L'architecture d'urgence de Shigeru Ban, prix Pritzker 2014, mise au service des réfugiés à Paris

L'architecte japonais Shigeru Ban a fait aménager ses célèbres structures d'hébergement d'urgence faites de tubes de carton dans deux gymnases parisiens accueillant des réfugiés ukrainiens en transit.

Les femmes et enfants défilant dans le gymnase Marie-Paradis situé près de la gare de l'Est, réquisitionné par la mairie de Paris début mars, peuvent désormais se reposer à l'abri des regards sur les 80 lits de camp : le 23 mars en seulement une heure et demie, une poignée d'élèves d'une école d'architecture de Versailles ont dressé 42 espaces privatifs à l'aide de tubes de cartons imbriqués et de tissus offerts par les fabricants.

 

L'opération se répète le 24 mars dans le gymnase situé près de la gare de Lyon d'où les réfugiés ukrainiens quittent la capitale française pour le sud de l'Europe, afin de dresser une vingtaine de cellules.

 


Gymnase Marie Paradis - Paris 10ème. © VAN et Shigeru Ban

 

 

 

 

"L'intimité est un droit humain fondamental", estime Shigeru Ban, 64 ans, inventeur de ces structures temporaires qu'il déploie dans le monde entier depuis le milieu des années 1990, au gré des catastrophes naturelles et des crises humanitaires.

 


Gymnase Victor Young Perez - Paris 12ème © VAN et Shigeru Ban

 

Conseiller du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), il a ainsi oeuvré à l'hébergement d'urgence des victimes du génocide de 1994 au Rwanda, du séisme de 1995 à Kobe et des suivants qui ont eu lieu au Japon, celui de 1999 en Turquie, 2001 en Inde, 2016 en Italie...A Chelm, ville polonaise à la frontière de l'Ukraine qui accueille de nombreux réfugiés, il a fait construire 1200 structures de ce genre, dont 880 pour être envoyées dans le pays en proie à l'invasion de l'armée russe. Certains déplacés lui ont témoigné "vraiment apprécier avoir de l'intimité", dit-il. "Une femme a arrêté de pleurer une fois qu'elle a intégré cet espace personnel," relate-t-il.

 

A Paris, où l'architecte de la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt et du centre Pompidou de Metz possède un bureau, il a proposé cet aménagement à la mairie. Ces chambres permettent aux réfugiés venus d'Ukraine de passer "deux-trois jours dans des conditions acceptables", sachant qu'"en général, ils restent entre 24 et 48 heures", estime Léa Filoche, adjointe en charge des solidarités. Le 23 mars au soir à Marie-Paradis, quasiment tous les lits étaient occupés, selon l'association Aurore qui gère l'accueil.

 

La mairie "se prépare à ouvrir d'autres" gymnases en fonction des besoins formulés par l'Etat, a aussi indiqué Léa Filoche.



Source : batirama.com & AFP / Photo de une au gymnase Victor Young Perez - Paris 12ème © VAN et Shigeru Ban

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