Le DTU maçonnerie 2008

L'Europe de la construction impose une révision des normes d?exécution, à laquelle le DTU maçonnerie ne peut échapper. Contraintes ou opportunités ?  De nouveaux produits et techniques vont être reconnus traditionnels? et être admis dans cet incontournable  référentiel. En avant première, ce qui va changer pour les travaux de maçonnerie à partir de 2008.


Le DTU a été crée à la suite de l’effondrement d’un mur en béton sur un chantier à Neuilly-sur-Seine en 1958 et ayant provoqué « mort d’hommes ». A cette époque, les référentiels techniques étaient nombreux, et présentaient des divergences et parfois des contradictions, d’où l’idée d’établir des documents uniques, que l’on a appelé des Documents Techniques Unifiés. L’actuel DTU maçonnerie est donc né dans ce contexte et fut associé avec le béton armé et la plâtrerie. En effet, la version de 1961 s’intitulait «  Cahier des charges applicable aux travaux de maçonnerie, béton armé et plâtrerie ».


 

 

 

Un texte obsolète

 

Depuis, le béton est régi par le DTU 21, le plâtre par la série des DTU 25 et enfin les travaux de maçonnerie par le DTU 20.1. Or, la dernière révision lourde de ce texte date de 1985, donc de 22 ans. Depuis, de nouvelles règlementations s’imposent, certaines émanant de l’Europe, d’autres de France… Le DTU maçonnerie devenait progressivement obsolète (comme d’ailleurs la plupart des autres DTU), c’est pour cette raison qu’il fut décidé dans le cadre du Plan Europe de les réviser.

 

Normes européennes et règlementation thermique…

 

En effet, les référentiels de conception et les normes d’exécution ou produits étaient français, demain la plupart seront européens. Le choix ne nous est pas permis et réussir le passage au marché unique dans le bâtiment, représentant 490 millions d’habitants sur lequel circuleront les produits et les services, est une obligation !

 

       

 

Par ailleurs, la Réglementation Thermique 2000, révisable tous les cinq ans, conduit les fabricants à proposer de nouveaux produits ou de nouvelles techniques plus performants en termes de déperdition thermique. L’Europe et la règlementation thermique ont donc accéléré la révision du DTU maçonnerie. Compte tenu des révisions, le DTU sera plus exigeant et peut être plus élitiste, mais sera destiné à des ouvrages de maçonnerie répondant à des nouvelles exigences…

 

Source: batirama.com / Hubert KŒNIG

 

 

Cinq parties au lieu des trois actuelles 

 

Il a pour mission de proposer des solutions mécaniquement satisfaisantes, mais n’a pas la prétention de résoudre les problèmes de ponts thermiques, dont les exigences sont règlementaires.Hier, comportant trois parties, le futur DTU maçonnerie en comportera cinq, dont la partie destinée aux calculs sera amendée l’année prochaine, afin d’être en accord avec l’Eurocode 6.   

Maçonneries en zone sismique, cloisons et bâtiments

 

1 • Les maçonneries exposées à l’aléa sismique ne seront pas concernées. A terme, elles devront répondre aux exigences de l’Eurocode 8 et compléments, mais en attendant ces documents, les maçonneries en zone sismique devront répondre aux exigences de la réglementation actuelle, à savoir les PS 92 et PSMI 89-92.

 

2 • Les cloisons, initialement intégrées au DTU maçonnerie disposeront désormais d’un DTU : le DTU 20.13, qui sera publié conjointement au DTU maçonnerie.

 

3 • Enfin, il sera précisé dans l’avant propos, que le DTU n’est pas en mesure de proposer des dispositions techniques spécifiques aux bâtiments construits avec des techniques anciennes.

 

Exécution et matériaux sont désormais distincts...

 

Le DTU maçonnerie révisé 2008 comportera 5 parties dont une partie relative à l’exécution (partie 1) et une partie concernant les critères généraux de choix des matériaux (partie 1-2).Dans cette seconde partie, tous les éléments de construction, produits et accessoires destinés au bâtiment sont visés, à savoir les briques, les blocs…comme d’ailleurs les mortiers de hourdage…la partie 1-2 sera en accord avec 58 normes, dont la plupart sont européennes.

