Batimat : souplesse et productivité sur l'offre d'outillage professionnel

C?est le leitmotiv depuis des années : un chantier moins fatigant et des outils adaptés au travail collaboratif. Cela devient très concret et visible sur le salon Batimat.

Les tendances de l’outillage qui seront développées sur les salons Batimat et Interclima ont beaucoup à voir avec ce qui se passe dans la société. À savoir : l’électricité sur batterie se développe dans tous les domaines, et la numérisation s’implante fortement.

 

On ne souligne plus l’importance du sans-fil pour améliorer le confort de travail sur les chantiers. Cependant, au fil de la croissance de ce marché, les usages se diversifient. En premier lieu, les appareils classiques acquièrent de la puissance. Avec la généralisation du standard 18 V, la dernière étape franchie est celle de l’autonomie.

 

Plus puissant, plus autonome

 

L’usage de batteries au lithium-ion dites de « haute densité » permet d’augmenter la puissance et d’allonger les durées de fonctionnement entre deux recharges. Un accumulateur d’une capacité de 8 Ah comme en proposent les grands fournisseurs confère à une perceuse une puissance comparable à un outil filaire de 1 600 W.

 

En proposant, à partir de 2020, des accus dits « à trois couches », Bosch annonce une capacité de 12 Ah, soit l’équivalent de 2 200 W !
Dans ces conditions, le sans-fil trouve des applications sur des meuleuses de 125 mm de diamètre et même sur des brise-roches. L’application existait certes déjà, mais avec des batteries de 24 ou 48 V. Dans le même temps, les fabricants lancent des chargeurs ultra-rapides. Bosch sera capable de redonner aux accus 50 % de leur charge en moins de 10 minutes.

 

Le sans-fil développe la créativité

 

Le choix du sans-fil par les professionnels du bâtiment conduit aussi les fournisseurs à développer leur créativité. Edma propose un outil de pose ultra-rapide des liaisons des cages de ferraillage ; Dewalt propose une perceuse pour le bois à régime lent et d’un couple de rotation de 300 Nm ; Wacker Neuson crée l’aiguille vibrante alimentée par un accus logé dans le sac à dos porté par l’opérateur…

 

L’énergie électrique est par ailleurs revendiquée comme alternative possible aux moteurs thermiques, avec pour avantages une réduction du bruit et des émissions de fumées. Le constructeur italien de pompes à bétons et mortier Bunker-Teksped innove en équipant une de ses références de batteries. Ce qui permet de travailler à l’intérieur ou de nuit.

 

Sur la voie du BIM

 

Si les entrepreneurs peuvent manifester des doutes au sujet du développement de la gestion des chantiers sur la base de l’échange de données ouvertes – en clair, le BIM –, les équipementiers se placent sur les rangs pour répondre aux besoins. Le développeur allemand Sema Software présente un ensemble composé d’un scanner et d’un logiciel de lecture du nuage de points collecté pour préparer un chantier de rénovation.

 

Leica a été récompensé d’un prix pour son outil de prise de vue associé à un distance-mètre 3D ; le fichier de données est lisible au format DXF pour la création de plans. Enfin, Batinov. Tech a conçu ce que l’on peut appeler « une borne d’information BIM sur chantier ». L’appareil compile les plans et autres fichiers mis à niveau en temps réel et les affiche sur grand écran. On la consulte seul ou en équipe… Qui s’opposerait à une telle avancée ?
 

 

Les consommables tirent le marché de l’outillage

 

Depuis quelques mois, le marché de l’outillage portatif et des consommables montre des signes de fébrilité : une baisse des ventes, un impact marqué du commerce électronique et un report sur les consommables. De toute évidence, 2019 est marqué par un retournement des marchés de l’outillage électro-portatif professionnel. Alors que l’année 2018 manifestait une belle croissance de 6 %, les chiffres du Secimpac à fin juin dernier souligne la fin de l’embellie : +0,2 % par rapport à la même période de 2018 ! Un atterrissage net au regard des ventes dans le secteur grand public qui elles, restent plus largement positives.

 

Dans le détail, les ventes de matériels filaires (un chiffre d’affaires annuel de quelque 270 M€ en 2018), qui comptent globalement pour 60 % des ventes, baissent de 5 %, et celles d’outils sans fil (186,7 M€ en 2018) accusent -3 %.

 

Le bond des consommables

 

À dire vrai, les industriels s’expliquent mal cet état de fait. Est-ce lié à un effet de stock des distributeurs fin 2018 ? Rien ne l’indique. Les chiffres de l’activité du bâtiment fournies par les fédérations professionnelles décrivent un trend positif… Faut-il comprendre que les professionnels soignent bien un équipement qui se révélerait très costaud ?

