Des doublages cintrés et décorés de mosaïque sur la Seine Musicale

La charpente en bois tressé enveloppe la boîte en béton qui abrite l?auditorium. La face extérieure, largement visible, a été pourvue de doublages cintrés tapissés de mosaïque.

Sur le plan acoustique, la Seine Musicale doit tenir compte à la fois du passage des hélicoptères de l’héliport de Paris, et des basses fréquences générées par les moteurs des péniches.

 

Dans le petit monde de l’acoustique des salles de concert, on se rappelle que ces péniches avaient été oubliées lors de la construction de la salle philharmonique de Cologne. A Paris, l’acousticien Jean-Paul Lamoureux se souvient d’avoir fait des mesures du bruit des péniches avant même sans doute que les architectes en lice ne trace le premier coup de crayon.

 

En tout cas, il allait de soi que la charpente vitrée ne suffirait pas pour isoler l’auditorium et dans ce domaine, rien ne vaut une bonne vieille boîte en béton. Même si, dans le cas de l’auditorium, la partie supérieure se trouve en fait constituée d’une charpente métallique.

 

 

Le doublage carrelé est censé refléter le ciel mais aussi la trame de la charpente. ©Knauf Batiment

 

Un doublage acoustique et féérique

 

Les formes courbes de la charpente sont donc relayées par des formes angulaires générées par le banchage du béton. Les visiteurs qui pénètrent dans la salle doivent pouvoir contempler de l’intérieur la charpente et la vue que la façade vitrée génère notamment sur l’exceptionnelle rive sud de la Seine.

 

Arrondir les angles s’impose tout comme le recours à la voie sèche. Les panneaux Aquapanel de Knauf, à base de ciment armé par des fibres de verre, acceptent un fort rayon de cintrage et une mise en œuvre qui intervient avant le hors d’eau hors d’air. C’est un excellent support de mosaïque, comme l’ont déjà prouvé différents chantiers exubérants réalisés au Moyen-Orient.

 

Au même titre que les doublages intérieurs de la boîte en béton, les doublages extérieurs à base de panneaux Aquapanel remplissent une fonction d’isolement acoustique, selon le principe masse-ressort-masse. L’une des masses, c’est le voile en béton. L’autre est constituée par le panneau support de carrelage.

 

Pour obtenir la masse requise, le doublage sera constitué de quatre couches de panneaux. Cela entraîne la réalisation d’une ossature complexe, à la fois très robuste et susceptible de suivre toutes les ondulations requises avec une fluidité parfaite. Car l’architecte souhaite notamment que ce doublage se mue par endroits en alcôve permettant de contempler le paysage.

 

 

Enduisage de l’un des segments convexes du doublage. ©Knauf Batiment

 

 

Un revêtement mosaïque griffé

 

L’architecte se tourne vers le mosaïste leader Bisazza et sa base parisienne de la rue Madame qui développe une référence spécifique, baptisée Jewel Green. Les teintes oscillent selon le jour entre le rouge et le vert.

 

Les mosaïques sont livrées en plaques de 32,2 x 32,2 cm. Compte-tenu de la complexité du support, Bisazza viendra épauler le façadier pour le lissage des surfaces et la pose. L’ouvrage est réalisé par le façadier Antunes de Servon (77).

 

Belle réussite familiale trentenaire, ce spécialiste du revêtement de façade, qui a évolué progressivement vers un savoir-faire d’ensemblier de la façade, réalise un peu plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 110 employés. Parmi ses références, le carrelage mosaïque d’une interminable façade sinueuse de logements sociaux à Pantin.

 

Dans le cas de l’auditorium, ce ne sont que 4000 m2 environ, soit 9 millions de carreaux. Associés tout de même à quelque 12 000 m2 de panneaux Aquapanel sur charpente métal autoportante, dans un contexte technique tout à fait exceptionnel, même si l’ouvrage ne sera pas exposé en cours de vie aux intempéries.

 

 

Le doublage, la charpente, la voile photovoltaïque : trois courbures architecturales et trois matières en dialogue, pour le plaisir visuel des auditeurs.©Knauf Batiment

 

Un doublage intérieur de grand façadier

 

Il fallait un bon façadier pour gérer la mise en place d’une ossature acier désolidarisée du support par des plots Sylomer. Lorsque l’ouvrage s’élève entre deux dalles, l’ossature Knauf fait l’affaire.

 

Mais à partir du second niveau, les possibilités d’appui deviennent de plus en plus aléatoires et il faut appuyer l’ouvrage sur une véritable charpente métallique : des IPE associés à des liaisons en U où viennent se fixer des tubes cintrés ou soudés, support de tasseaux en bois à entraxe de 60 cm.

 

La laine minérale est calée entre les tasseaux. Les quatre couches de plaques sont ensuite fixées les unes sur les autres en couches croisées, à la fois mécaniquement et par collage. Les plaques de 3 mm acceptent un rayon de courbure de 3 m, ramené à 1 m seulement quand le panneau est découpé en bandes de 30 cm. La dernière couche de plaques est couverte d’un enduit projeté et lissé.

 

Le second écrin ainsi obtenu vaut le premier, celui de la charpente. Il dialogue avec les courbes et la lumière incidente. L’entre-deux de l’espace qui sépare la charpente de l’auditorium proprement dit est un composant clé de la dramaturgie architecturale.

 

 

Le bois, le métal, la terre de la céramique : au sein de ce globe de l’auditorium, la symbolique est évidente et chaque élément naturel est interprété sous un angle majestueux, en pleine lumière. ©Bisazza

 



Source : batirama.com / Jonas Tophoven

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