ExpoBiogaz (1) : la méthanisation fait preuve de maturité

Après des années de pédagogie et de présentation des technologies disponibles, la filière biogaz commence à récolter les fruits de ses actions.

À l’ouverture de l’édition bordelaise du salon ExpoBiogaz – les 31 mai et 1er juin au Hangar 14 -, il est facile de dresser le constat d’une évolution forte et de la maturité de cette filière industrielle.

 

Fin de l’année 2016, la France métropolitaine comptait 485 installations de méthanisation dédiées à la production d’électricité. Elles ont fourni 385 MWe, dont 31 MWe par les 74 unités mises en service l’année passée. Quant à l’injection, elle suit aussi une courbe de croissance en phase avec les plans de développement conçus au début des années 2010.

 

Quelque 67 installations ont ouvert en 2016, portant leur nombre à 318. De fait, on compte aujourd’hui 32 sites d’injection de biométhane sur le réseau de gaz naturel, soit pratiquement le double de l’an passé. En 2016, avec 198 GWh, la filière avait enregistré une progression du volume injecté d’un facteur 2,5 par rapport à 2015.

 

Une plus grande lisibilité réglementaire

 

Si le développement de la filière « méthanisation et injection » est remarquable depuis 2014-2015, de nombreuses incertitudes demeuraient quant à celle de la cogénération.

 

Les doutes ont été levés dès septembre dernier avec la prolongation des tarifs de rachat d’électricité jusqu’à la fin de l’année, puis, mi-décembre, avec la publication des tarifs pour les unités de moins de 500 kW. Enfin, le 24 février dernier, un arrêté tarifaire a permis aux producteurs d’électricité issue de biogaz de prolonger les contrats de 15 à 20 ans.

 

Autre signe fort du soutien de la filière : le lancement en août dernier du premier appel d’offre cogénération biogaz. Cependant, le dépouillement effectué en février s’est révélé décevant.

 

Pour 10 MW proposés, seuls deux projets totalisant 3,5 MW ont été retenus. Si les professionnels sont encore novices face à ces procédures, ils auront cependant de nouvelles occasions de se faire la main en 2017 et 2018.

 

La filière injection en meilleure posture

 

Pour sa part, la filière injection se trouve en meilleure posture. Les volumes injectés sont désormais importants, quelque 300 projets sont en attente, et l’objectif de 8 TWh en 2023 est atteignable.

 

La politique de rachat est stabilisée depuis plus d’un an, et ce secteur industriel intéresse aussi bien les fonds d’investissement privés que les collectivités locales ou les syndicats de collecte de déchets ou de gestion des eaux.

 

Côté réglementaire, le ministère de l’Energie du précédent gouvernement a fait en sorte que les textes en souffrance soient signés et publiés avant la fin du mandat, comme l’arrêté de soutien en faveur des stations d’épuration.

 

Une offre plus technique

 

Sortie de cette urgence réglementaire et face à un marché plus ouvert, le secteur de l’injection se focalise aujourd’hui sur l’industrialisation du process. À ce titre, le point sensible de la séparation des fluides avant injection fait l’objet de nombreuses recherches : membranes, adsorption, systèmes thermiques.

 

En revanche, l’aval de la filière est victime du succès de l’amont : la valorisation du digestat pose problème. Considéré comme un déchet, il n’est pas économiquement valorisé. Pourtant, ce compost très hygiénisé constitue un engrais qui pourrait sortir de la nomenclature des déchets.

 

Pour les exploitants agricoles, l’objectif serait de leur trouver un débouché dans un périmètre de 20 à 30 km, avec un prix de marché de 10 à 20, voire 30 €/t.Tous espèrent que les discussions sur la prochaine directive européenne sur les énergies renouvelables apportent des réponses sur ce dernier point de blocage.



Source : batirama.com/ Bernard Reinteau

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