhabilitation, l’architecture en bois peu transformé, les passerelles piétonnes et cyclistes, la construction paille, le montage réversible …

 

Steven Ware, Artbuild, l'architecte européen du tertiaire biosourcé.

 

Après l’intervention de la patronne de l’industrie suédoise du bois en plénière d’ouverture le jeudi 13 avril, un atelier parallèle sur l’Europe biosourcé était programmé à 14 heures. Viveka Bekeman y assistait, après avoir souligné la nécessité de développer le travail de la filière à l’échelle de l’Europe, où la Suède est désormais particulièrement présente.

 

Comment capter les aides européennes ?

 

L’animateur de l’atelier européen était une fois de plus Andreas Kleinschmit, le spécialiste français du bois au niveau des instances européennes qu’il connaît et pratique. Un Europhile germano-finlandais établi en France, l’un des rares à comprendre ce qui se trame à Bruxelles en matière de bois. Et par-dessus tout, un Europhile qui incite la filière française à mieux faire usage des aides proposées par l’Union.

 

Le cœur de l’Europe encore frileux

 

La première partie de l’atelier était dédiée aux chiffres du marché. Manque de chance, on attend encore les chiffres français de 2022. Quant aux autres pays, les enquêtes sont loin d’avoir la précision de celles menées depuis 2011 par la cellule économique de Bretagne. En général, la donnée de référence est la part de marché du bois en maison individuelle. Elle dépasse les 20% en Allemagne, mais pas 10% dans la région la plus peuplée, la Rhénanie du Nord Westphalie, pourtant une grande région de la transformation du bois.

 

Andreas Kleinschmit, le modérateur de l'Atelier et spécialiste du bois à l'échelle européenne.

 

Les parts en logements collectifs sont dérisoires partout sauf peut-être en Suède et en Finlande. Le Bénélux ne fait pas exception et selon le Flamand Philip Jaeger, la construction bois aurait même légèrement régressé en Belgique ces derniers temps. Ce qui a contribué à rapprocher les associations de promotion de Wallonie et de Flandre.

 

Une coopération est en cours entre la région Grand Est, le Luxembourg, la Belgique, la région Rhénanie du Nord Westphalie et la région Rhénanie-Palatinat pour peser face aux clusters alpins et périalpins qui donnent le ton en Europe et savant profiter des aides européennes. C’est une coopération institutionnelle dans le cadre de la Grande Région, mais qui tente de passer à une vitesse supérieure.

 

Les avancées du bas carbone

 

L’atelier parallèle a laissé de côté la politique bruxelloise, le haro sur le bois énergie, la question de la prise en compte du carbone dans les décisions sur la construction neuve à l’horizon de 2030. Simplement, Hélène Génin est intervenue en fin d’atelier pour évoquer la nouvelle initiative européenne lancée par BBCA afin d’étendre son approche bas carbone.

 

Malgré l'intérêt des congressistes pour l'Atelier parallèle C2 sur l'incendie, l'Atelier sur l'Europe biosourcée était bien suivi.

 

Trois réalisations ont souligné une forme d’européanisation du marché de la construction bois. L’agence Berlinoise mais de vocation européenne, Sauerbruch Hutton, a montré comment il est possible, en s’appuyant sur le savoir-faire de l’as autrichien du modulaire Kaufmann, de construire en temps record et pour une durée de 15 ans des bureaux destinés aux parlementaires allemands surnuméraires.

 

Le Bruxellois ArtBuild pousse le hors-site dans une tout autre direction en préfabriquant la trame diagonale des façades porteuses en bois, pour un immeuble de bureaux au Luxembourg. Quant au Français Exploration Architecture, son intervention subtile dans le parc du château de Vanves s’appuie sur le savoir-calculer et le savoir-produire du Franco-Suisse CBS-Lifteam, associé à la filiale munichoise des spécialistes japonais des couvertures en membrane.

 

Un savoir-faire européen hors pair

 

Ces chantiers auraient pu aussi être montrés ailleurs, par exemple dans des ateliers sur les bureaux ou sur les équipements sportifs. Ils n’en représentent pas moins ce que l’Europe de la construction bois sait faire de mieux, en complément de la sélection du Prix International d’Architecture Bois. L’efficacité de Kaufmann, la maîtrise fine du tertiaire en bois par Artbuild et le BET Ney, et une capacité à concevoir des espaces sportifs qui aurait fait la gloire de Solidéo.

 


Source : batirama.com/ Jonas Tophoven © Vincenzo de Cunzo

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