Deux frères, soupçonnés de racket dans le BTP, renvoyés devant le tribunal

Deux frères s'érigeant en "Robin des Bois" ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel, soupçonnés d'avoir racketté des constructeurs marseillais entre 2010 et 2015.

Albert H., 63 ans, médecin généraliste, et Gérard H., 53 ans, gérant de sociétés, ont été renvoyés le 15 novembre devant le tribunal correctionnel de Marseille, a-t-on appris de source judiciaire. Les deux hommes avaient été mis en examen, en 2015, pour extorsion, tentative d'extorsion et association de malfaiteurs sur la base de plaintes de deux promoteurs immobiliers dont plusieurs permis de construire avaient fait l'objet d'un recours gracieux, puis contentieux, par des sociétés des deux frères.

 

Dans un premier temps, un protocole d'accord avait été signé, un constructeur acceptant, avant de se rétracter, de verser 500.000 euros en contrepartie d'une renonciation aux recours engagés. D'autres plaintes étaient déposées, les porteurs de projets immobiliers marseillais évoquant tous la proposition qui leur était faite d'une transaction financière afin d'être libérés des obstacles juridiques tendus.

 

"On en arrive à devoir payer pour finaliser un projet, commencer des travaux et ne pas mettre en danger financière sa société", déclarera un cadre aux enquêteurs. Les deux frères ont eux toujours mis en avant leur "citoyenneté" et leur souci urbanistique en se présentant comme des "Robin des bois" qui défendent l'habitat ancien marseillais et la quiétude de leurs locataires.

 

Quinze protocoles signés pour 700 000 euros de gains

 

"Aujourd'hui je considère que Marseille est défigurée par les réalisations des promoteurs", expliquera Albert H. Le juge d'instruction note cependant que "Albert H. admettait avoir signé une quinzaine de protocoles pour environ 700.000 euros de gains, sans compter les 500.000 euros d'un promoteur qui faisaient l'objet d'un procès".

 

Son frère reconnaissait également avoir touché plusieurs centaines de milliers d'euros au titre des indemnités versées sur la base de transactions encadrées par des avocats.L'enquête a montré que jamais les deux frères n'ont négocié de modifications des projets immobiliers. Pour le juge d'instruction, ils "n'avaient que pour seul objectif de ralentir voire stopper l'avancement des projets immobiliers et de contraindre les promoteurs à venir négocier le retrait des recours contre monnaie sonnante et trébuchante".

 

"L''altruisme urbanistique des deux mis en examen cessait manifestement lorsque leur intérêt pécuniaire se trouvait rassasié", observe le magistrat.Pour les frères, dont le patrimoine immobilier a été estimé à plus de 7 millions d'euros, les promoteurs se seraient "ligués contre eux". Le défenseur d'Albert H., Me Jean Boudot, assure que son client "n'a jamais sollicité une transaction mais que celles-ci ont toujours été proposées par les entreprises".



Source : batirama.com

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