Jean-Yves Nicolas : un couvreur d’exception fête les 25 ans de son entreprise

Couvreur depuis 45 ans, Jean-Yves Nicolas, fête les 25 ans de son entreprise à Girolles (45). Sa plus grande fierté : avoir formé 31 apprentis dont 15 sont actifs dans le métier et 6 Meilleurs apprentis de France.

Jean-Yves Nicolas, 58 ans, a voulu remercier tous ses invités (ils étaient près de 200 dans les locaux de son entreprise le 19 décembre dernier) « de lui avoir permis d’en arriver là » et de lui avoir fait confiance depuis 25 ans. Député, sénateur, sous-préfet, édiles et élus territoriaux, architectes du patrimoine, fournisseurs, confrères (dont quelques Meilleurs ouvriers de France tout comme lui, qui a reçu son titre en 1994) n’ont pas hésité à se déplacer dans la commune de 700 âmes pour fêter l’événement.

 

Né en Bretagne, celle des terres à Comblessac (35), le patron du Toit Gâtinais a marqué ce territoire d’adoption dans lequel, il exerce son métier de couvreur après une solide formation chez les Compagnons du Devoir. Une formation qui lui aura fait découvrir de nombreuses régions en France ainsi que l’Allemagne (14 mois)

 

Depuis son implantation à Girolles, dans le Gatinais, après son mariage avec Christine, conjointe collaboratrice en temps partiel, Jean-Yves Nicolas a consacré l’essentiel de sa vie au métier et à l’entreprise. « Les valeurs inculquées par les Compagnons du Devoir (l’honnêteté et le travail) étaient semblables à celles enseignées par mes parents et elles ont donc guidé ma vie » révèle Jean-Yves Nicolas.

 

 

200 personnes sont venues fêter les 25 ans de l’entreprise, dont des personnalités politiques, des élus locaux et des confrères. « Juste avant mon installation, J’ai été très bien accueilli par le conseil municipal de Girolles qui m’a prêté un local pour construire ma maquette de meilleur ouvrier de France » se souvient Jean-Yves qui est reçu lauréat MOF en 1994. Depuis, le responsable du Toit Gatinais s’est beaucoup investi dans la vie locale et professionnelle ©F. Leroy

 

6 Meilleurs apprentis de France couvreurs formés à Girolles

 

Son atelier construit en 2013, « l’un des mieux équipés du Loiret et d’une propreté remarquable », selon ses confrères, reflète la philosophie de vie du couvreur. C’est dans ce bâtiment neuf et confortable qu’il a poursuivi la formation des apprentis, dont ceux désireux de tenter le concours MAF (Meilleur apprenti de France).

 

Cinq d’entre eux ont remporté la médaille d’Or au national. Le fruit d’une rigueur et d’une discipline au travail que l’artisan revendique. Car la formation des jeunes et la transmission, missions phare chez les Compagnons du Devoir, demeure l’une des plus grandes fiertés et joies de Jean-Yves Nicolas.

 

« Bien sûr, je sais que j’ai la réputation d’être « dur » mais, quand les jeunes que j’ai suivis décrochent le titre de MAF, je me dis que leur joie l’emportera sur tout le reste » assure-t-il. Depuis 25 ans, il a signé une trentaine de contrats d’apprentissage, permettant à 15 d’entre eux d’embrasser le métier de couvreur dont trois dans la commune…

 

 

Plusieurs meilleurs ouvriers de France étaient présents à la cérémonie, dont, de gauche à droite, Stéphane Colinet, Michel Auger, Jean-Yves Nicolas, Laurent Calmanovici, Jean-François Girardin (président de la SNMOF) et Etienne Fougère (charpentier) ©F. Leroy

 

Une « célébrité » parmi ses apprentis : Benoît Lahaye

 

Jean-Yves Nicolas aime rappeler que son premier apprenti est d’ailleurs devenu une célébrité : Benoît Lahaye, patron de Attila Système, un réseau spécialisé dans la maintenance et la réparation des toitures (700 collaborateurs, 95 agences, 64 millions d’euros). « Son fils est venu faire le concours MAF chez moi et a obtenu le titre » souligne Jean-Yves avec fierté.

 

Et son futur successeur, Franck Dufour, 27 ans, aujourd’hui salarié dans l’entreprise, s’est également formé en alternance chez lui (voir ci-dessous). De fait, pendant près de 15 ans, de 2002 à 2017, l’entreprise a toujours fait le plein d’apprentis.

