Le photovoltaïque en 2017 (03) : l’autoconsommation ouvre de nouveaux marchés

Le photovoltaïque est rentable pour les bâtiments tertiaires, pour les logements collectifs et même en maison individuelle. Ce qui donne une nouvelle impulsion au marché.

A travers l’Europe et même en France, on ne parle plus de vente de l’électricité photovoltaïque au réseau, mais seulement d’autoconsommation. Explication : la baisse continue du coût des matériels, l’amélioration de leur qualité et de leur longévité, ainsi que la simplification des installations entraînent la baisse des prix des systèmes photovoltaïques et donc du coût du kWh photovoltaïque produit sur site.

 

Le prix des modules photovoltaïques a été divisé par 8 en 10 ans. On en trouve à moins de 0,50 € HT/Wc chez les grossistes spécialisés. ©Viessmann

 

Le matériel représente moins de 50% du coût d’installation

 

Le prix des modules photovoltaïques a été divisé par 8 en 10 ans. Le mouvement de baisse des prix ralentit, mais n’est pas interrompu. Chez les grossistes spécialisés dans le photovoltaïque, comme Solar Distribution, par exemple, pour des commandes de 5 palettes, on trouve des offres de prix publics de 0,45 €/Wc (Panneau Solitek Poly 260 W) à 0,93 €/Wc (Panneau Panasolnic N330).

 

Le panneau Panasonic N330 compte parmi les meilleurs modules disponibles sur le marché européen aujourd’hui. Côté onduleur, le même grossiste propose le SMA SB3000TL21 (3200 W, 97% de rendement) à 960 € HT en prix public unitaire, 910 € pièce pour des livraisons de 5 appareils.

 

Tout cela signifie que pour une installation photovoltaïque de 3 000 Wc, non-intégrée à la toiture et sans revente, donc sans raccordement au réseau Enedis, la fourniture du matériel panneaux + onduleur + accrochage revient à moins de 4 000 € HT en prix public, soit largement moins de 50% des prix d’installation pratiqués en France.

 

 

 

Les meilleurs panneaux photovoltaïques actuels en silicium cristallin, les modules bi-verre (verre/couche photovoltaïque/verre) sont commercialisés en dessous de 1 € HT/Wc. ©Solarwatt

 

La parité réseau est atteinte

 

Ce qui, début Mai 2017 et tenant compte d’une durée de fonctionnement de l’installation photovoltaïque de 20 ans, tenant compte également de la baisse du rendement des panneaux dans le temps, donne un prix de revient du kWh photovoltaïque de 0,12 € environ.

 

Depuis Mars 2017, le prix de kWh Tarif Bleu est de 0,1560 € TTC en heures pleines et de 0,1270 € en heures creuses. Pour l’essentiel, la « Parité réseau » est atteinte pour les installations domestiques : le prix du kWh photovoltaïque est sensiblement du même niveau que celui que l’on peut acheter aux divers distributeurs présents sur le marché français.

 

Pour de nouvelles installations, le prix du kWh photovoltaïque continue de baisser, poussé par la réduction continue du coût des matériels qui n’a pas atteint son plancher. Tandis que personne ne s’attend vraiment à une baisse du Tarif Bleu TTC, au contraire.

 

 

 

Les installations en surimposition sur les toitures sont moins coûteuses et offrent moins de risque de pathologie : l’installateur intervient peu sur l’étanchéité de la toiture. Le tarif de rachat plus généreux pour les installation « intégrées au bâti » disparaîtra le 30 septembre 2018. ©Viessmann

 

Des installations simplifiées

 

Si l’on ne veut plus vendre la production photovoltaïque au réseau, une installation photovoltaïque intégrée au bâti, qui donne droit à un tarif de rachat plus favorable, n’a plus d’intérêt.

 

Pour une maison individuelle, le coût de l’intégré au bâti est supérieur de 10 à 12% à celui de la superposition sur la toiture. De plus, les pathologies sur les installations intégrées à la toiture ne sont pas rares, malheureusement. L’Association Qualité Construction en a dressé l’inventaire et propose de bonnes pratiques pour les éviter dans sa Fiche Pathologie n°E10.

