Il faut sauver le logement neuf en 2021, selon la Fédération française du Bâtiment

Malgré une chute d?activité de 15 % en 2020, correspondant à une « évaporation liée au premier confinement », le Bâtiment résiste, selon la FFB qui craint cependant une catastrophe pour le neuf en 2021.

La crise sanitaire et économique risque de fragiliser un certain temps l’économie française (recul de 9 % du PIB en 2020 et rebond estimé de 6,6 % en 2021), notamment en raison d’une inquiétude légitime des ménages, constate d’emblée Olivier Salleron, président de la FFB.

 

« Cette inquiétude ne manquera pas de peser sur les investissements prévus par les agents économiques et impactera l’activité de la construction, surtout dans le neuf », résume en substance le président de la FFB.

 

En 2020, l’activité des entreprises du secteur affichera - 15 % en volume en un an, mais les mesures de soutien prises par l’Etat (chômage partiel, PGE, aide du Fonds de solidarité) ont permis de limiter la casse, notamment en termes d’emploi, rappelle le président de la FFB.   

 

« Les chefs d’entreprise ont toujours en tête de conserver leurs salariés et la baisse des effectifs devrait se limiter à 10 000 emplois perdus en 2020, uniquement en intérim » constate Olivier Salleron. En revanche, faute d’aide, nous assisterons à un repli sur l’emploi en 2021 (baisse de - 4 %)  avec 50 000 postes en danger ».

 

Bâtiment : une perte de 23 milliards d’euros en 2020

 

Quant à la production totale en 2021 par rapport à 2020, elle sera en hausse de 11,6 % mais s’établira à - 5,6 % par rapport à 2019, selon la FFB. Le rebond n’arrivera pas à rattraper le niveau des activités réalisées dans les années 2018 et 2019, dans le neuf et le non résidentiel. En termes de chiffre d’affaires, l’activité totale du Bâtiment s’établit à 125 milliards d’euros en 2020 contre 148 milliards d’euros en 2019, soit 23 milliards de moins en 2020 (vs 2019)

 

Les craintes de la FFB se concentrent essentiellement sur le logement neuf, soumis à rudes épreuves. Le Plan de relance du gouvernement a en effet essentiellement privilégié les opérations de rénovation énergétique (Maprimerenov’, CEE).

 

Ainsi, en matière de logement neuf, les chiffres parlent d’eux même : 410 0000 unités ont été réalisées en 2019, tous segments confondus (incluant le logement social), contre 375 000 unités en 2020, et 328 000 estimées en 2021 « en fourchette haute », selon l’organisation professionnelle.

 

Des chiffres qui sont par conséquent bien loin des objectifs des Pouvoirs publics qui avaient prévu (dès novembre 2013), de construire/rénover un million de logements par an (500 000 en rénovation, 500 000 en neuf), pour rattraper les retards du Logement en France, fustige Olivier Salleron.

 

« 100 000 logements perdus en deux ans »

 

« Cela nous fait perdre 100 000 logements en deux ans » calcule le président qui annonce en outre des perspectives peu encourageantes en 2021. Outre la Réglementation environnementale (RE2020 applicable dès l’été 2021) qui risque de générer un surcoût estimé entre 7 et 15 % (contre une estimation de 4 % pour le gouvernement), la FFB cite le durcissement de l’accès au crédit (recommandations du Haut conseil de sécurité financière) pour les primo-accédants.

 

S’ajoutent à cela, les prochains choix politiques (et lois à venir dès 2021) sur la non-artificialisation des terres (préservation de la biodiversité) et l’hostilité de certains maires écologistes nouvellement élus, sur les projets en cours, dont la construction de nouveaux quartiers, souligne la FFB. Un éclaircissement devra donc intervenir pour répondre aux besoins en Logements des Français.

 

Certes, l’allongement du PTZ (Prêt à taux zéro) et du dispositif Pinel ont rassuré la profession, mais il n’y a pas eu de véritable coup de pouce pour le neuf, insiste Olivier Salleron.

 

Seule l’amélioration-entretien retrouvera son niveau d’avant crise « avec des mouvements contraires » analyse Olivier Salleron : « Le paquet a été mis sur la rénovation énergétique grâce à France relance, et ses 4 milliards d’euros d’aides injectées. Mais d’autres travaux seront en baisse en raison de la diminution des ventes en logements anciens, et la réticence à engager des travaux non urgents dans une période troublée ».

 

Les propositions de la FFB pour redresser la barre du Logement neuf

 

La FFB émet d’ores et déjà des propositions pour redresser la barre : « Il faut agir vite, très vite surtout sur le logement neuf, car en rénovation, nous retrouverons les mêmes niveaux qu’en 2019, mais sur le neuf, une catastrophe s’annonce. Nous ferons donc des propositions comme celles qui avaient inspiré le plan de relance énergétique, en juin dernier » indique Olivier Salleron.

 

Ainsi, en ce qui concerne la primo-accession dans le neuf, la FFB préconise de mettre en place un crédit d’impôt transitoire de 40 % sur les 5 premières annuités plafonnées (cumulable avec le PTZ). Cette aide intégrerait France Relance et serait mise en place pour deux ans. L’Impact immédiat se traduirait par la réalisation de 30 000 opérations pour un coût budgétaire de 460 millions d’euros par an, estime la FFB.

 

Enfin, afin de compenser les surcoûts de la RE 2020 estimés entre + 7 et 15 %, la FFB émet deux autres propositions : une majoration du crédit d’impôt sur les 5 premières annuités d’emprunt d’un logement RE 2020 ; et une majoration du Pinel pour le locatif neuf toujours labellisé RE 2020 (en relevant les taux de réduction de l’impôt de 18 à 27 %)

 

Ces coups de pouce immédiats constituent la meilleure approche pour aider directement les ménages, insiste la FFB : « Le logement neuf est en danger, c’est un problème social et sociétal, et si on met en place ces mesures sur 2 ou 3 ans, la relance pourra être réussie. Car nous sommes encore dans la reprise aujourd’hui, et pas dans la relance. Ce sont des mesures nouvelles, déjà mises en oeuvre dans le passé, pour une opérationnalité immédiate » conclut Olivier Salleron

 


Source : batirama.com/ Fabienne Leroy

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