Le ciment et le béton se réinventent grâce à CementLab

Le grand enjeu pour le ciment et le béton est la réduction de leur empreinte environnementale. Les industriels s?y attachent à force de recherche et d?innovation.

Lors de la Journée de l’Industrie Cimentière, organisée le 22 janvier dans la StationF à Paris, par le SFIC (Syndicat Français de l’Industrie Cimentière), les participants ont mis en avant le rôle de l’innovation pour résoudre le principal problème du ciment et du béton : leur empreinte environnementale plutôt large.

 

Jean-Marc Junon, Président du Sfic, a rappelé en ouverture l’importance et les atouts du ciment et du béton. Le ciment, c’est 40 sites de production en France, contre 4400 pour le BPE (Béton Prêt à l’Emploi), soit 67000 emplois directs et près de 200 000 emplois indirects.

 

Une production qui approvisionne les 2 000 000 d’artisans du bâtiment qui, semaine après semaine, utilisent du ciment et du BPE. En 2017, dernière année connue, la France a consommé 18 000 000 de tonnes de ciment.

 

 

 

A travers CementLab, le Sfic a organisé un gigantesque brassage entre les piliers de l’industrie cimentière – Vicat, Holcim, … - et le monde des Start-Ups. ©PP

 

La transition énergétique et environnementale est amorcée

 

Jean-Marc Junon expliqué que l’industrie du ciment a déjà largement entamé deux transitions : la transition énergétique et la transition environnementale. Côté énergie, l’industrie cimentière, grosse consommatrice de chaleur, a décidé de diviser par deux sa consommation d’énergies fossiles d’ici 2025. Le solde sera fourni par la valorisation énergétique – la combustion - des déchets.

 

Côté transition environnementale, le ciment et le béton absorbent de plus en plus de minéraux provenant du recyclage des déchets de démolition et de chantier. Ce recyclage ne produit aucun déchet ultime, aucun reliquat à enfouir.

 

Pour accélérer son évolution, l’idustrie cimentière à créé CementLab, un incubateur de start-ups, début 2018. Etienne Crépon, le président du CSTB, soulignait que cette vénérable – mais néanmoins toujours dynamique, souligne-t-il – institution a elle-aussi créé CSTB’Lab, son accélérateur de Start-Ups, avec le soutien de la Région Île de France et de la Communauté Européenne.

 

 

 

Une bonne partie des propositions des Start-Ups, identifiées par CementLab, tournait autour de l’exploitation du BIM et d’autres technologies numériques. ©PP

 

CementLab aborde sa seconde année

 

CSTB’LAB soutient pour l’instant 15 start-Ups. Selon Etienne Crépon, le CSTB a identifié 5 grands phénomènes qui poussent l’innovation dans le bâtiment. Le premier est l’irruption du numérique depuis environ 5 ans. Le second est la nécessité d’une transition environnementale pour diminuer les émissions de carbone et la consommation des ressources rares. Le troisième est la croissante exigence de performances réelles des bâtiments neufs et rénovés.

 

Le développement de l’industrialisation de la construction, avec un glissement de la création de valeur du chantier vers l’atelier, vient au quatrième rang. Tandis que le développement de la rénovation, avec des solutions adaptées à une mise en œuvre en site occupé, termine son énumération.

 

Il identifie la concurrence asiatique comme une menace croissante qu’il faut surveiller et dépasser en accélérant le rythme de l’innovation en France dans le milieu du bâtiment. L’expérience CementLab constitue, selon lui, une bonne démarche en ce sens. Après une première année, au cours de laquelle 78 Start-Ups ont été rencontrées, CementLab aborde en 2019 sa seconde année d’activité.

 

 

 

Des idées mettant en valeur la réalité augmentée et l’IoT (Internet of Things, l’internet des objets) industriel pour l’industrie cimentière, étaient défendues par plus d’une dizaine de Start-Ups participant à CementLab en 2018. ©PP

 

CementLab est la boîte à idée de l’industrie du béton

 

Sur les 78 Stat-Ups initialement rencontrées, Impulse Partners qui anime CementLab pour la SFIC – ainsi que le challenge des Start-Ups ConstructionTech pour Reed Expo – en a retenu 47. Et 18 d’entre elles ont « pitché » (to pitch, l’un des moment clef de la vie d’une Start-Up, consiste a présenter en quelques minutes l’idée et le potentiel de la Start-Up de manière a séduire des partenaires et des investisseurs) devant les membres de l’industrie cimentière.

 

Plus de 13 ont eu des contacts par la suite avec des membres du SFIC. Et déjà plus de 5 ont entamé des collaborations. Le Pitch, c’est tout un art. Les idées de ces Start-Up couvraient tous les domaines de l’industrie cimentière : les carrières et leur exploitation, l’énergie nécessaire à la fabrication du ciment, l’économie circulaire pour incorporer des déchets de chantier dans les bétons, la conception des ouvrages et l’organisation des chantiers, les usages des bétons et jusqu’à la biodiversité sur les bâtiments construits en béton.

 

 

 

De nombreuses autres propositions des Start-Ups de CementLab portaient sur le verdissement – au sens propre, comme au sens de la réduction de l’empreinte environnementale - du ciment et du béton. Cela allait de bétons poreux capables de soutenir la croissance de végétaux en façades, jusqu’à la culture de micro-algues en façades des bâtiments, pour ensuite produire du biométhane. ©PP

 

Revenons sur terre : il faut investir dans le dur !

 

En conclusion de la matinée de la SFIC, Marc Giget, Président du Club de Paris des Directeurs de l’Innovation, a ramené tout le monde sur terre, soulignant qu’il faut reprendre les investissements dans les infrastructures de transport, dans la construction de logements, … pour réellement améliorer les conditions de vie.

 

Il a montré qu’après la crise de 2008, l’investissement matériel avait durablement chuté, alors que l’investissement immatériel – numérique, logiciels, etc. – avait continué de croître. De même, la croissance en valeur de l’activité construction qui, jusqu’à 2018 suivait le rythme de croissance du PIB en France, s’était effondrée entre 2008 et 2016, amorçant une accélération depuis l’an dernier seulement.

 

Bref, selon lui, le public au sens large, attend de vraies solutions et pas seulement des distractions. Le secteur du BTP et plus particulièrement l’industrie du ciment et du béton, est idéalement placé pour contribuer à résoudre les grandes difficultés du moment : mal logement, défaillance des transports, transition énergétique et environnementale, développement de l’activité économique. Enfin, un diagnostic optimiste !

 

 

 

Marc Giget, Président du Club de Paris des Directeurs de l’Innovation, souligne que le monde du bâtiment est habitué a raisonner par projets – concevoir un bâtiment, organiser la supply-chain, le fabriquer pour une part en atelier et le construire sur site, avant de le livrer et de l’exploiter. Ce qui lui donne un avantage dans l’organisation nécessaire pour faire face aux challenges du moment. ©PP


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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