La construction du futur : de l’aide, pas encore de robot

Robots et exosquelettes vont-ils aider les installateurs ? On compte près de 50 solutions pour alléger les tâches. Les outils d?amélioration des opérations de levage se diversifient.

Légende : La Carlita de RoboTile permet de charger, déplacer et poser des carreaux jusqu’à 1 m de côté.

 

L’idée d’équiper un compagnon d’un outil pour réduire sa fatigue et ses souffrances musculo-squelettiques – et, conséquence directe, d’améliorer les rendements – est déjà validée en industrie ; elle semble incontournable pour attirer des compagnons sur les chantiers.

 

Ces technologies commencent à se développer : on comptait cinq appareils en 2015 ; le marché en propose actuellement une cinquantaine. L’approche strictement technique proposée par les fabricants est-elle pour autant satisfaisante ? « Il n’est pas certain que ça apporte une réponse », remarque Nicolas Froment, responsable de la prévention de l’usure professionnelle à l’OPPBTP.

 

4 types de facteurs à prendre en compte

 

Selon lui, réduire les troubles musculo-squelettiques demande de prendre en compte quatre types de facteurs : biomécaniques (gestes, postures, force, fréquence…), environnementaux (température, humidité…), la variabilité inter-individuelle (les conséquences d’un effort répété ne seront pas identiques chez tous les compagnons) et les risques psycho-sociaux (stress...).

 

Les fournisseurs se contentent des seuls aspects biomécaniques. Cette réponse technique ne doit pas faire l’impasse sur ce qui paraît central : l’organisation du chantier. « Une charge à mettre en place est déplacée huit fois », fait remarquer Nicolas Froment.

 

La bonne conception de ces outils d’aide doit prendre en compte l’environnement du chantier, les modes d’approvisionnement (déplacement horizontal, transferts verticaux…) pour réduire les postures dangereuses sur tous types de chantiers. La construction de maison individuelle et la rénovation sont les cas les plus difficiles à traiter. L’une des solutions tient à l’analyse des besoins. Ce que pilote actuellement l’OPPBTP avec les électriciens du Serce, de la FFIE, de l’UNA3E et des sociétés coopératives.

 

S’adapter aux conditions de chantier

 

De toutes les solutions proposées, les aides de type « bras levés » ou « zéro G » rencontrent le plus de succès. Mais les compagnons pourraient aussi s’affranchir de postures dangereuses en utilisant des tables à ciseaux, très répandues en industrie.  

 

Outre les exosquelettes, certaines machines s’apparentent à de véritables outils d’aide, telles les cadres à ventouses pour la pose de menuiseries de grandes tailles ou d’éléments de façades. Sur Batimat, l’allemand TGT présentait ses modèles capables de reprendre des charges de 250 à 900 kg.

 

Des outils de manipulation des grands carreaux

 

Ces solutions s’étendent maintenant aux métiers comme le carrelage ; les céramistes proposent des références qui peuvent mesurer plus d’un mètre de côté et peser plus de 30 kg ! L’allemand German Boada présentait sur le salon Batimat dans sa gamme Rubi un cadre transporteur manuel, le Slab Trans Heavy Duty capable de reprendre 140 kg.

 

Mais l’innovation vue cette année à Batimat est certainement l’outil de manipulation de grands carreaux Carlita développée par RoboTile. Cette machine conçue pour accéder sur pratiquement tous les chantiers peut reprendre des dalles de 60 × 60 cm à 100 × 100 cm dispose d’une capacité de levage de 100 kg par ventouse – il y en a quatre. Une machine promise à un bel avenir quand on sait que la tendance des grands formats de carreaux explose actuellement.

 

Un robot pour construire les murs

 

Et que penser du robot de production de mur mis au point par Constructions-3D ? La start-up vedette de Batimat a présenté son « imprimante 3D » pour la création d’ouvrages à un ou plusieurs étages. Son principe repose sur la conversion du plan informatique du bâtiment pour piloter une centrale à béton et une buse qui met en œuvre les parois de l’ouvrage.

 

Certes, cette innovation ne permettrait pas aujourd'hui de construire en temps et en heure un lotissement complet... L’affichage de son prix à 59 bitcoins – soit 500 000 € – peut également encore décourager les acheteurs... mais toute innovation a un prix et l'avenir dira si celle-ci restera dans les annales.

 


Source : batirama.com / Bernard Reinteau

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