Le béton répond à la RT 2012

Depuis l?engouement du Grenelle de l?Environnement, le béton n?a pas toujours bonne presse? ce qui ne l?empêche pas de séduire toujours autant les professionnels. Et pour cause?

 

Dans une optique BBC, conforme aux exigences de la RT 2012, la qualité de l’enveloppe est primordiale. Il faut notamment prendre en considération l’inertie thermique du matériau de construction c'est-à-dire sa capacité à accumuler puis à restituer un flux thermique, chaud ou froid.

 

Sur ce point, le béton est performant, conférant au bâtiment une forte inertie thermique contrairement aux constructions à faible inertie comme celles, par exemple, en ossature bois. En confort d’été, une inertie thermique importante permet également d’éviter le recours à la climatisation.

 

Sur le plan environnemental, le béton a trop longtemps souffert d’une mauvaise image comme le démontre une étude multimatériaux, Qualité Environnementale du Bâtiment (1),  qui s’est attachée à comparer dans 3 régions de France, 10 impacts environnementaux liés à la construction et à l’occupation d’habitats BBC réalisés selon 6 systèmes constructifs: blocs béton, béton banché, blocs béton cellulaire, briques creuses, monomur en terre cuite, ossature bois.

 

Les résultats sont sans appel: aucun matériau ne peut se prévaloir d’un bilan environnemental global meilleur par rapport aux autres, au sein d’une même zone climatique. Concernant par exemple, l’indi­cateur “Energie primaire totale consommée”, la différence entre les matériaux ne dépasse pas 5%.

 

Sur l’impact “Changement climatique”,  l’écart entre une solution bloc béton / bois est inférieur à 10%.

 

1. L’étude thermique a été réalisée en 2009 par le cabinet Tribu Energie et l’impact environnemental calculé par la société Ecobilan à partir des FDES publiées par toutes les filières.

 

AVIS D'EXPERT

 

Paul Sauvage
Responsable du pôle Diffusion des Connaissances du Cerib, Centre d’étude et de recherche de l’industrie du béton.

 

« Les différentes gammes de produits béton permettent de répondre à la RT 2012 »

 

« Il faut rappeler qu’aucun matériau, aucune technologie, ne s’impose pour répondre aux exigences de la RT 2012. Dans la famille des produits en béton, les différentes gammes permettent potentiellement d’atteindre la résistance thermique réglementaire R globale du mur de 3,5 m2.K/W minimum.

 

Pour ajuster la réponse thermique aux besoins, selon la résistance thermique propre du bloc, une isolation thermique, rapportée ou intégrée au bloc comme avec les blocs béton isolé, de 10 cm en moyenne sera indispensable.

 

Une épaisseur qui pourra être réduite selon la résistance thermique du bloc béton choisi. Les blocs béton de granulat léger ont, par exemple, une résistance thermique de 2 à 10 fois meilleure qu’un bloc de granulats courants soit un R de 0.5 à 2m2K/W (bloc de 20 cm).

 

En termes de marché, les exigences thermiques réglementaires 2012 ont d’ailleurs très clairement changé la donne puisque depuis 2, 3 ans, ces blocs de granulats légers, qui existent pourtant depuis de nombreuses années, réapparaissent d’une manière assez performante.

 

Ils peuvent d’ailleurs faire l’objet d’une certification NF TH, extension de la marque d’application volontaire NF Bloc béton, qui valide leurs propriétés thermiques sur la base des règles ThU. »

 

Solution 1 : Blocs de béton lourds ou légers

 

 

Le bloc béton se décline en une large gamme de produits permettant de répondre à toutes les contraintes techniques et environnementales : blocs de béton lourd et blocs de béton léger à base de béton cellulaire, ardoise expansée ou pierre ponce…

 

Le bloc de béton lourd, de granulats courants, posé à joint épais, associé aux meilleures techniques de rupteurs de ponts thermiques permet d’atteindre sans problème l’objectif de 50 kwh/m2/an conforme aux exigences de la RT2012 en offrant une résistance thermique R de façade comprise entre 3 et 4m2.K/W (avec 10 à 14 cm d’isolant selon les zones géographiques).

 

Il suffit de soigner le traitement de la perméabilité à l’air de l’enveloppe et de créer une coupure au niveau de la dalle de compression. Avantage sur les blocs de béton léger, les blocs de béton lourd offrent une résistance à la compression de 4 MPa (classe B 40) ou plus contre 2 à 3 MPa (classe L 25) pour la plupart des blocs en béton léger (même si certains industriels proposent des blocs classés L 40).

 

Les blocs de béton lourd présentent également une classe de résistance à l’arrachement supérieure : RT3 contre RT1 ou RT2 pour les blocs de béton léger. Dans la famille des blocs de béton léger, les blocs de pierre ponce ou de béton cellulaire ont pour avantage de se décliner dans une version monomur à isolation répartie et d’être rectifiés pour une pose à joint mince limitant les ponts thermiques. Les performances thermiques sont également excellentes.

