Une hausse des défaillances d'entreprises "jamais connue" d'après l'étude d'Altares

La France a enregistré 42.500 défaillances d'entreprises en 2022, dont 10.033 dans le secteur de la construction. C'est 49,5% de plus qu'en 2021.

La nouvelle étude d'Altarès, qui comme chaque année analyse en détail le nombre de défaillances d'entreprises en France, vient de publier son étude recensant les faillites des entreprises françaises en 2022. L'augmentation du nombre de défaillances d'entreprises y est beaucoup plus importante qu'en 2021, avec 42.000 entreprises ayant mis la clef sous la porte, soit près de 50% de plus que l'année dernière : une augmentation jamais égalée par le passé. Les chiffres restent pourtant encore en dessous de ceux de 2019, année qui avait enregistrée 52.144 défaillances d'entreprises.

 

Le cabinet Altares indique dans son rapport que l'augmentation des défaillances touche toutes les tailles d'entreprises et que plus de 143.000 emplois sont actuellement menacés (seul 100.000 emplois l'étaient en 2021). Les jeunes entreprises sont particulièrement vulnérables (+94,2% de défaillances par rapport à 2021) ainsi que les PME de 10 à 99 salariés (+78% sur un an).

 

 

Le second oeuvre particulièrement touché dans le secteur de la construction

 

 

Plus de 10.000 défaillances ont été comptabilisées en 2022 dans le secteur de la construction, soit 33,6% de plus que l'an dernier. Il s'agit du quart du nombre de faillites au niveau national. Le gros oeuvre (2.874 défaillances, +22,8%) et en particulier la maçonnerie générale (+22,3%) et la construction individuelle (+20,6%), un peu moins touchés, permettent aux chiffres de rester au-dessus de la moyenne nationale.

 

Le second oeuvre est le plus touché, avec 4.932 défaillances (+51,5% par rapport à 2021). Les travaux d'isolation sont particulièrement affectés (+94%) et retrouvent leur niveau de 2019. Les travaux publics quant à eux enregistrent 549 défaillances, 43,7% de plus qu'en 2021 malgré une résistance relative des travaux de terrassement courants. La promotion immobilière enregistre la meilleure performance du secteur (+12,4%).

 

Parmi les activités de service, on notera que l'ingénierie compte désormais plus de défauts qu'en 2019 (598) et que les services d'aménagement paysager enregistrent 374 procédures contre 359 en 2019.

 

 

Toutes les régions touchées, mais certaines plus fortement

 

 

Carte d'évolution des défaillances par région en 2021/2022. Source © étude Altares 2023. 

 

 

Si toutes les régions sont affectées par les défaillances d'entreprise, les régions Hauts-de-France (+77,1%), Occitanie (+67,9%) et Corse (+65,8%) le sont particulièrement, tandis que les régions Île-de-France (+35,3%) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (+37,9%) sont moins touchées.

 

Thierry Millon, directeur des études Altares, indique : "2019 s’était achevé sur 52 000 défaillances, 2023 pourrait dépasser ce seuil et nous ramener aux valeurs de 2017 au-delà de 55.000. Un nombre certes important mais plutôt raisonnable au regard du contexte très difficile que nous traversons. Pour certaines TPE et PME, les chances de survie sont compromises. Pour certaines, la fragilité de leur structure financière est en cause. Pour d’autres c’est paradoxalement leur incapacité à honorer des carnets de commande pourtant bien remplis qui pourrait les amener au défaut. En cause, les difficultés d’approvisionnement, l’explosion des coûts des matériaux et les problèmes de recrutement. Dans tous les cas, les prêteurs seront plus exigeants et se concentreront sur les sociétés dont les bilans seront les plus solides." 

 

Si la tendance actuelle se poursuit, en 2023, Altares prévoit un niveau de défaillances d'entreprises de l'ordre de 55.000, soit le même nombre de défaillances d'entreprises qu'en mai 2019.

 

 

Le Syndicat des indépendants (SDI) réclame un étalement du PGE sur 8 ans

 

 

Aux vues de cette étude, Marc Sanchez, secrétaire général du SDI, a déclaré par voie de communiqué de presse : "Le gouvernement joue la politique de l’autruche, se berçant d’illusions en espérant contre toute évidence contenir les défaillances au même niveau que 2019. La dynamique est lancée. A partir de combien de défaillances une réaction aura-t-elle lieu ? Quel nouveau plan sera lancé pour 'redynamiser' les commerces de proximité ? Combien de milliards devrons-nous dépenser demain pour reconstruire ce que nous pourrions sauver à long terme dès aujourd’hui à peu de frais en étalant le remboursement des PGE sur un minimum de 8 ans et en assumant un soutien effectif des TPE face au coût des énergies ?"



Source : batirama.com / Emilie Wood / Image © Freepik

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