Les systèmes d’épuration par photocatalyse sont-ils efficaces ?

L?observatoire de la qualité de l?air intérieur a présenté une étude sur les matériaux et systèmes d?épuration par photocatalyse. Avec cette question : opportunité ou menace pour la qualité de l?air intérieur ?


Les techniques d’épuration de l’air ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, elles ont été mises au point par un professeur japonais en 1967. Elles consistent en une réaction induite par l’action d’un rayonnement (lumière visible ou UV) sur un substrat (le photocatalyseur) qui est le dyoxyde de titane, dans 90 % des cas (photo). Son effet ? Il détruit certains polluants de l’air tels que COV ou microorganismes.

 

En 2003, vont apparaître les premières applications pour la dépollution de l’air en intérieur, sous diverses formes : matériaux photoactifs (sprays, revêtements de sols ou muraux, soit 14 types de produits recensés par l’étude) et les systèmes autonomes ou intégrés aux réseaux de ventilation ou de climatisation d’un bâtiment.

 

Si le Bâtiment représente un secteur économique attrayant pour la photocatalyse, il reste néanmoins un environnement complexe en termes de dépollution de l’air intérieur. En effet, on y trouve de multiples polluants de diverses natures. Or les fabricants ne tiennent pas compte de ces spécificités, selon l’étude présentée.

 

L’efficacité des systèmes : « très variable »

 

Autre point, l’efficacité des systèmes proposés dépend de nombreux paramètres : puissance et spectre des lampes utilisées, surface développée par le catalyseur et type de support sur lequel le dioxyde de titane est appliqué, durée d’irradiation… « On observe une forte variabilité de l’efficacité des systèmes en fonctions de ces conditions » explique Patrice Blondeau, rapporteur de l’étude.

 

Par ailleurs, les essais des industriels sont rarement effectués in situ. Il est donc difficile de confirmer dans des conditions réelles les conclusions des tests effectués sur bancs d’essais. Or de multiples facteurs peuvent modifier l’efficacité des systèmes : typologie de l’espace intérieur, sens de l'écoulement d’air dans la pièce, conditions d’humidité, taux du renouvellement d’air...

 

Enfin, l’inocuité des systèmes n’est pas démontrée. L’épuration par photocatalyse étant un système lent, si la réaction est incomplète (car les polluants ne resteraient pas assez au contact du photocatalyseur), cela pourrait engendrer la création de composés polluants secondaires. Exemple : l’éthanol avant de se dégrader va produire des acides et du formaldéhyde…

 

Attention à l’impact énergétique !

 

L’étude conclut donc à la faible efficacité intrinsèque des procédés. Elle révèle également que l’impact énergétique peut être important pour certains systèmes autonomes ou intégrés (ce n’est pas le cas des matériaux photoactifs). Face à ces constats, on peut se demander si l’augmentation des débits de ventilation ne demeure pas pour l’instant la meilleure solution pour améliorer la qualité de l’air intérieur

 

L’OQAI conclut en recommandant aux industriels de travailler sur leurs produits afin d’améliorer leurs qualités. Un travail sur la nature chimique du catalyseur devra être effectué. Le titane peut ainsi être synthétisé facilement, selon l’étude ; Il est aussi possible de le modifier en y associant un autre métal (platine, palladium..). Enfin, le remplacement du titane par l’oxyde de gallium peut être envisagé.

 

Autre piste de travail : le support photocatalytique peut être revu afin d’obtenir une surface d’interaction maximum avec l’air. Dernière recommandation : tester les systèmes suivant des normes précises afin d’apporter toutes les garanties aux utilisateurs.

 

 

Source : batirama.com / Fabienne Leroy

 

Adoptez les bons réflexes !

 

L’OQAI recommande également de mettre en œuvre certains réflexes, tels que limiter les sources de polluant, par le choix de matériaux moins émissifs (il faut regarder l’étiquette –obligatoire depuis le 1er janvier 2012- des produits de construction et de décoration indiquant leur niveau d’émission en polluants volatils). Enfin, l’OQAI préconise d’aérer les locaux par ouverture des fenêtres, lorsque cela est possible, au moins 10 mn par jour.

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