 

Cette fiche relève que l’essentiel des pathologies liées à l’intégration en toiture relève de défauts d’étanchéité. Il existe, en gros trois solutions d’intégration : les systèmes avec une sous-couche assurant l’étanchéité, les solutions dont les modules, disposés comme des tuiles, assurent eux-mêmes l’étanchéité et ceux dans lesquels les modules sont fixés sur des rails assurant le drainage de l’eau.

 

Dans les trois cas, les défauts d’étanchéité proviennent soit d’une mauvaise conception des systèmes – utiliser des solutions d’accrochage sous Avis Technique évite cet écueil -, soit d’une mise en œuvre non-conforme aux spécifications des ATEC et des fabricants.

L’un des équipements importants en autoconsommation est l’automate qui en permanence oriente la production d’électricité du site vers des emplois dans le bâtiment, maximisant ainsi l’autoconsommation. ©Solarwatt

 

Les qualifications existent

 

Contre ce défaut, Qualit’ENR recommande de ne faire appel qu’à des entreprises qualifiées et propose deux qualifications spécifiques : QualiPV module BAT pour des installations intégrées au bâti et allant jusqu’à 36 kW de puissance, QualiPV module Elec (plus de 500 entreprises certifiées en France début mai 2017) pour la compétence électricité sur des installations raccordées au réseau jusqu’à 36 kWc.

 

Qualifélec, pour sa part a étendu sa qualification solaire photovoltaïque (SPV). Elle portait sur l’étude et la réalisation (indices SP1 et SP2) d’équipements électriques utilisant une source d’énergie renouvelable, sans limite de puissance et pour des tensions inférieures à 63 kV, dans tous types de locaux et d’emplacement.

 

Depuis mi-Mai 2017, le nouvel indice SP.MA englobe la maintenance et l’entretien. Il n’existe pas encore de qualification particulière pour les entreprises réalisant des installations vouées à l’autoconsommation.

 

Mais l’association Qualit’ENR rappelle que la qualification RGE dans le domaine du photovoltaïque, donc ses qualifications QualiPV ou la qualification SPV de Qualifélec, deviendra indispensable à compter du 1er octobre 2017, pour que le client particulier bénéficie du tarif de rachat et de la toute nouvelle prime à l’autoconsommation.

La plupart des fabricants et certains des grands installateurs, comme EDF ENR, proposent désormais des portails internet permettant de suivre une installation : puissance instantanée, production, autoconsommation, archivage des historiques, etc. ©Solarwatt

 

Des aides financières pour l’autoconsommation

 

Depuis la parution du nouvel arrêté tarifaire du 9 Mai 2017, il existe désormais en France, deux ans après l’Allemagne, un soutien financier à l’autoconsommation de l’électricité photovoltaïque produite sur site. Ce dernier arrêté tarifaire, qui abroge celui du 4 mars 2011, introduit deux nouveautés.

 

Premièrement, pour bénéficier des aides publiques prévues pour les installations jusqu’à 9 kWc, il faudra utiliser une entreprise qualifiée RGE en photovoltaïque à compter du 1er Octobre 2017. Cette obligation sera étendue aux installations d’une puissance de 100 kWc à partir du 1er janvier 2018.

 

Deuxièmement, l’autoconsommation est soutenue par une prime à l’investissement de 400 €/kWc pour les installations ≤ 3 kWc, de 300 €/kWc pour celles dont la puissance est > 3 et ≤ 9 kWc. Un tarif de rachat du surplus, relativement dissuasif, donc incitant à maximiser l’autoconsommation, est également proposé : 0,10 €/kWh pour des installations ≤ 9 kWc, 0,06 €/kWh pour des installations > 9 kWc.

 

La fin de la valorisation de l'intégration au bâti

 

La prime d’installation n’est acquise que si l’installateur est RGE et si le client revend son surplus d’électricité. L’intégration au bâti ne fait pas partie des critères retenus dans ce dispositif de soutien de l’autoconsommation.

 

Au contraire, l’arrêté du 9 mai 2017 prévoit la fin de la valorisation de l’intégration au bâti. Une prime rémunère en effet l’(intégration au bâti pour les installations nouvelles, mais elle est dégressive sur 6 trimestre, débute à 0,045 €/kWh et s’éteint le 30 septembre 2018. Ensuite, le critère d’intégration au bâti ne sera plus pris en compte pour les nouvelles installations.

