La centrale solaire thermique qui a remplacé le gaz pour 1000 logements à Narbonne (11)

Depuis septembre 2021, Narbosol, une des plus grandes centrale solaire thermique en France, développée, financée et gérée par l’entreprise Newheat, a permis à de nombreux habitants de réduire leur facture de chauffage.

La visite de cette centrale était organisée dans le cadre des Etats Généraux de la Chaleur Solaire 2022, qui a eu lieu le 16 juin à Montpellier.

 

Sur un terrain de 1 hectare, 3200 m² de capteurs solaires thermiques – de simples surfaces en métal sombre, vitrées, isolées et entourées d’acier – permettent de produire 2,3GWh par an afin d’alimenter le réseau de chauffage Narbonnais.

 

Tout le réseau de chaleur historique du quartier Saint-Jean-Saint-Pierre, alimentant notamment des logements collectifs mais aussi sept écoles, un collège et d’autres bâtiments publics va pouvoir bénéficier de la chaleur produite par cette nouvelle centrale solaire thermique de Narbonne, située à l’Ouest de la ville audoise. Elle fournit ainsi au réseau 100% de la chaleur nécessaire pendant la période estivale, complétant ainsi l’offre d’énergie renouvelable de la ville, déjà équipée d’une chaufferie biomasse, qui prend le relais pendant la période hivernale.

 

Un investissement largement apprécié par les Narbonnais puisque les habitants connectés au réseau ont pu constater une baisse significative de leurs factures depuis la mise en route de la centrale solaire thermique. Face à l’actuelle hausse des prix de l’énergie, on se doute que l’économie réalisée n’en n’est que plus importante.

 

De plus, Narbonne peut désormais s’enorgueillir de posséder un chauffage décarboné et renouvelable à hauteur de plus de 70%. 

 

 

Comment ça marche ?

 

 

C’est le simple passage dans les panneaux qui permet à l’eau, qui circule en réseau fermé, de passer de l’état "froid" (c’est-à-dire, tout de même à environ 60°C) à l’état "chaud" (environ 90°C).

 

Les capteurs solaires mesurent 15 m² et pèsent 400 kg chacun. Ils sont constitués de verre, d’acier, et d’un isolant. L’eau qui circule dans le réseau est glycolée pour ne pas geler en hiver.   

 

Hugues Defréville, co-fondateur et président de l'entreprise Newheat, qui gère et exploite quatre centrales thermiques en France. Photo © EW

 

 

"Cette technologie existe depuis des dizaines d’années, mais elle est encore mal connue et trop peu développée en France", indique Hugues Defréville, co-fondateur et président de Newheat, qui précise également qu’en terme de chauffage, le solaire thermique est 4 à 5 fois plus efficace que le photovoltaïque. "Ces panneaux permettent à l’eau qui circule de chauffer, ensuite on peut stocker le surplus de chaleur dans une cuve de stockage d’eau chaude de 1000 m³."

 

En effet, sur une journée à fort ensoleillement, la production de chaleur peut atteindre 15 MWh dans la journée. Le stockage permet de conserver la chaleur produite en excès et la conserver pour les périodes à moindre ensoleillement.

 

Un système de stratification permet à l’eau de la cuve de ne pas se mélanger : l’eau froide reste en bas, l’eau chaude reste en hauteur. Un peu à la manière d’un immense ballon d’eau chaude collectif, on peut compter sur environ 5 jours de volume énergétique stocké dans la cuve.

 

 

C'est grace au système de stratification de la cuve que l'eau ne se mélange pas. Sur les niveaux supérieurs, elle reste à 90°C, tandis qu'aux niveaux inférieurs, elle se maintien à environ 60°C. Diagramme © Newheat. Photo © EW.

 

 

La complexité du solaire thermique ne réside pas dans son matériel, mais dans le fonctionnement de l’installation globale. L’entreprise Newheat n’a pas fabriqué les panneaux ni les différents éléments de l’installation mais elle a mis au point tout le système de fonctionnement et un logiciel associé après une période de recherche et développement d’environ 5 ans. "Il y a une ingénierie spécifique, c’est là que réside notre savoir-faire. Et puis il faut s’adapter au cas par cas, chaque installation est différente", ajoute le directeur de la compagnie, qui exploite trois autres centrales solaires thermiques situées en Dordogne, dans l’Indre et en Charente. 

 

La Société Narbonnaise de Chauffage (SNDC), filiale de Dalkia, doit quant à elle gérer le réseau. Newheat, SNDC et la Ville de Narbonne ont donc signé un partenariat de 25 ans afin d’assurer le fonctionnement de ce système dans sa globalité.

 

Un réseau qui pourrait encore s’agrandir, aux dires des élus de la ville qui souhaitent que plus de logement se raccordent au réseau. Il n’est donc pas exclu que Narbosol puisse s’agrandir.

 

Par ailleurs, Newheat prévoit de construire deux centrales supplémentaires cette année, et 20 autres projets en France et en Europe sont en cours de développement, pour une puissance cumulée d’environ 400 MW.

 


Source : batirama.com / Emilie Wood / Photos © Emilie Wood

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