Les évolutions des marchés du chauffage dictent les investissements d’Atlantic

Beaucoup plus de pompes à chaleur, moins de chaudières, Atlantic étoffe ses centres de R&D et ses deux usines de Merville et de Billy-Berclau pour répondre à la demande de solutions thermodynamiques

Le 22 novembre, Atlantic a organisé une visite de ses usines de Billy-Berclau et de Merville dans le département du Nord. L’usine de Merville est l’ancienne usine des Fonderies Franco-Belge, dont Atlantic a acheté l’activité chauffage sur boucle à eau chaude en 2002. L’entreprise y fabrique des chaudières fioul et gaz au sol, des chaudières murales gaz et des pompes à chaleur, mais en petites séries.

 

 

A une trentaine de kilomètres de Merville, l’usine de Billy-Berclau, en revanche, a été créée de toutes pièces en 2016. Nous l’avions alors visité, une peu vide. Elle est aujourd’hui pleine à craquer et il a fallu pousser les murs pour fabriquer en grande séries des chaudières murales gaz, de plus en plus de pompes à chaleur individuelles et de chauffe-eau thermodynamiques. ©PP

 

 

Les grandes évolutions du marché du chauffage

 

 

Chez Atlantic qui compte treize usines en France, tout commence cependant par une analyse des évolutions du marché du chauffage en France et en Europe. Depuis trois ans, les bouleversements – le Covid, les pénuries de composants post-Covid, l’inflation et la hausse formidable des prix des énergies, … - ont été rapides et profonds.

 

Atlantic en conclut que l’ambition de décarbonation des activités économiques en général et du chauffage en particulier s’accélère, poussée par les aides financières publiques dans plusieurs pays d’Europe. Mais, à court terme, les prix de l’énergie sont les grands déterminants des évolutions du marché. Tout ça pousse au développement des pompes à chaleur.

 

En 2022, Atlantic s’attend à un marché français de la pompe à chaleur air/eau et eau/eau de 330 000 à 350 000 pièces. Ce qui maintient la France en tête en Europe pour les ventes de pompes à chaleur et représente une croissance de 35% environ par rapport à 2021.

 

Les chaudières murales et au sol confondues ne devraient pas dépasser 460 000 pièces en 2022. Ce qui constitue un recul de 25% environ par rapport à 2021. Le recul du fioul, qui a démarré il y a dix ans environ, s’accélère et atteint 28 à 30% par rapport à 2021. Ce qui ne devrait laisser que 15 000 à 17 000 chaudières fioul vendues en 2022.

 

Atlantic remarque au passage que l’apparition du fioul F30 en juillet 2022, en raison des contraintes de modification des installations qu’il entraîne – curage des cuves, modification de l’alimentation fioul, parfois réfection des conduits de fumées, …- n’a pas permis de ralentir, ni d’inverser le déclin du fioul en France. L’apparition d’un coup de pouce supplémentaire en novembre pour remplacer les chaudières fioul accélère leur disparition. 

 

 

Pour investir, dit Atlantic, il faut une vision

 

 

Tous les signaux – depuis MaPrimeRénov’ jusqu’aux politiques européennes dans REPowerEU - pointent très clairement vers une décarbonation du chauffage à l’échelle du continent et vers un très fort développement des pompes à chaleur.

 

Mais il reste en France quantité de chaudières gaz individuelles vieillissantes ou à condensation, notamment en immeubles collectifs, qu’il est pour l’instant difficile de remplacer par autre chose que des chaudières gaz murales à condensation. Cette substitution conduirait tout de même, selon Atlantic, à une économie d’énergie d’environ 30%. Ce qui n’est, selon eux, pas négligeable du tout. De plus, le gaz renouvelable commence à se faire une petite place.

 

L’analyse d’Atlantic tient donc en trois points : très fort développement des pompes à chaleur, développement des chaudières ou pompes à chaleur hybrides qui associent une chaudière fioul ou gaz à condensation et une pompe à chaleur, notamment pour soulager les réseaux de distribution d’électricité en période de pointe, enfin maintien d’un marché, plus en expansion, mais encore important, pour les chaudières gaz très performantes.

 

 

 

 

 

Atlantic ne parle plus de solaire thermique et n’en commercialise plus, sauf pour les immeubles collectifs. L’entreprise met en avant trois raisons expliquant sa baisse d’intérêt : la RE2020 désavantage le solaire thermique – ce qui est malheureusement très vrai –, c’est plus compliqué à installer que du photovoltaïque et, enfin, en termes de performances énergétiques, le couple pompe à chaleur et production photovoltaïque sur site leur paraît plus intéressant. D’ailleurs tous leurs systèmes thermodynamiques sont prêts pour une alimentation directe par une production photovoltaïque. ©PP

 

 

120 millions d’investissement d’ici 2025

 

 

Atlantic réorganise donc ses usines de Merville et de Billy-Berclau pour faire face à ces évolutions du marché du chauffage et investira 120 millions d’euros en 3 ans sur ces deux sites.

