RT 2012 : quoi de neuf en isolation des combles ?

L?isolation des combles représente le potentiel d?économies d?énergie le plus important dans une maison.

 

Selon l’Ademe(1), 30% à 40% des pertes énergétiques d’une habitation passent par les combles. La RT 2012 impose de viser une résistance thermique minimum  R = 8 m2.k/W (contre R=6m2.k/W environ pour la RT 2005) en combles aménagés, voire même R=10m2.k/W en combles perdus.

 

La clé de la réussite passe par des exigences de mise en œuvre afin de traiter efficacement les ponts thermiques et d’assurer l’étanchéité à l’air (2) de la toiture. Il faut faire la chasse aux micro-infiltrations d’air parasites le long des pannes, autour des fenê­tres et des gaines techniques.

 

La RT 2012 fixe un indice de perméabilité à l’air Q4Pasurf ≤ 0,6m3/h/m2 de surfaces déperditives (hors plancher bas) en maison individuelle et Q4Pasurf ≤1m3/h/m2 en logement collectif.

 

Pour atteindre ces performances, il faut utiliser une membrane d’étanchéité à l’air (film à base de polyéthylène, polyamide ou polypropylène) qui sera posée, côté intérieur, sur plancher (combles perdus) ou sous le parement de finition (combles aménagés), de manière continue.

 

  1. Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie
  2. Le FILMM , Syndicat des fabricants d’isolants en laines minérales manufacturées a mis en ligne un document sur “Les bonnes pratiques de l’isolation – Guide de l’étanchéité à l’air des combles perdus ou aménagés”. Disponible sur le site www.filmm.org

 

AVIS D'EXPERT

 

 

Catherine Lestournelle
Secrétaire Générale du FILMM,
syndicat des Fabricants d’Isolants
en Laines Minérales Manufacturées.


« Des épaisseurs d’isolants plus importantes »



« Par rapport à la RT 2005, la RT 2012 impose un grand saut en termes de performances avec une répercussion directe sur les épaisseurs d’isolant à mettre en œuvre : environ 30% plus importante en combles perdus et 20% en combles aménagés.

 

Mais le passage RT 2005 / RT 2012 devrait se faire en douceur. Les exigences de la nouvelle réglementation étant calées sur celles du label BBC existant, les gammes d’isolants destinées aux constructions BBC sont utilisables pour répondre à la RT 2012.

 

Professionnels et fabricants d’isolants sont donc d’ores et déjà prêts avec des nouvelles gammes de laines minérales au λ=35 ou mieux encore λ=32 permettant de répondre aux exigences thermiques réglementaire avec une épaisseur d’isolant de seulement 260mm.

 

Le véritable changement devrait être la généralisation d’une isolation performante associée à une membrane d’étanchéité à l’air indépendante

 

Solution n° 1 : Isolation intérieure sous rampant

 

 

L’isolation sous rampant par panneaux souples ou semi-rigides reste aujourd’hui la solution traditionnelle par excellence, en charpente traditionnelle ou charpente fermette industrielle.

 

En charpente traditionnelle, la technique consiste à met­tre en œuvre deux couches d’isolants (et non plus une seule comme le permettait la RT 2005), de densité différente, sous une ossature métallique destinée à recevoir le parement de finition.

 

La première couche d’isolant (sans pare-vapeur) est calée par simple compression (largeur de l’isolant = largeur entre chevrons +1 à 2cm), sans aucune fixation, dans l’épaisseur des chevrons (épaisseur d’isolant = épaisseur des chevrons –2cm).

 

La deuxième couche (avec la face recouverte d’un pare-vapeur côté intérieur), à joints croisés, est fixée par vissage sur chevrons, clipsage mécanique dans une fourrure ou encore, en embrochant l’isolant sur les suspentes métalliques et en le maintenant par des cavaliers vissés sur les suspentes…

 

C’est le choix de l’épaisseur de cette seconde couche qui déterminera la performance thermique de la toiture. Pour répondre aux exigences réglementaires, prévoir au minimum, dans le cas d’une laine minérale λ=35,80mm d’épaisseur d’isolant entre chevrons et 160 ou, mieux encore, 220mm sous chevrons.

 

Dans le cas d’une charpente industrielle, l’isolation sera posée entre et sous fermette. Une lame d’air ventilée de 2cm d’épaisseur doit être respectée entre la couverture et l’isolant pour assurer la ventilation des combles. Il est possible d’intégrer un écran de sous-toiture HPV (Haute Perméabilité à la Vapeur d’eau) au complexe isolant.

 

L’écran HPV ne dispense pas de ventiler la sous-face de la couverture.

 

Un film d’étanchéité à l’air doit compléter le système d’isolation (posé en sous-face du revêtement de finition, collé par un ruban adhésif double-face sur les fourrures métalliques), en assurant un recouvrement de 10cm entre chaque lès (jointoyés avec du ruban adhésif).

 

L’étanchéité de la membrane sera également assurée au niveau des passages de gaines par ruban adhésif ou mastic.

 

Solution n° 2 : Isolant en vrac soufflé

 

 

Idéale en combles perdus, cette technique utilise un isolant (laine minérale, ouate de cellulose…) présenté en vrac pour pouvoir être soufflé mécaniquement sur le plancher à l’aide d’une machine spécifique (à cardes ou à ventilateur).

 

La garantie de performance de cette technique dépend totalement de sa mise en œuvre, sous Avis technique. Il est donc indispensable de respecter les préconisations du fabricant.

