Les métiers du Génie climatique sont en quête d'apprentis

Le syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques vient de dresser un bon bilan de l?activité des industriels du secteur en 2017. Interview de François Frisquet, président d?Uniclima.

Bâtirama : L’année 2017 correspond-t-elle à vos espérances ?

 

François Frisquet : Oui, nous n’avons pas connu de tels chiffres depuis très longtemps, dans quasiment tous les secteurs. L’activité est tirée principalement par le redémarrage de la construction neuve en 2016. Nos produits arrivant en fin de cycle, nous avons ressenti les effets de cette embellie au second semestre 2017, avec notamment beaucoup d’unités installées dans le collectif. La dynamique est moins flagrante en rénovation.

 

Les perspectives pour 2018 sont-elles aussi réjouissantes ?

 

Elles sont plutôt favorables, oui. Acquis pour 2018, le CITE peut fortement influencer les marchés. L’incertitude qui pèse pour l’année suivante pourrait inciter à capitaliser sur ce qui existe et motiver les décisions de mise en chantier sur 2018.

 

Pour les industriels comme pour le reste de la filière, la perte de visibilité au deuxième semestre est problématique car il faut pouvoir répondre à la demande des donneurs d’ordre mais nous craignons un « effet yoyo » sur l’année suivante. Cependant, le climat économique global est positif ; cela donne une dynamique à nos marchés.

 

Quels secteurs tirent le mieux leur épingle du jeu ?

 

Le marché des chaudières progresse de 5 %, notamment les chaudières individuelles au gaz. Les chaudières à condensation fioul et gaz poursuivent sur leur lancée, avec +7,5%, surtout dans le neuf, en habitat collectif. On note une belle progression des chaudières à bois (+10%), en particulier des chaudières à chargement automatique (+24%). Le bois est bien positionné etdevrait continuer à progresser.

 

Les PAC air-eau connaissent une embellie réjouissante (+12 %) avec la reprise de travaux de rénovation énergétique et de la construction. La simplification du CITE et la situation économique favorable ont joué positivement sur le marché de la rénovation et les perspectives sont bonnes. Les PAC air-air continuent de progresser (+8 %). Avec près de 485 000 unités extérieures vendues, le marché atteint son plus haut niveau depuis 2007.

 

Les chauffe-eau thermodynamiques sont toujours en progression (+10 %), dans le résidentiel neuf, dans le collectif neuf mais aussi dans l’existant. Les perspectives restent favorables. Ce marché devrait profiter du Plan Climat et de la volonté affichée par les Pouvoirs Publics en matière d’ENR et d’efficacité énergétique.

 

Enfin, la climatisation résidentielle et tertiaire et les CTA se portent très bien, avec + 8%. On peut souligner la très belle progression du marché tertiaire (DRV) avec un nouveau record de 23 000 unités vendues (+13 %). Là aussi, l’indice de confiance des professionnels est au beau fixe.

 

Quels sont les secteurs en difficulté ?

 

C’est d’abord et sans surprise le solaire thermique, encore en retrait cette année. Ce secteur souffre de la réglementation qui ne lui est pas favorable et par ailleurs, des coûts de mise en œuvre. Pourtant, les matériels sont performants et leur maintenance très réduite est un atout sérieux. Les ventes de CESI chutent de 26 %, en particulier dans le collectif. Et à l’avenir, le label E+C- ne va pas favoriser le solaire thermique dans le neuf. La rénovation pourra peut-être aider à remonter la pente.

 

Quant au marché des PAC géothermiques sur vecteur eau, il tombe d’année en année. Il perd 8 % en 2017. Des efforts doivent être entrepris pour redresser cette situation inquiétante. L’AFPAC souhaite relancer les PAC géothermiques en rénovation.

 

Quelles sont les tendances en termes d’emploi et de formation ?

 

Nos métiers sont très porteurs et la rénovation énergétique des bâtiments n’est pas délocalisable. Il y a donc des opportunités d’emploi à saisir. La mise en œuvre est fondamentale et se former est nécessaire.

 

Le premier enjeu est de remettre l’apprentissage au cœur de nos métiers. Et il faut aussi se donner les moyens de garder les apprentis dans les entreprises. Plus généralement, nous devons provoquer l’attrait pour les métiers du génie climatique, tant dans l’installation que dans la maintenance. Les mesures à venir pour réformer l’apprentissage devraient aller dans le bon sens.

 

Qu’est-ce que l’économie numérique va changer dans les métiers du Génie climatique à moyen terme ?

 

Le numérique va surtout faire évoluer les métiers au niveau de la maintenance. Il offre déjà la possibilité d’informer le client facilement. La maintenance prédictive se développera sûrement plus dans le collectif que chez les particuliers. Le numérique est en marche et les industriels sont à la pointe de ce point de vue. La base de données d’Uniclima gérée par ATITA est un exemple du travail engagé.



Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson

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