 

Pour commencer, Atlantic étend ses moyens en R&D. Un centre technique de 8.000 m² est en cours de construction à Billy-Berclau. Il sera consacré au développement et à l’industrialisation de la fabrication des pompes à chaleur et des chauffe-eaux thermodynamiques, rassemblera sur un seul site des équipes dispersées entre plusieurs usines pour l’instant.

 

Il comprendra aussi 10 salles climatiques pour la mise au point de systèmes avec de nouveaux fluides à faible GWP, qui s’ajouteront aux deux salles climatiques en construction à Meyzieu et à celle qui sera construite à Merville. Le centre technique de Billy-Berclau, baptisé HPTC pour Heat-Pump Technical Centre pour bien marquer son champ d’action européen – devrait être opérationnel début 2024.

L’usine de Merville recevra elle aussi un centre technique consacré notamment aux pompes à chaleur hybrides. L’usine de Boz, au nord de Lyon, près de Macon, recevra quant à elle un centre technique chargé du développement des pompes à chaleur collective pour remplacer les chaudières en chaufferie.

 

Atlantic mène également des recherches sur des pompes à chaleur individuelles monobloc double ou triple service (chauffage, ECS, rafraîchissement) destinées à remplacer des chaudières murales individuelles, sans que l’on sache encore si un centre technique leur sera consacré.

 

 

Les services d’assistance technique sont toujours implantés au cœur des usines, afin de mieux collaborer avec la fabrication des machines. A Merville, le SATC occupe 40 personnes au téléphone. ©PP

 

 

Chaque pièce détachée remplacée dans un générateur Atlantic doit être renvoyé à l’usine qui l’a fabriqué, de manière à être étudier en détail, puis modifié pour éviter d’éventuelles défaillances en série. Chaque usine, comme ici celle de Merville, possède également un centre de formation, lié au service d’assistance technique. En visitant l’usine de Merville, nous avons appris au passage qu’Atlantic fournit des pièces détachées sur chaque modèle pendant 10 ans, voire 15 ans dans certain cas, après le retrait du modèle du catalogue. Ce qui signifie qu’Atlantic fournit toujours des pièces détachées destinées à des chaudières Franco-belge.

 

 

 

 

200 000 produits finis fabriqués en 2022 sur les deux sites

 

 

Une bonne partie des 120 millions d’investissement iront aussi vers le renforcement des capacités de production des deux usines de Merville et de Billy-Berclau.

 

 

7,5 millions d’euros serviront notamment au doublement des capacités de peinture de l’usine de Merville et à l’augmentation de ses capacités de production.

 

 

 

En 2022, les deux usines fabriqueront ensemble environ 200 000 générateurs, 2/3 de pompes à chaleur et 1/3 de chaudières, ainsi que 300 000 accessoires.

 

 

Les pac hybrides gaz et fioul seront entièrement fabriquées à Merville. ©PP

 

 

L’usine de Merville sera spécialisée sur les petites séries de chaudières et de pompes à chaleur, ainsi que sur la fabrication des accessoires. Tandis que celle de Billy-Berclau sera plutôt consacrée aux grandes séries de pompes à chaleur et de chaudières murales gaz. Sa capacité de production de pompes à chaleur sera doublée d’ici trois ans, pour atteindre environ 260 000 machines par an.

 

 

Les pac bi-bloc utilisent des unités extérieures Fujitsu. Les usines de Merville et de Billy-Berclau fabriquent leurs unités intérieures. Les pac monobloc sont entièrement fabriquées dans les usines de Merville et Billy-Berclau, en utilisant des compresseurs Emerson (Copeland). ©PP

 

 

A Billy-Berclau, l’usine compte désormais 23 000 m² couverts, après ajout en 2021 de 1600 m² pour recevoir une nouvelle presse quoi fabrique des pièces de tôleries six fois plus vite que les machines à découpe et poinçonnement laser. Le nouveau hall peut accueillir trois presses, une seconde sera ajoutée en 2023.

 

 

Les pacs air/eau Atlantic, de 5 à 16 kW de puissance nominale, utilisent des échangeurs coaxiaux fabriqués par l’allemand Wieland – sans rapport avec le fabricant d’appareillage électrique du même nom. ©PP

 

 

Les techniques de fabrication évoluent. Au-dessus, à Merville en 2021, un opérateur collait au pistolet les deux parties de l’isolation thermique de l’échangeur coaxial. En-dessous, dans l’usine de Billy-Bertau, un cobot s’en charge désormais : productivité accrue, risques réduits pour les opérateurs. ©PP

 

 

 

 

L’usine de Billy-Bertau est équipée de chariots robotisés pour le transport des pompes à chaleur terminées vers le stock avant expédition. De temps en temps, un chariot se détourne et dépose son chargement dans l’une des stations d’essai pour un test complet.

 

 

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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