 

A titre d’exemple, un bloc de béton cellulaire monomur de 30cm offre une résistance R de 3,46m2.K/W (5,67m2.K/W en monomur de 50 cm et  5,24m2.K/W en version bloc de 20cm d’épaisseur +12cm d’isolant intérieur rapporté Th 32). Concernant la mise en œuvre, il faut rappeler qu’il existe également des blocs de béton lourd rectifiés pour une pose à joint mince D4 ou D3.


Intérêt :

il existe une large gamme de produits à isolation rapportée ou répartie, dans des épaisseurs de 20 à 50cm, complétée d’une large gamme d’accessoires (blocs d’angle, linteaux, planelles…)

 

Solution 2 : Blocs de béton à isolation intégrée

 

 

Grâce à sa fonction 2 en 1, ce bloc de béton permet de réduire le temps de mise en œuvre en réalisant  lors d’une seule opération le mur porteur et l’isolation thermique par l’extérieur.

 

Le bloc de béton à isolation intégrée se décline en version granulat courant ou granulat léger. Dans les deux cas, il se compose de deux blocs en béton reliés mécaniquement en usine par une plaque isolante en polystyrène expansé moulé de 7,5  ou 10cm d’épaisseur dans sa partie pleine.

 

Entre le bloc béton et la plaque isolante, une lame d’air discontinue de 2cm permet de réduire la température de la paroi extérieure en plein soleil, de s’opposer aux effets de condensation nocturnes et de créer une coupure de capillarité efficace.

 

La liaison mécanique bloc / isolant est assurée par quatre tenons en queue d’aronde. Un bloc courant mesure 50 ou 40cm de long et 20cm de hauteur  pour une épaisseur globale de 15cm pour le bloc intérieur + 8cm pour le bloc extérieur de 8cm + 7,5 ou 10cm d’isolant + 2cm de lame d’air. Il offre un coefficient U du mur fini de 0,39 W/m2K avec 7,5cm d’isolant et 0,31W/m2K avec 10cm.

 

Pour obtenir les mêmes performances avec un système bloc standard + isolation thermique intérieure, il faudrait de 16 à 19cm d’isolant! Ce bloc reste traditionnel dans sa mise en œuvre, le joint au mortier se posant bien entendu, exclusivement, sur les parties en béton à l’aide d’une règle de pose qui va le calibrer et le délimiter. Le bloc standard se complète d’un bloc multifonction, bloc d’angle, planelle, linteau…

 

Intérêt :

les ponts thermiques sont supprimés au droit des planchers et des refends grâce à la continuité de l’isolant une fois les blocs assemblés : le dimensionnement des plaques isolantes étant supérieur de quelques millimètres à celui des blocs.

 

Solution 3 : Blocs de béton à bancher et prémurs

 

 

Destinés à être utilisés lorsque les murs sont soumis à des efforts importants, ces deux systèmes servent de coffrage perdu au béton coulé en œuvre.

 

Alternative aux banches traditionnelles, dans la famille des murs en béton banché, deux solutions existent : les blocs à bancher et les prémurs.

 

 

Les prémurs en béton armé se composent de deux parois en béton (4,5 à 10,5cm d’épaisseur selon le fabricant,  assemblées en usine, reliées par une armature et des raidisseurs métalliques) qu’il suffit de remplir avec du béton frais (passes successives de 70 cm par heure) pour obtenir des voiles de 16 à 40cm d’épaisseur. Le béton de remplissage utilisé (classe de résistance C 40 / 50) doit avoir une fluidité importante (S4 ou S5) et une granulométrie adaptée à l’épaisseur du prémur  (0/16 pour un prémur d’une épaisseur supérieure à 20cm). Les performances thermiques d’un prémur sont excellentes : 4 à 5m2.K/W avec des épaisseurs d’isolant rapporté de 10 à 15cm selon les régions. Il existe également des versions à “isolation intégrée” du prémur (en épaisseurs de 25 à 40cm) avec un isolant de 8 à 18cm accolé à la face intérieure de la paroi extérieure du mur.

 

Intérêt :

ces procédés sont une alternative ou un complément aux systèmes de banches pour simplifier l’organisation du chantier en évitant la rotation des banches, pour construire contre des murs existants (avec pas ou peu de place pour bancher) ou lorsque l’on se trouve en côte bloquée.

 

 

INFOS PRATIQUES

 

Textes réglementaires

 

 

Outil technique

 

Véritable aide à la construction “béton” répondant aux exigences BBC, mais ne se substituant en aucun cas à un calcul thermique de bureau d’étude, la calculette BBClic® mise au point par le Cerib, Centre d’Etudes et de Recherches de l’Industrie du Béton, intègre une série de paramètres (département et zone climatique, système de chauffage, nature de l’isolation, caractéristiques des baies, présence d’énergies renouvelables…) à définir pour obtenir le résultat : construction BBC ou pas…

 

 

Source : batirama.com / Virginie Bourguet

↑ Allez en Haut ↑