 

Briques, blocs, pierres...à l'échelle européenne

 

Le marché de la construction devenant européen, les normes de produits  deviennent également européennes : briques de terre cuite, blocs en béton,…attaches, brides,…feuilles d’étanchéité… répondent déjà à des spécifications européennes et sont règlementairement marqués CE, leur permettant ainsi d’être commercialisés au sein de l’espace européen.A l’utilisateur d’être vigilant, car ce précieux sésame, s’il lui offre un panel de produits plus important, ne lui garantit pas nécessairement sa pertinence à l’utilisation : un produit utilisable dans le sud du Portugal, ne sera pas nécessairement apte à une utilisation dans le nord de la France. L’utilisateur, aura donc intérêt à privilégier des produits estampillés CE (règlementaire) et certifiés NF (ou autre), qui lui garantiront des ouvrages de qualité.

 

Les mortiers : de recette ou performanciel ? 

 

L’une des grandes nouveautés de ce DTU résidera dans l’approche performanciel des mortiers de hourdage…Europe oblige (NF EN 998-2) ! En effet, cohabiteront dans ce texte deux familles de  mortiers de hourdage : les mortiers de recettes et les mortiers performanciels.Les mortiers de recettes répondent à des proportions prédéterminées, éprouvées par l’expérience, alors que les mortiers performanciels sont des mortiers, où le fabricant s’engage vis-à-vis de certaines caractéristiques : résistance à la compression, adhérence, DPU (Durée Pratique d’Utilisation)…

 

TROIS TYPES DE MORTIERS EXISTERONT 

 

G

 

Mortiers d'usage courant sans caractéristiques particulières

 

L

 

mortier performanciel allégé (Masse volumique ≤ 1300 kg/m3

 

T

 

Mortier de joints minces

 

Les recettes sont sensiblement les mêmes que celles de l’actuel DTU. Attention, les dosages sont exprimés dans des tableaux où les liants sont clairement identifiés, ce qui n’est pas le cas de l’actuel DTU. A signaler, le  ciment à maçonner, à prise lente, appelé MC (type Multibat ou Baticem…).A titre informatif, un tableau de dosages usuels de mortiers de recettes destinés au montage de briques de terre cuite ou de blocs de béton de granulats (dosages en liant(s) exprimés en kg / m3 de sable sec) est proposé ci-dessous :

 

  CIMENT CEM I OU II  CHAUX HYDRAULIQUE NHL/NHL-Z/HL*
CHAUX AERIENNE CL OU DL

CIMENT A MACONNERIE MC

Mortier de liant pur
Briques de terre cuite 300 à 400 350 à 450  

350 à 450

Blocs de béton de granulats 100 à 150
Mortier bâtard (dosage global de 350 à 400 kg/m3  Briques de terre cuite  100 à 150 250 à 300 150 à 250 pour 150 à 200 de CEM

 

Blocs de béton granulats 100 à 150 125 à 250 pour 150 à 250 de CEM

*Les chaux HL ne sont pas bâtardées

 

Attention : Le maçon confronté à des exigences performancielles de la part de ses pièces de marché devra être particulièrement vigilant vis-à-vis du choix de son mortier et bien analyser les fiches techniques des fabricants !

 

Evolution de l’exécution :

 

L’exécution, est quant à elle, régie par la partie 1, appelée également Cahier des Clauses Techniques (CCT).  Ce CCT reprend en partie l’architecture de la précédente version, mais en intégrant de nouvelles techniques, comme celle des joints minces ou des blocs à bancher…et en ayant retiré tout ce qui concerne les matériaux, qui relève du CGM.

 

 

1 - La protection contre les remontées d'humidité : 

 

La coupure de capillarité peut être exécutée soit à l’aide d’une bande de feuille bitumineuse armée ou de feuille plastique ou élastomère posée à sec sur une couche de mortier de ciment ou soit à l’aide d’un mortier hydrofugé

 

♦ Afin d’éviter l’arrivée d’eau de pluie directement ou indirectement en sous face de la pièce d’appui de la porte ou de la porte fenêtre, une garde de 5 cm minimum doit être respectée entre le revêtement extérieur et le seuil, cette disposition étant déjà prise en compte par un certain nombre de DTU.   ♦ Il est également précisé que l’enduit peut être descendu au niveau du sol fini, à condition d’être fortement dosé en liant(s) hydrauliques ou à faible capillarité (W2 au sens du DTU enduits). Par ailleurs, et toujours dans le DTU enduits, il est rappelé qu’après exécution de l’enduit, il faut prévoir en pied de mur un système afin d’éviter le rejaillissement des eaux de pluie : lit de gravillons…  

 

2 - Le montage à joints minces :

 

Dans l’actuel DTU, le montage à joints minces de mortier colle est réservé aux maçonneries de blocs en béton cellulaire. Désormais, cette technique concernera des éléments de maçonnerie rectifiée en terre cuite, en béton de granulats et en pierre naturelle. Le rouleau cannelé ou la pelle crantée s’imposent sur de nombreux chantiers, au détriment de la truelle. Autrement dit, le montage à joints mince au mortier T (1 mm durci) se substitue progressivement au montage à joints épais traditionnels, dont l’épaisseur est comprise entre 1 et 2 cm. Les atouts de cette technique, dite à joints minces, sont reconnus : rapidité de montage, efficacité thermique, propreté du chantier…mais rigueur d’exécution obligatoire !

