Isolation thermique par l'extérieur en rénovation

Avec le renforcement du cadre réglementaire, l?ITE prend un nouvel essor sur le marché de la réhabilita­tion en s?inscrivant en plein dans la ligne des économies d?énergies.


Pour Laurent Goetgheluck, chef de marché Isolation thermique par l’extérieur chez Parexlanko, l’ITE bénéficie de nombreux atouts en rénovation : «Elle offre la possibilité de réaliser une opération “2 en 1” : non seulement les façades sont isolées mais, en plus, elles bénéficient d’un ravalement en préservant la surface ­habitable du bien. Les nouvelles réglementations thermiques requièrent des épaisseurs d’isolants de l’ordre de 12 cm ce qui, dans le cas d’une isolation thermique par l’intérieur, entraînerait la réduction de la surface des logements de 4 à 7% en moyenne

 

Autres avantages de l’ITE, la valorisation du patrimoine grâce à l’amélioration de l’étiquette énergétique du DPE (Diagnostic de performance énergétique), la réduction de la facture de chauffage, l’augmentation de l’inertie thermique des parois améliorant le confort d’hiver et d’été, la suppression des phénomènes de condensation sur les murs en hiver.

 

Seul petit bémol?: si en construction neuve, avec une bonne conception, il est possible de supprimer la très grande majorité des ponts thermiques, en rénovation, cela est plus difficile comme au niveau des liaisons dalles/­­balcons, caissons de volets roulants, appuis de fenêtre. Autant de points singuliers qui seront donc à traiter au cas par cas pour ne pas diminuer les performances globales de l’ITE.

 

AVIS D’EXPERT

  Bruno Poilpré - Président de l’entreprise Roulliaud (37)


« L’ITE en rénovation : plus  facile qu’en neuf »



« Plus encore que dans le neuf, en rénovation, la reconnaissance d’un support ancien ou revêtu (peinture, enduit, RPE…) est l’un des garants d’une ITE de qualité : mesure du taux d’humidité (qui doit être inférieur à 5% en masse) et de remontées capillaires éventuelles, vérification de l’état de surface (présence de fissures, de lézardes…), de la planéité et de la cohésion du support, réalisation de test d’arrachement pour valider d’une part, la tenue de l’enduit existant et sa compatibilité avec les système d’ITE envisagé et, d’autre part, celle des fixations mécaniques, lavage et décontamination du support pour favoriser l’adhérence de la colle de calage…

 

Pour la réalisation de l’ITE proprement dit, je dirais que réaliser une ITE en rénovation est plus facile qu’en construction neuve : lors des devis et de l’étude, nous avons le bâtiment sous les yeux, il nous est donc plus facile d’évaluer les points singuliers à traiter et de trouver des solutions.

 

En construction neuve, il existe souvent un décalage entre la conception et la réalisation du bâtiment, ce qui nous oblige souvent à nous adapter au dernier moment. Sans compter que la conception architecturale des bâtiments BBC (Bâtiment basse consommation) multiplie les points singuliers spécifiques (débord de toiture, brise-soleil…). »



Source : batirama.com/Virginie Bourguet


Solution 1 : Enduit sur isolant



C’est la technique la plus utilisée. La variété de choix de l’isolant et de l’enduit permet de répondre aux cahiers des charges les plus divers et de conserver les spécificités esthétiques régionales du bâti.

 


 

Ce système se compose de panneaux isolants (polystyrène expansé, laine de roche, fibre de bois…) qui vont être posés sur le mur extérieur du bâtiment puis recouverts d’un système d’enduit en deux couches : première couche en 1 ou 2 passes d’un enduit armé d’un treillis de fibre de verre, deuxième couche en une passe d’un enduit de finition. L’enduit assure à la fois la protection mécanique et le parement décoratif de la façade mais il influence également son comportement au feu.
 

 

 


La fixation collée n’est pas admise sur les supports anciens. À noter que le système calé-chevillé (également appelé fixé-calé) est compatible avec tous les isolants quelle que soit leur nature tandis que le système mécanique par rails n’est utilisable qu’avec un isolant en polystyrène expansé blanc (PSE rainuré sur le chant) et, de préférence, sur supports revêtus (enduit, peinture, revêtement plastique épais…) présentant une planéité quasi irréprochable.


Intérêts :

il est possible de choisir parmi une large palette de finitions (talochée, ribbée, écrasée, grattée…) et de couleurs. En complément, des modénatures architecturales (à base de PSE et de fibres) peuvent être collées sur la façade.

Limites :

le soin apporté à la pose de l’isolant et à la réalisation de l’enduit (surtout lorsqu’il est mince) doit être irréprochable sous risque de voir apparaître des fissurations de l’enduit.
 

 

Source : batirama.com/Virginie Bourguet

 


Solution 2 : Bardage rapporté sur isolant



Le principe consiste à rajouter, devant le mur porteur, une peau ventilée qui va avoir un rôle à la fois esthétique et fonctionnel puisqu’elle permet d’intégrer un isolant dans le vide entre le mur support et la peau.

