Les nouvelles tuiles à emboîtement

Depuis plusieurs années, les fabricants de tuiles à emboîtement rivalisent d?ingéniosité pour améliorer la facilité de pose et l?esthétique de ces produits, avec l?atout d?un prix fourni-posé toujours très concurrentiel.

 

Les tuiles à emboîtement, encore appelées tuiles mécaniques par de nombreux couvreurs, ont connu des évolutions importantes ces dernières années. Les tuiles «  petit moule » rappellent l’esthétique de la tuile plate. La confusion devient même possible avec les tuiles du sud, les « romanes » et autres « méridionales »  dont l’aspect imite celui des tuiles canal. Autre évolution, les tuiles « 10 au mètre » se font passer pour des « 20 au mètre », par le jeu de rainures verticales qui donnent l’illusion de deux tuiles sur un seul élément.  Même démarche pour les tuiles romanes, par le bais de moulages horizontaux qui donnent l’illusion de tuiles plus petites.

 

La tuile 9 au m, au maximum

 

A l’inverse, la course à la grande dimension semble marquer le pas. Quelques marques ont lancé des 9 au mètre, mais cela paraît être un maximum mais parce qu’il importe de maintenir un équilibre visuel entre les tuiles et la surface moyenne des toitures. Pour résumer, l’innovation technique est possible, mais doit être invisible. Seules les tuiles à emboîtement qui prennent des allures de pierres ou de lauzes connaissent un certain succès, mais on reste dans l’imitation de couvertures traditionnelles.

 

Source: batirama.com / P.V.

 

 

 

Solution n° 1 : Les nouvelles tuiles à emboîtement

 

Longtemps, elle a véhiculé l’image de la tuile losangée, celle qui a couvert des milliers de pavillons de banlieue, de Dunkerque à Marseille. Plus tard, le principe de l’emboîtement est resté, l’esthétique a évolué, la facilité de pose s’est encore améliorée. Ces produits sont appréciés en construction neuve pour leur économie, mais également en rénovation ou dans le cadre d’extensions, pour s’adapter à la couleur d’une toiture en place, à des contraintes de pente, de poids…

 

La tuile losangée, la plus ancienne ( en moyenne 15 tuiles par m2 ), connaît actuellement un regain d’intérêt de la part des architectes, la plupart des fabricants en proposent au moins une à leur catalogue. Les tuiles dites » à côte ou à onde douce », permettent, grâce à leur format »10 au m », la pose la plus rapide et la plus économique, du moins pour les toits simples.

 

La tuile losangée, longtemps mise à l'écart car trop typée "banlieue", revient en force depuis quelques années.

 

 

 


Les tuiles régionales, souvent plus petites (jusqu’à 20 éléments par m²), seront plus utilisées en rénovation, sur des toits un peu complexes et/ou très découpés, et mieux adaptées aux toitures un peu plus typées et travaillées. Elle représentent une alternative aux tuiles plates, plus authentiques, mais plus onéreuses et nécessitant une main d’œuvre plus pointue.

 

Plusieurs produits sont utilisables avec des faibles pentes, un atout en rénovation/surélévation.

 

A RETENIR :

 

Intérêts : Prix fourni posé ;  Facilité et rapidité de pose ; Gammes très fournies en teintes ; Pose possible par une main d’œuvre généraliste ; Quelques produits adaptés à des pentes limitées.

 

Limites : Aspect parfois monotone et utilitaire ; Grands moules ( 10 au m ) inadaptés aux toitures travaillées et / ou de surface limitée.

 

 

Solution n° 2 : grand et petit moule d'aspect plat

 

Les tuiles d'aspect plat peuvent adopter des esthétiques très variables, les teintes gris/noir permettant une bonne intégration dans les régions d'ardoises et de lauzes. 

 

Elles se rapprochent de l’aspect des tuiles plates grâce à leur pureau sans système apparent d’évacuation des eaux, mais aussi du fait de leur taille plus réduite, jusqu’à 22 éléments par m2. Dans ce cas, et pour peu que la toiture soit suffisamment importante en surface, la ressemblance (une fois posée ) avec une tuile plate est réelle.

 

Le régionalisme n’est pas oublié, puisqu’à côté de tuiles rectangulaires, on trouve également des tuiles écaille pour les secteurs de l’Alsace, de la Franche Comté, de la Bourgogne, de certaines parties de la Champagne… Ces tuiles connaissent un succès croissant en construction neuve du fait d’un rapport esthétique / prix favorable conjugué à une facilité de pose. Elles sont également plébiscités en rénovation, car elles permettent de conserver l’authenticité d’une toiture dans le cadre d’un budget raisonnable.

 

 

A RETENIR :

 

Intérêts : Rapport esthétique/prix favorable ; Facilité de mise en œuvre ; Tuiles bien adaptée aux travaux de rénovation ; Nombreux choix d’aspects régionaux et de teintes

 

Limites : Reste visuellement une tuile de grande taille sur une petite toiture ; Parfois refusée dans les secteurs protégés ou la tuile plate est obligatoire.

 

Le régionalisme n'est pas oublié, les tuiles à emboîtement d'aspect plat "écailles" allant sur le terrain des tuiles plates "écailles". 