 

3 - Les chaînages inclinées :

 

Du fait de leur position en couronnement de mur, les pointes de pignon en maçonnerie devraient normalement comporter, sur leurs rives inclinées, un chaînage en continuité avec les chaînages verticaux et horizontaux du niveau sous-jacent…Cependant, en cas de construction en zone sismique, le chaînage est obligatoire et la section des aciers doit être égale à la moitié de celle prévue pour le chaînage horizontal dans les règles de construction parasismique. Désormais, les rives inclinées devront comporter un chainage dès que  la hauteur sous pointe de pignon est supérieure à 1.5 mètre. L’armature minimale de ce chaînage sera la même que celle des chaînages verticaux ou horizontaux, soit 2Ø10.

 

4 - Les blocs à bancher :

 

Sous avis techniques, ces blocs sont très utilisés avec succès en France depuis plus de 30 ans pour la construction de murs, de soubassements, de piscines…La production annuelle est de l’ordre de 0,7 million de tonne partagé par une dizaine de fabricants. Il était donc légitime que cette technique rejoigne le DTU. Toutefois, ne seront visés par le DTU que les blocs à remplissage total et non les blocs à remplissage partiel, qui resteront sous avis technique ou DTA. Le domaine d’application des blocs à bancher exclura les murs porteurs en épaisseur de 15 cm et les murs de soutènement. Toutefois les blocs de coffrage seront admis dans le cas des descentes de garage et sous certaines conditions.

 

5 : L'abandon du calfeutrement humide au profit du calfeutrement sec :

 

           

 

Vis-à-vis des menuiseries, deux types de calfeutrement étaient autorisés : au mortier (dit calfeutrement humide) ou au moyen de mastic. Le calfeutrement humide ne sera plus autorisé dans le DTU pour des raisons de perméabilité à l’air. L’abandon du calfeutrement humide est important, car il impactera directement les tolérances du gros œuvre (largeur, aplomb, hauteur et niveau).

 

6 - Des exigences d'écarts admissibles :

 

Les tolérances vis-à-vis de la planéité et état de surface des parements de maçonnerie ne changent pas (Bâtirama n°394 de mai 2007). Toutefois, des tolérances de verticalité, de rectitude ou d’épaisseur seront désormais intégrées au DTU, mais certaines valeurs conformes aux pratiques locales et acceptées par le Maître d’ouvrage pourront être admises.Par ailleurs, sauf indication contraire, il sera recommandé que la première assise de la maçonnerie ne dépasse pas de plus de 15 mm le bord d’un plancher ou d’une fondation.

 

         

 

A propos des Eurocodes...20 ans d'élaboration, mais applicables en 2010 ! 

 

 

En 1990, le Comité européen de normalisation (CEN) a entrepris la rédaction des Eurocodes, normes européennes de conception, de dimensionnement et de justification des structures de bâtiment et de génie civil, établissant un ensemble de règles techniques, dans le but de leur donner par la suite un statut de normes européennes et pallier l'absence d'harmonisation entre ces règles à travers l'Europe. Ceci apparaissait en effet comme un obstacle au libre accès des entreprises de travaux ou des bureaux d'études techniques aux marchés des autres états membres. Les Eurocodes sont appelés à devenir le principal moyen de conception des structures de bâtiments et ouvrages de Génie Civil. Ils ont donc une importance essentielle à la fois pour le secteur de la conception des ouvrages et pour l'industrie du bâtiment et des Travaux Publics. Il est très important que les Etats Membres puissent adopter les Eurocodes et les utiliser dans leur réglementation. Ceci a conduit à introduire dans les Eurocodes certains éléments de souplesse, par le moyen des paramètres déterminés nationalement.Les Eurocodes sont au nombre de 10, chacun subdivisé en parties et sous-parties, constituant ainsi un ensemble de 59 normes, rédigées le plus souvent en termes de performances qu’en termes descriptifs. Les textes complets des Eurocodes et documents d'application nationale (DAN) sont disponibles auprès de l'AFNOR (www.afnor.fr).          

 

 


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