Forum Bois Construction (3) : Du bois local pour des circuits courts ?

L?intérêt pour la transformation locale du bois se confirme, même si la notion de bois local couvre plusieurs réalités allant du bois national et patrimonial jusqu'au bois communal.

Légende : Le centre aquatique des Trois rivières à Cloyes dans l’Eure-et-Loir, affiche le douglas (architecte/ Bourgueil et Rouleau, Tours). ©Cosylva

 

Récemment, le lamelliste Cosylva, spécialiste du douglas, a fait établir le calcul suivant : « 66 % du chiffre d'affaires de l'entreprise est reversé dans l'économie française. Ce pourcentage est de 88% si les produits sont en douglas, contre seulement 34% pour des produits en bois d'importation ».

 

Par le passé, Cosylva avait déjà été en pointe dans l’analyse du cycle de vie du douglas. A noter que le lamelliste intervient aux quatre coins du monde, de la même manière que Simonin ou Mathis qui sont plus portés sur l’épicéa.

 

Que penser de la fourniture de lamellé-collé européen pour l’aéroport de Kourou en Guyane, par exemple, au cœur du principal gisement forestier français ? Premièrement, plus le système constructif est complexe, et mieux il voyage. Deuxièmement : passé dogme, le discours sur le bois local tue la technicité, la qualité des solutions bois et mine très vite la construction bois tout court. Mais on n’en est pas là.

 

La Boiserie de Mazan, coup d’envoi français de l’architecture bois contemporaine en bois local (De-So architectes, Scop Gaujard Technologies).© JT

 

Le local, phénomène global

 

Partout dans le monde, les états s’efforcent les uns après les autres d’interdire l’exportation de grumes afin de stimuler la transformation locale. Depuis plusieurs années déjà, l’Europe tend à privilégier des essences locales en alternative aux essences tropicales.

 

Au sein de l’Europe, les initiatives visant à privilégier le bois national fleurissent, en France comme ailleurs, sans avoir d’ailleurs un impact notable sur le marché. En général, et jusqu’à nouvel ordre, les règles du marché unique européen s’opposent à la préférence nationale qui serait une distorsion de concurrence.

 

Des labels géographiques émergent avec plus ou moins de succès, comme Bois des Alpes ou Sapin du Jura... Pour ce qui concerne le bois français, la fédération des scieurs, FNB, s’est fait recadrer dans ses velléités par l’Europe, ce qui explique le retard qui a été pris dans le développement de la marque Bois français.

 

Désormais, l’effort porte davantage sur le travail de la vingtaine de prescripteurs régionaux affiliés aux interprofessions, à destination desquels la FNB a produit des fiches d’essences qui seront présentées au Forum.

 

 

Groupe scolaire de Jougne dans le Jura, construit avec le bois de la commune. © JT

 

Une démarche high-tech

 

L’opération de centre culturel de la Boiserie à Mazan, utilisant sciemment des essences du proche Mont Ventoux comme le cèdre ou le pin à crochets, a marqué le point de départ d’une campagne des communes forestières fixant l’objectif de porter 100 réalisations en bois local.

 

La Fédération FNColor viendra une nouvelle fois au Forum pour faire le point sur l’évolution de ce challenge. Les précédentes éditions du Forum ont également fait état des difficultés rencontrées dans le cadre de ces initiatives.

 

D’une part à cause des règles de passation des marchés. D’autre part, comme dans le cas d’un groupe scolaire à Jougne dans le Jura, à cause du montage complexe induit par la mise en coupe d’une parcelle de la forêt communale.

 

Qui se charge de la commercialisation du surplus, des connexes, et à quel prix, si tant est que la commune met à disposition du charpentier le bois d’œuvre dont il aura besoin ? De fait, le retour vers le passé, où le bois était tout simplement utilisé là où il pousse, est aujourd’hui une opération de haute technicité. A l’image de cette fromagerie bâtie avec l’aide du BE Sylva Conseil à partir du bois de la forêt de la confrérie, à Randol en Auvergne.

 

 

Fromagerie de Randol, bâtie avec Sylva Conseil en employant les ressources sylvestres de la confrérie. © Sylva Conseil

 

Un acte militant

 

Elève de Julius Natterer, l’architecte Edouard Molard compte parmi les pionniers de la renaissance de la construction bois en France. Son fils Dominique clôturera l’atelier C4 avec une intervention qui va au-delà des préoccupations d’emploi local du bois. Il s’agit de justifier une démarche de développement de systèmes constructifs plus élaborés.

 

L’interprofession du département de la Loire a permis à l’architecte, il y a quelques années, de se familiariser avec le monde de la scierie. Cela a généré, dans une logique de valorisation de l’ensemble de la grume, un concept de plancher bois-béton Lignadal, puis un mur en panneau de bois massif Lignapli, associé avec un isolant en fibre de bois fabriqué à 30 km de la scierie locale.

 

Comme l’expliquera Dominique Molard au Forum, une petite entreprise de charpente de 3 personnes s’est créée en 2010, dénommée Lignatech. Implantée à proximité de la scierie fournissant les bois, son premier projet a été la réalisation de la Maison des Ainés 1, un bâtiment où ces nouveaux produits ont été testés grandeur nature.

 

Elle emploie maintenant 17 personnes et réalise essentiellement ses projets à l’aide de « Lignapli » et de « Lignadal », sous-produits de scierie devenus nobles, pour construire des maisons passives.

 

 

La maison des aînés, acte pionnier de la construction bois en circuit court.  © Archipente

 

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Source : batirama.com / Jonas Tophoven

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