Les DPE sont-ils fiables ? Le débat continue entre Hello Watt et les diagnostiqueurs...

Hello Watt défend son étude publiée début janvier, malgré les critiques. L'entreprise, qui conseille les particuliers sur leur consommation énergétique, publie une seconde étude plus complète portant sur 462 logements.

La première étude d'Hello Watt, portant sur un peu plus de 200 logements, a fait couler beaucoup d'encre : en effet, elle affirmait que non moins de 71% des DPE seraient inexacts. Cette étude a comparé la consommation réelle de 221 logements avec leur (récent) DPE. Hello Watt a alors émis plusieurs hypothèses pour expliquer les fortes discordances entre consommation et DPE : notamment que la méthode 3CL, utilisée pour calculer un DPE, ne serait pas fiable, ou que la méthode, fiable, ne serait pas correctement appliquée. 

 

La Chambre des diagnostiqueurs immobiliers, CDI Fnaim, n'a pas tardé à répondre et à attaquer cette étude, l'accusant d'être basée sur une méthodologie erronée. En effet, affirmait-t-elle dans un communiqué, la consommation réelle ne peut être comparée à un DPE, la variation entre les consommations des uns et des autres étant trop différentes et conduisant à des variations trop importantes entre les logements (nombre d'habitants, d'appareils électroniques, habitudes de chauffage etc.).

 

Ce à quoi Hello Watt réplique le mercredi 11 janvier avec une étude plus complète et de nouveaux arguments. Hello Watt reconnait qu'à l'échelle d'un logement unique ou de quelques logements, les consommations individuelles constatées puissent être grandement variables, mais théorise qu'à une plus grande échelle, ces différences devraient s'estomper (le pourcentage de personnes consommant beaucoup et ceux consommant très peu s'égalisant en moyenne).

 

Hello Watt a donc décidé d'analyser un plus grand nombre de logements afin de comparer les étiquettes DPE qui leurs ont été attribuées à la consommation réelle de ces logements. Se basant sur plus du double de logements (issus de leur base de données) que lors de la première étude, 462 exactement, l'entreprise se retrouve avec des pourcentages pourtant très similaires à ceux de la première étude : 30,6% des étiquettes énergétiques seulement correspondent à la consommation réelle (donc, 69,4% ne correspondent pas). Parmi les logements dont l'étiquette ne correspond pas, 31% ont plus d'une classe d'écart. Les différences restent donc très significatives.

 

Nous avons interrogé Sylvain Le Falher, l'un des fondateur d'Hello Watt et président de l'entreprise, pour en savoir plus.


 

 

La méthodologie 3CL mise en question

 

 

Bien qu'Hello Watt admette que les habitudes de consommations puissent expliquer une partie des disparités entre le niveau de consommation et le DPE, l'entreprise affirme que cela ne peut expliquer une disparité aussi importante. Dans un article daté du 11 janvier sur son site, l'entreprise rappelle d'ailleurs les études de une étude de 60 millions de consommateurs (mai 2022) et de l'UFC Que choisir (septembre 2022), dans lesquelles des diagnostiqueurs différents avaient obtenus des résultats très variables pour un même logement.

 

Hello Watt rappelle également que l'étude de la consommation réelle était la méthode qui était utilisée pour faire le calcul du DPE jusqu'au premier juillet 2021 (il s'agissait de faire une moyenne sur la consommation des trois années précédant le DPE). Depuis, c'est la méthode 3CL qui a pris le relai. "Certes la nouvelle méthode 3CL est censée être plus fiable et mieux représenter la qualité énergétique du bâtiment, mais nous défendons qu’il est très pertinent de la comparer avec la consommation réelle aussi bien individuellement qu’en moyenne," indique Hello Watt sur son site.

 

"Le but de la rénovation énergétique, c'est de réduire la note de notre facture énergétique et réduire notre impact. C'est donc important de confronter les DPE à la réalité des consommations énergétiques. Notre but à Hello Watt n'est pas de décourager la rénovation énergétique, bien au contraire," ajoute Sylvain Le Falher. Effectivement, l'entreprise non seulement conseille les particuliers sur leur consommation énergétique, elle réalise également sur tout le territoire des rénovations énergétiques, se basant sur un réseau d'artisans partenaires qu'elle a construit depuis 4 ans.  

 

 

Comparer les consommations des logements notés de C à F

 

 

La nouvelle étude d'Hello Watt a regardé de plus près les logements classés de C à F, les plus nombreux de son étude, afin de vérifier les disparités entre logements. "On a constaté que la consommation médiane des logements classés C, D ou F était pratiquement identique, et la disparité des consommations est très importante entre ces logements" explique Sylvain Le Falher.

 

 

DPE estimé VS consommation réelle de 462 logements, pour les classes comportant au moins 20 logements, avec consommation moyenne et médiane. Source : Hello Watt

 

 

Ainsi, pour la classe C, la consommation médiane, de 195 kWh/an/m² correspond à l'estimation des 217 kWh/an/m² estimé. Par contre, pour la classe F, la consommation médiane est de 256 kWh/an/m², alors qu'on devrait s'attendre à une consommation de 562 kWh/an/m².

 

Des résultats qui indiquent que "presque la moitié des logements classés F consomment moins que la moitié des logements classés C". Des résultats qui interrogent. Les habitants des logements énergivores consommeraient-ils moins parce qu'ils sacrifient leur confort pour chauffer moins, n'ayant simplement pas les moyens de le faire ? Hello Watt mentionne également l'effet rebond sur son site : une constatation qui indique qu'après la réalisation de travaux énergétique, la consommation ne baisse pas forcément autant qu'on pourrait l'espérer, mais le niveau de confort augmente. "On voit donc que ces résultats ne sont pas nécessairement en contradiction avec l’intérêt des DPE ! Le DPE est un indicateur de la performance énergétique du logement, qui a un impact sur la consommation mais également sur le confort des habitants", peut-on lire sur le blog d'Hello Watt. Pour plus de détails sur l'étude en question, c'est ici.

 

"Notre étude n'a pas été faite dans le but de critiquer la profession de diagnostiqueur. C'est un métier, une filière qui est nouvelle, c'est normal qu'il y ait des ajustements à faire sur la formation et l'encadrement, notamment. Les diagnostiqueurs le disent eux-mêmes," poursuit le président de l'entreprise, qui ajoute toutefois que des progrès sont en cours, notamment des améliorations au niveau du logiciel utilisé pour la réalisation des DPE qui a été finalisé, ce qui pourrait permettre d'espérer des résultats plus fiables aujourd'hui d'un DPE à l'autre.

 

Et vous, pensez-vous que les DPE sont fiables ? C'est la question que Batirama vous pose dans son dernier sondage, publié en début de semaine. A l'heure de publication, la balance penche clairement vers le "non", mais vos réponses sont encore attendues.



Source : batirama.com / Emilie Wood / Photo © Kjpargeter - Freepik

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