 

Elle tourne chaque année avec 2 à 3 jeunes en alternance recrutés soit à la Maison des Compagnons à Cepoy (village proche de Girolles), soit directement au collège où sa fille a étudié. « J’allais rencontrer le principal du collège qui m’envoyait régulièrement des jeunes en stage » explique le chef d’entreprise.

 

Avec un effectif de 7 personnes, l’entreprise peut faire tourner deux équipes de travail, durant cette période. Mais les temps ont changé depuis 2017. Aujourd’hui, l’entreprise est en sous-effectif faute de candidat apprenti.

 

« Nous sommes 4 en tout, et nous cherchons à recruter des apprentis. J’informe tous mes contacts et notamment les personnalités politiques que j’ai invitées pour l’anniversaire de l’entreprise ». Une situation également rencontrée par les confrères couvreurs invités à la cérémonie et qui s’inquiètent de cette pénurie d’apprenti… tout en espérant que les temps changeront.

 

 

L’atelier du Toit Gatinais demeure l’un des mieux équipés parmi les entreprises de couverture dans le Loiret. On y trouve 3 chariots élévateurs (de 3,50 m à 21 m avec nacelle), mais aussi une machine pour le zinc, une guillotine électrique, une plieuse, une raboteuse dégauchisseusse, un profileur à joint debout, un monte-matériaux électrique et des camions neufs.

 

Une architecture régionale et rurale qui répond à la formation des jeunes

 

C’est en février 1976 que Jean-Yves Nicolas, alors bon élève, entre en pré-apprentissage comme stagiaire en Bretagne. Il décroche son CAP de couvreur à 18 ans puis entend parler des Compagnons du Devoir. Il décide de les rejoindre et devient vite aspirant. Il sera reçu Compagnon à l’âge de 24 ans en ayant obtenu son Brevet professionnel et fait son tour de France, dont 14 mois en Allemagne.  

 

Après son installation à Girolles, il créé son entreprise individuelle en 1994 et recrute un apprenti. Le couvreur embauche en 1997 un salarié en CDI puis double ses effectifs en quelques années (7 personnes). Il décide alors de créer une SARL en 2006 : Le toit gâtinais. « Ma trésorerie et mon matériel ont été apportés à la SARL sans compensation » précise le couvreur.

 

De fait, l’équipement en matériel de l’atelier est impressionnant. « Je fais en sorte que les conditions de travail soient les plus faciles possible pour mon équipe » explique Jean-Yves Nicolas. Des conditions qui lui permettent de répondre à l’ensemble des commandes et chantiers variés dans la région (30 km au plus loin autour de Girolles) : mairies, églises et clochers, maisons de particuliers. « Nous n’avons pas une architecture remarquable dans la région, mais elle correspond à la formation de nos gamins, et ça me fait plaisir »

 

 

L’entreprise, localisée à Girolles cherche aujourd’hui à recruter des apprentis : elle a signé 31 contrats d’apprentissage dont 15 sont actifs dans le métier.

 

Une succession organisée avec son apprenti Franck

 

Jean-Yves Nicolas a formé son successeur : il s’appelle Franck Dufour, a 27 ans, et est entré en apprentissage dans l’entreprise après un stage de 3e. Une formation chez les Compagnons lui a permis d’obtenir son CAP, de décrocher son BP et enfin son brevet de maîtrise. Il est aujourd’hui chef d’équipe 2e échelon.

 

« Dans deux ans, il sera contremaitre conducteur de travaux. En fait, il est pré artisan et a déjà beaucoup de responsabilités » explique JY Nicolas. Franck devra en effet gérer la relation client, l’équipe de travail, faire les devis, étudier les dossiers d’appel d’offres. Il n’effectue pas encore les achats chez les fournisseurs mais sera rapidement formé par son patron qui a décidé de lui « faciliter » la reprise d’entreprise afin qu’il ne s’endette pas avec le rachat des locaux et des équipements. « Il gardera le matériel dont il aura besoin pour son activité et pourra louer les locaux » poursuit Jean-Yves Nicolas

 

« J’ai envie que l’entreprise continue, on a toutes les qualifications RGE, Patrimoine, Qualibat, et nous bénéficions d’une bonne notoriété car on a travaillé pour la communauté de communes. Le plus difficile sera d’arriver à reconstituer une équipe avec un salarié et un apprenti ou deux, mais on espère que la situation de l’emploi évoluera rapidement » conclut le responsable de l’entreprise.

 

 

Jean-Yves Nicolas a organisé sa succession : Franck Dufour, (à gauche) qui est entré dans l’entreprise en tant qu’apprenti, se prépare à prendre les rênes de l’entreprise dans des conditions optimales et étudiées par son patron.


Source : batirama.com / Fabienne Leroy

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