 

 

Les grands industriels du chauffage et de la production d’ECS, de Bosch Thermotechnologie à Viessmann, en passant par Stiebel-Eltron, ont développé des systèmes profitant de la baisser des prix des composants photovoltaïques et visant à maximiser l’autoconsommation. ©PP

 

L’autoconsommation collective

 

La loi n°2017-227 du 24 Février 2017, entrée en vigueur le 26 février 2017, organise l’autoconsommation de l’électricité photovoltaïque. Elle autorise notamment l’autoconsommation collective, qu’elle décrit de la manière suivante : « lorsque la fourniture d’électricité est effectuée entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs consommateurs finals liés entre eux au sein d’une personne morale » et dont les points de soutirage et d’injection « sont situés en aval d’un même poste public de transformation d’électricité de moyenne en basse tension ».

 

Ce texte autorise donc l’autoconsommation d’une production PV sur le toit d’une copropriété par les différents locaux de la copropriété. Il autorise également un bailleur – social ou non – à produire dans son bâtiment pour alimenter directement ses locataires. La loi – et c’est une bonne chose – exonère ces autoconsommations de la taxe départementale sur la consommation finale d’électricité et de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (CSPE), tant que la puissance installée sur le site est inférieure à 1 MWc.

 

L’autoconsommation individuelle (non-répartie entre plusieurs consommateurs) était déjà exonérée de ces taxes, dans la mesure où la production annuelle sur site demeure ≤ 240 millions de kWh. Le texte, en revanche, exclu le schéma dans lequel des consommateurs souscrivent à une production distante, dont le produit doit passer par le réseau Moyenne Tension ou de transport pour les atteindre. Ce qui semble exclure le modèle économique utilisé en Allemagne par Sonnen et d’autres producteurs.

 

 

 

Dans le développement de l’autoconsommation, la démocratisation du stockage d’électricité sera une étape décisive. Sans stockage, une famille de 4 personnes peut couvrir 40% de sa consommation annuelle d’électricité, avec un stockage de moins de 5 kWh, le taux de couverture monte à 80% par an. ©Solarwatt

 

L’autoconsommation PV pour lutter contre la précarité énergétique

 

L’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE) estime qu’au moins 5 millions de ménages, soit plus de 12 millions de personnes sont en précarité énergétique : le ménage dépense plus de 10% de ses revenus pour les dépenses énergétiques de son logement.

 

Contre la précarité énergétique, Tecsol, le BE spécialisé en solaire, et son dirigeant André Joffre prônent l’autoconsommation PV collective. Le nouveau dispositif d’autoconsommation collective permet d’injecter l’électricité photovoltaïque directement dans la colonne montante de l’immeuble, donc sans grande modifications de l’installation électrique intérieure au bâtiment.

 

Tecsol s’est associé à SunChain pour proposer une solution globale. SunChain a développé une solution fondée sur le mécanisme des blockchains – ce système justifiera d’un article à lui tout seul – permettant de mesurer de minute en minute la proportion d’électricité solaire consommée dans chaque logement.

 

Le blockchain entre en scène

 

Une fois certifiées (c’est là qu’intervient la blockchain), ces données sont transmises à Enedis – l’ex-ErDF – pour que les fournisseurs d’énergie des locataires puissent facturer l’électricité provenant du réseau public. Une expérimentation de ce système est en cours près de Perpignan.

 

Nous devrions la découvrir plus en détail lors de la prochaine conférence internationale du Pôle Derbi du 13 au 15 juin 2017. Ce sera le moment de tenter de comprendre et d’expliquer ce qu’est la blockchain et pourquoi elle peut contribuer au développement des ENR à trvers « la Transition Numérique de l’Energie ».

 

 

Le modèle économique développé en Allemagne par Sonnen n’est pas autorisé par la réglementation française sur l’autoconsommation. Sonnen équipe des clients d’installations complète : modules PV + automate + stockage d’électricité. Il leur achète leur surproduction et revend cette énergie soit à ses clients s’ils en ont besoin, soit à des distributeurs d’électricité. ©Solarwatt

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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