La lutte contre l’artificialisation des sols en ville progresse

De plus en plus sensibles aux inconvénients liés à l?artificialisation des sols, les grandes villes s?engagent pour limiter ce processus, notamment par des actions de « verdissement » des cours de récréation.

Le gouvernement s’est fixé l’objectif de diviser par deux le rythme d’artificialisation des sols sur les dix ans à venir, inscrit dans le projet de loi Climat et Résilience, qui est en cours d’instruction parlementaire.

 

Pour sa 9e enquête*, l’Observatoire des Villes Vertes révèle que 16 villes (sur les 18 ayant répondu) se sont emparées du sujet de l’artificialisation des sols.

 

Les municipalités veulent ainsi favoriser la biodiversité en ville, améliorer le cadre de vie des citoyens et lutter contre les îlots de chaleur. Elles invoquent aussi l’amélioration de la qualité de l’air et l’attractivité de la ville (l’essor économique du cœur de ville et la préservation des zones périurbaines agricoles sont des arguments moins cités).

 

Des actions variées pour les collectivités

 

Pour préserver la biodiversité, certaines villes créent ou réhabilitent des espaces verts : Marseille a établi un zonage des tissus urbains à dominante pavillonnaire et y impose 40 à 70% d'espaces verts (dont deux tiers de pleine terre) selon la configuration et les enjeux. Perpignan promeut le fleurissement des rues aux abords des habitations.

 

Des actions plus novatrices, comme la végétalisation de toitures et le verdissement de cours d’écoles sont également lancées. Concentrés sur le domaine public, ces efforts pourraient pâtir d’un ralentissement des investissements dans les infrastructures publiques lié à la crise sanitaire, avec la réorientation des budgets.

 

Mais en ce début 2021, les projets sont maintenus, prouvant la volonté des villes de ralentir l’artificialisation des espaces, en intégrant les acteurs privés (citoyens, bailleurs sociaux et promoteurs immobiliers) à leurs réflexions et projets de renaturation urbaine.

 

Quelque 14 villes intègrent des concepteurs paysagistes dans les projets de maîtrise d’œuvre et 10 villes appliquent des mesures coercitives dans les PLU/ PLUi. Les principales solutions mises en œuvre sont les travaux de désimperméabilisation (15 villes), la revitalisation des friches urbaines (12 villes) et la végétalisation des cours de récréation (8 villes).

 

Des cours plus vertes

 

Paris a démarré son programme Oasis en 2018 (voir encadré), mais aussi Nancy (43 cours d’écoles en projet), Grenoble, Montpellier, Poitiers, Metz, ou encore Nice (2 cours végétalisées l’été dernier et poursuite du programme). Et Le Mans, qui a rénové 4 cours d'écoles en 2019 et continuera avec 78 autres écoles.

 

Autant d’initiatives qui montrent l’importance pour le gouvernement d’accompagner les collectivités, en leur permettant de décliner efficacement les engagements environnementaux nationaux à l’échelle des territoires et villes.

 

* réalisée du 15 octobre au 7 décembre 2020 pour l’OVV, émanation de l'Unep, organisation professionnelle représentative des entreprises du paysage.

 

 

               

  

Les cours OASIS de Paris

 

Dans la capitale, le programme Oasis prévoit de rénover les cours d’équipements scolaires avec davantage de végétation, une meilleure gestion de l’eau de pluie et des points d'eau, des aménagements plus ludiques et adaptés aux besoins des enfants, des coins calmes et une meilleure répartition de l'espace.

 

Elles sont conçues avec les équipes éducatives et techniques, et les élèves. Outre le bien-être des enfants, les cours Oasis se veulent des îlots de fraîcheur au cœur des quartiers, qui seront de possibles « refuges » pour les personnes vulnérables durant les vagues de chaleur.

 

Les travaux sont exécutés selon les règles de l’art de la construction, conformément aux spécifications et prescriptions techniques générales, établies par  le CSTB et dont la plupart ont été constituées en DTU.

 

Rendre une perméabilité aux sols

 

Les surfaces à aménager vont  en général de 300 à 1 000 m². Selon les localisations, les besoins des quartiers, les configurations des cours et les contraintes techniques et environnementales, l’approche et les résultats sont très différents.

 

La désimperméabilisation des sols est systématiquement étudiée. Il est préconisé de conserver en partie les sols existants en bon état et de réemployer les composants retirés. Par exemple, les dalles deviennent éléments de cheminement, structure de butte, talus, plates-formes, ou encore remplissage de gabions, … Découpée en dalles, l’asphalte peut, elle aussi, être utilisée dans un nouvel élément de la cour.

 

Les sols de remplacement seront de préférence naturels souples : terre nue, paillée ou enherbée, sable, gravier roulé, gravier végétal, copeaux de bois,… ou des sols modulaires, qui laissent pénétrer l’eau de pluie et dont la dépose et la repose sont facilitées.

 

  

 

 

Questions à Raphaëlle Thiollier,

Designer de services en architecture éducative et Cheffe de projet « OASIS » (Direction des Affaires Scolaires) à Paris

 

Combien de cours Oasis sont prévues en 2021 et comment sont séquencés les travaux ?

 

En 2021, 27 cours d’équipements scolaires devraient être transformées, principalement au cours des vacances d’été, pour le gros œuvre, et à l’automne, pour les  plantations. En 2020, nous avons réalisé certains travaux en milieu occupé, sur le temps scolaire, dans des parties restreintes de cours. Cela a été très positif, avec une vertu pédagogique pour les élèves, en  matière de découverte métier et d’apprentissages. Nous allons certainement poursuivre ce type de démarche en 2021.

 

 Les travaux de désimperméabilisation des sols sont-ils fréquents ?

 

 Ils sont recherchés au maximum, lorsque les contraintes techniques le permettent.

 

Qui réalise ces travaux ?

 

Le gros œuvre est plutôt réalisé par des entreprises de VRD.

 

Comment sont attribués les marchés ? Les artisans y ont-ils accès ?

 

Nous travaillons principalement avec un accord cadre, dont les attributaires sont définis. Les travaux de VRD, aménagement d’espaces verts, fontainerie forment des lots séparés. Certaines des entreprises qui gagnent les appels d’offre sous-traitent certains aspects et peuvent travailler ponctuellement avec des artisans.

 

Quelles sont les techniques employées pour désimperméabiliser les sols ?  Et Comment sont gérés les gravats ?

 

Le CAUE de Paris a produit un cahier de recommandations* proposant des solutions et inspirations pour les projets d'aménagement de cours Oasis.

Le devenir des gravats et autres composants déconstruits fait partie des éléments inscrits dans nos cahiers des charges**, avec des exigences en matière de réemploi et de recyclage, comme dans beaucoup d’autres travaux publics.

 

 

 

 

 

*www.caue75.fr/content/cahier-de-recommandations-oasis

** Clauses générales du C.C.T.P : https://ged-dpa.apps.paris.fr/share/s/ZwggtfodTMmEsNxfpDTGTQ

Pour en savoir plus : www.paris.fr/pages/les-cours-oasis-7389


Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson

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