 





 

Un  isolant thermique

(panneaux de laine minérale ou de fibre de bois, rigide ou semi-rigide à dérouler, plaque d’isolant en polystyrène extrudé, en polyuréthane…) est intercalé dans le vide ainsi réservé entre la façade et le bardage rapporté. Cet isolant est posé entre les chevrons/­profilés de l’ossature primaire et fixé sur le mur support à l’aide de chevilles étoiles moulées présentant une large collerette.

Pour ne pas recréer un pont thermique structurel au niveau des profilés d’ossature, il est recommandé de poser deux couches croisées d’isolants ou de fixer l’ossature secondaire sur des équerres devant l’isolant. Pour une isolation thermique renforcée, il est possible de poser deux couches d’isolants, la première derrière les chevrons, la seconde entre chevrons. Les joints respectifs de chaque couche seront alors décalés.


Une lame d’air d’au moins 2 cm

doit être ménagée entre l’isolant et le revêtement rapporté pour permettre la circulation de l’air en rive haute et basse. Par contre, il ne doit en aucun cas subsister un espace d’air entre l’isolant et le mur de façade.


Pour rappel, la densité au m2 des chevilles de fixation de l’isolant et le plan de chevillage sont définis dans le DTA (Document technique d’application) du système d’ITE mis en œuvre et déterminés en fonction d’une part, de la charge admissible dans le support (donnée par des essais d’arrachements réalisés in situ) et, d’autre part, de la dépression sous vent normal : 3 niveaux croissants de performance (F1, F2, F3) sont ainsi établis selon la situation géographique du chantier (régions 1, 2, 3, 4 ou 5 données par les règles  Neige et Vents, NV 65), la nature du site -–normal ou exposé– et la hauteur du bâtiment.   


Intérêts :

l’ossature primaire permettant de rattraper les défauts de planéité, ce système peut se mettre en œuvre sur des façades irrégulières. Le choix de matériaux est très diversifié.


Limites :

le traitement des points singuliers demande un travail spécifique.



Source : batirama.com/Virginie Bourguet

 


Solution 3 : Vêtures



Alternative aux bardages, les vêtures sont simples à met­tre en œuvre et décoratives : pose verticale ou horizontale, bord à bord ou par emboîtement, à joints filants…



 

La vêture est un produit de façade deux en un, associant une plaque de parement à un isolant thermique contrecollé en usine au dos de la plaque de parement. Parement + isolant forment ainsi un complexe totalement solidaire qui va se poser en une seule opération.

L’isolant thermique

le plus utilisé est le polystyrène expansé moulé (densité de 13 à 20 kg/m2). Certains systèmes utilisent de la laine de roche de forte densité (90 à 150 kg/m2), du polystyrène extrudé ou encore de la mousse polyuréthane.

Le parement, quant à lui,  peut être métallique (acier ou aluminium), minéral (agrégats naturels, terre cuite…), composite (mortier de ciment et fibre de verre, composite polyester…) ce qui offre un large panel d’aspects?: pierre, veiné, lisse, sablé, granuleux…

La fixation

des éléments de vêture (soumis à Avis technique ainsi qu’au classement performantiel reVETIR) se fait mécaniquement, directement sur le mur support au moyen de fixations traversantes (vis ou chevilles en fond de joint ensuite cachée par un mortier de jointoiement), de pattes ou de profilés, totalement invisibles.

En principe, aucune ossature secondaire n’est indispensable étant donné qu’il n’est pas obligatoire de ménager une lame d’air (contrairement à un bardage rapporté) sauf s’il est nécessaire de rattraper des défauts de planéité en façade.


 

ITE sur ITE existant, c’est possible !



Quelques fabricants comme STO (Sto-Therm Sur Isolation), Zolpan ­(Armaterm Surizol), Seigneurie (Revithermono.Suriso), Parexlanko ­(Pariso Surisolation)… proposent des solutions permettant de rénover un ancien système d’ITE qui pourrait être abîmé, sans le déposer, en sur-isolant la façade avec un nouveau système d’ITE sous enduit : des plaques isolantes de PSE sont calés-chevillés directement sur l’ancien système puis recouvertes d’un enduit mince.

 

L’ancien système et le nouveau ­système d’ITE sont solidarisés au mur support par chevillage. La reconnaissance du support par un organisme indépendant est obligatoire. Il devra déterminer la bonne tenue du support existant, sa compatibilité avec le système d’ITE choisi et indiquer les dispositions à mettre en œuvre en complément de celles indiquées dans le document technique du système d’ITE préconisé.

 

INFOS PRATIQUES

Textes réglementaires de référence



Enduit sur isolant

 


 

Bardage rapporté sur isolant

 

 

 



Documentation

 

 

 



Source : batirama.com/Virginie Bourguet

 

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