 

 

Solution n° 3 : Tuiles fortement galbées

 

Elles ont d’ailleurs tellement réussi leur percée qu’elles dominent largement le marché, en cantonnant la vraie tuile canal aux opérations haut de gamme et de restauration. Ce succès est dû à la conjugaison de plusieurs paramètres : une facilité de pose commune à toutes les tuiles à emboîtement, une esthétique de plus en plus proche de celle de la tuile canal ( la confusion devient possible à quelques mètres ), ainsi qu’une étanchéité souvent supérieure.

 

Les tuiles à emboîtement destinées aux régions de tuiles canal se rapprochent de plus en plus de la tuile traditionnelle. Une fois posée, l'illusion à quelques mètres est parfois quasi parfaite.

 

Les dimensions suivent celles des tuiles canal, plus étroites dans le Sud Ouest, et plus larges dans le Sud Est. La recherche de l’aspect «  petite tuile canal » est particulièrement développé avec la tuile à ressaut, un seul produit donnant l’illusion de deux, grâce à la présence de deux pureaux sur une même tuile.

 

La tuile « double canal », qui comme son nom ne l’indique pas, est une tuile à emboîtement, est celle dont l’aspect se rapproche le plus de la tuile canal. Le fond plat de la tuile est remplacé par un fond courbe qui assure la continuité esthétique d’une tuile à l’autre, et laisse croire que l’on est en présence de tuiles canal classiques.

 

Les tuiles à emboîtements se distinguent par leur rapidité de pose qui doit se poursuivre au niveau des points particuliers, d'où la nécessité de disposer de gammes d'accessoires fournies. 

 

 

 

A RETENIR :

 

Intérêts : Esthétique ; Prix ; Facilité de pose ; Etanchéité à la pluie

Limites : Refusée dans certains secteurs protégés ; Moins adaptée que la vraie tuile canal aux toitures irrégulières et déformées.

 

 

Solution n° 4 : Les imitants

 

En montagne, le bac acier, résistant mais utilitaire, avait depuis longtemps détrôné les lauzes, lourdes, et chères. Il y a vingt ans, ce n’est pas un tuilier, mais Eternit, qui a eu le premier l’idée d’une  tuile à emboîtement qui ressemble à une lauze. Réalisé en béton de résine, ce produit baptisé « Méribel » était  techniquement sophistiqué, esthétiquement séduisant mais coûteux. Il ouvrira la voie à des produits en terre cuite et en béton d’aspect moins abouti, mais financièrement plus abordables. Ils s’appellent Tuilauze ou Pierre de Lauze et s’adressent aux maîtres d’ouvrage et aux couvreurs qui veulent éviter le bac acier, sans tomber dans les contraintes techniques et financières de la vraie lauze. Ce sont toutes des tuiles à emboîtement, avec la simplicité de pose qui va avec. Ce point est particulièrement important, car les couvertures de montagne se doivent d’être simples, sans ouvrages compliqués source de problèmes dans le temps et de rétention de neige. L’aspect se situe à mi-chemin  de la tuile classique et de la lauze, avec un coût fourni posé qui peut être divisé par deux ou trois selon le cas de figure. 

 

Plus tard, les tuiliers se sont inspirés du précurseur Eternit pour commercialiser des produits esthétiquement moins aboutis, mais beaucoup plus économiques.

 

A RETENIR :

 

Intérêts : Couverture très économique comparativement à la lauze ; Facilité de pose ; Aspect régional marqué

Limites : Aspect répétitif par rapport à une lauze ; Produits interdits dans certains secteurs protégés.

 

 

Olivier Dixneuf, couvreur*

 

L’activité de mon entreprise de 4 salariés s’ oriente à 80% vers la construction neuve. Dans notre région de tradition de tuile canal, nous posons essentiellement de la tuile romane et méridionale, béton et terre cuite. Pour des raisons de coût, la tuile canal est réservée à des chantiers plus traditionnels ou en site protégé. Nous utilisons la tuile béton pour des raisons économiques, mais aussi parce qu’il s’agit d’un matériau très durable et nécessitant peu d’énergie en fabrication. En terre cuite ou en béton, ces tuiles à emboîtement sont plus fiables dans le temps. Les prix des chantiers imposent une organisation sans faille pour espérer dégager une marge normale. Nous travaillons surtout avec quatre modèles de tuiles que nous stockons, y compris les différents accessoires. Ce choix implique plus de trésorerie, contrainte compensée par les gains de temps obtenus.

 

*Entreprise Largeau et Fils79 Niort

 

Sylvie Berhault*

 

Le marché des tuiles à emboîtement est très porteur. Les couvreurs recherchent une mise en oeuvre simplifiée et des temps de pose réduits. Ces produits sont devenus des « standards », particulièrement dans les régions de tuile canal, ou la tuile à emboîtement représente 80% des applications. Leur aspect est très proche de celui de la tuile canal, avec une étanchéité optimisée. L’intérêt pour les tuiles anciennes nous a poussé à commercialiser un produit d’aspect vieilli, la Canal Midi Patinée, qui est une réponse rationnelle au marché des tuiles de récupération.

 

*Directeur marchés Tuiles chez Lafarge Couverture

 

Règlementation

 

Pour les tuiles à emboîtement, les DTU spécifiques auxquels il faut se référer sont les suivants :

 

• DTU 40.21 ( NF P 31.302 ) : couvertures en tuiles de terre cuite à emboîtement ou à glissement à relief

• DTU 40.211 ( NF P 31-203 ) : couvertures en tuiles de terre cuite à emboîtement à pureau plat

• Mise en œuvre de couvertures au dessus de 900m : guide des couvertures en climat de montagne édité par le CSTB.

 

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