 

On remarque que tous secteurs confondus – bâtiment et industrie –, les ventes de consommables (forets, scies, disques, abrasifs…) sauvent le bilan statistique de la période récente : elles ont bondi de 12 %. Parmi les grandes tendances, les évolutions des choix techniques sont marquées par un changement rapide dans le segment professionnel. 2018 s’est distinguée en étant l’année ou le chiffre d’affaires des outils sur batteries a dépassé celui des outils filaires : respectivement, 55 % contre 45 %.

 

L’interview de l’Expert

 

Pierrick Auboiron, Président du Secimpac

 

« Une activité sensible aux thèmes environnementaux »

 

« Si le marché de l’outillage a été très dynamique au cours des deux dernières années, il est maintenant plus étal. Il est cependant tiré, de manière continue, par les innovations que sont la performance des appareils sans fil – dans des domaines de plus en plus nombreux et pour des outils aussi puissants que les filaires – et les solutions aux problèmes de santé sur chantier. Dans ce domaine, les fabricants traitent depuis longtemps les sujets des troubles musculo-squelettiques, des nuisances sonores ou en matière de réduction des poussières.

 

L’évolution des modes constructifs produit par ailleurs un développement significatif des outils. On peut citer la construction en bois qui conduit à fournir des perceuses pour charpentiers à très haut couple – 300 Nm contre 100 à 130 Nm – et à faible régime. On trouve aussi des outils de clouage sans gaz – avec un moteur à piston – et sans fil, donc plus maniables.

 

Par ailleurs, on observe depuis peu un réel approfondissement des sujets environnementaux chez les constructeurs. Ce qui se traduit de la manière suivante : le sans-fil apporte de nombreux bénéfices, mais quel est l’impact de l’usage du lithium sur l’environnement ? Quelle est la traçabilité des composants ? Certains réfléchissent à l’utilisation d’autres matériaux, comme le graphite. Un autre impact environnemental important est l’amorce d’une relocalisation de la production. Les industriels réfléchissent désormais à une production au plus près des régions de développement de leur business. »

 

Leica Geosystems simplifie la prise de mesure

 

Lauréat des prix de l’innovation sur Batimat, l’outil portable BLK3D simplifie la mesure en trois dimensions. Il permet aux petites entreprises d’améliorer leurs prestations et de s’ouvrir à la conception 3D Pour Alexis Picot, responsable des ventes chez Leica Geosystems (Groupe Hexagon), l’intérêt de l’outil BLK3D qui sera présenté sur le salon Batimat est « de simplifier la façon de prendre des mesures à partir de photos. »

 

L’appareil recèle une puissance jusque-là technologiquement inédite. De la taille d’un smartphone, il permet de prendre des photos d’une pièce et effectue, dans la même opération, les mesures de toutes les cotes dans les trois axes : longueur, hauteur, profondeur. Sa précision est de ± 3 mm jusqu’à 2,5 m et de ± 1 à 2 cm à partir de 7,5 m. En clair, c’est extrêmement rapide et bien plus précis que le trio mètre ruban, carnet à spirale et mine de plomb. Il trouve un intérêt tout particulier sur les sites complexes, où les prises de mesures par des moyens classiques seraient longues et fastidieuses.

 

Un véritable fichier 3D au format DXF

 

Surtout, les photos acquises sont transformées en fichiers de données en trois dimensions immédiatement exploitables sur l’appareil avec le logiciel fourni par Leica. Il produit un modèle 2D que l’opérateur peut utiliser pour affiner sa prise de cotes ; « Les prises de vues assurent de ne rien oublier », explique Alexis Picot. L’utilisateur peut aussi se munir d’une application pour PC qui permet de transformer les points enregistrés en un véritable fichier 3D au format DXF exploitable dans un projet géré en BIM.

 

Alexis Picot

 

Des publics larges visés

 

Avec cet appareil et ses applications, Leica Geosystems cible donc des publics très larges : des artisans qui préparent leurs chantiers, des architectes qui souhaitent affiner leur conception en neuf comme en rénovation pour les partager avec les entreprises, des ingénieurs et techniciens de l’industrie qui préparent la réorganisation d’un atelier de production…

 

Avec le BLK3D, Leica Geosystems intègre la prise de mesure à la conception 3D des aménagements.

 

Cette première version repose sur la prise de vue fixe ; sur cette base, il est envisagé de proposer ultérieurement une version avec prise de vue panoramique. Ce premier modèle sera proposé à 4 000 € ; le logiciel de base est disponible en abonnement annuel à 99 €, et l’outil de modélisation 3D, à 199 €/an.


Source : batirama.com / Bernard Reinteau

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