 

La machine utilisée pour le soufflage doit, par exemple, être installée aussi près que possible de l’accès aux combles pour limiter la longueur du tuyau de soufflage afin d’assurer une répartition régulière du produit.

 

L’épaisseur d’isolant à souffler doit être au préalable repérée par des piges graduées, les boîtiers électriques marqués à ­l’aide d’affichettes, un contour de trappe doit être installé.

 

Une membrane d’étanchéité à l’air doit être posée directement sur le sol (remontée de 15 cm au dessus de l’isolant) soit fixée dans le faux-plafond sous la plaque de plâtre : la membrane est alors scotchée (adhésif double face) sur les rails de suspension avant de visser les plaques de plâtre.

 

Alternative au soufflage mécanique, certains produits en vrac peuvent être posés par épandage manuel à l’aide d’un simple râteau. Pour obtenir un R=10, compter 460mm d’épaisseur d’isolant en laine soufflée.

 

Intérêts :

l’isolant en vrac remplissant les moindres recoins, l’isolation obtenue est homogène, les déperditions thermiques limitées.

Limites :

le groupe de ventilation doit être situé hors du volume destiné à recevoir l’isolant et à une hauteur suffisante pour ne pas aspirer l’isolant en vrac. Cette technique n’autorise pas un accès régulier aux combles en dehors des visites techniques, d’entretien ou de réparation.

 

Solution n° 3 : Rouleaux ou panneaux à poser

 

 

Malgré sa simplicité de mise en œuvre, cette technique semble tombée en désuétude pour les combles perdus, largement supplantée, en construction neuve, par l’isolation soufflée.

 

Préconisé en comble perdu, cette solution consiste à dérouler sur le plancher, sans lame d’air, des rouleaux ou panneaux semi-rigides d’isolants en prenant soin de bien ajuster les lès, bord à bord, très serrés, et de positionner la face recouverte d’un pare-vapeur (lorsqu’il y en a un) contre le plancher, du côté chauffé de l’habitation. 

 

L’isolant doit être posé jusqu’à la panne sablière et remonté sur celle-ci en prenant garde de ne pas obstruer les entrées d’air nécessaires à la ventilation de la sous-couverture lorsqu’elles se situent en partie basse de la toiture (rives). Aucune fixation n’est nécessaire.

 

Une deuxième couche, sans pare-vapeur (ou avec pare-vapeur perforé), peut-être disposée perpendiculairement à la première, à joint croisé. Lorsque le produit n’est pas revêtu, il faut poser un pare-vapeur indépendant (qui fera office de membrane d’étanchéité à l’air) au préalable de l’isolant.

 

Dans les autres cas, pour assurer l’étanchéité à l’air du système, il est recommandé de prévoir une membrane d’étanchéité à l’air déroulée sur le sol (recouvrement des lès de 10 cm, fixés entre eux et sur tous les pourtours par ruban adhésif) en prévoyant une remontée de 15 cm au dessus de l’isolant.

 

Intérêts :

une mise en œuvre économique et rapide, les rouleaux étant auto-déroulants. Certains produits en laine minérale sont revêtus d’un voile protecteur pour un plus grand confort de pose.

Limites :

le support doit être parfaitement plan. Il est ensuite interdit de circuler dans les combles sauf en dégageant momentanément l’isolant du chemin ou en créant un chemin de planche sur tasseaux.

 

 

INFOS PRATIQUES

 

A retenir

 

Le pare-vapeur doit toujours être installé du côté du local chauffé car la migration de la vapeur d’eau va toujours du chaud vers le froid. Il est installé entre l’isolant et le parement de finition de la paroi.

 

Pour être efficace, il doit être continu sur l’ensemble de la paroi et non perforé. Un pare-vapeur peut avoir une fonction d’étanchéité à l’air. A l’inverse, une membrane d’étanchéité à l’air n’a pas forcément de fonction pare-vapeur.

 

RT 2012 : les grands principes

 

La nouvelle RT 2012 tourne autour de trois objectifs performantiels :

  1. le besoin bioclimatique ou B Biomax (remplaçant l’ancien coefficient de transmission surfacique moyenne de l’enveloppe Ubat) met l’accent sur le niveau d’isolation thermique et la conception du bâti (valorisation de l’éclairage naturel, des apports solaires, de l’orientation) pour limiter les besoins en énergie des postes chauffage, climatisation, refroidissement et éclairage artificiel. Le B Biomax d’un bâtiment doit être inférieur au B Biomax moyen qui est de 60 en zone CE1 ou 80 en zone CE2 ;

 

  1. la consommation d’énergie primaire ou Cmax représente la capacité du bâtiment à limiter ses besoins en énergie et s’applique donc aux consommations de chauffage, de refroidissement, d’éclairage, de production d’eau chaude sanitaire. La consommation conventionnelle pour ces postes doit être inférieure ou égale à 50 kWhep/m2.an en moyenne modulable selon le type de bâtiment, la localisation géographique, l’altitude, la surface moyenne et les émissions de gaz à effet de serre des énergies utilisées ;

 

  1. le confort d’été ou Ticréf représente la température intérieure de référence à ne pas dépasser pour garantir le confort d’été. Elle est calculée en utilisant les données climatiques conventionnelles pour chaque zone climatique (8 zones sont définies ainsi que 3 classes d’expositions aux bruits).




Source : batirama.com / Virginie Bourguet

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