Forum Bois Construction (2) : Feuillus, mode d’emploi

Une nouvelle fois, le Forum fait une large place à l?emploi pourtant encore très marginal des feuillus dans la construction.

Spécialiste du hêtre et chef de la recherche à FCBA, Andreas Kleinschmit est à l’initiative des deux ateliers dédiés cette année à Nancy aux feuillus dans la construction.

 

La construction bois, en France, reste aujourd’hui une niche. Au sein de cette niche, la part des ouvrages réalisés avec du bois français est faible. Plus faible encore, celle des constructions en feuillus structurel. Quant aux réalisations en feuillus local…

 

Presque tout joue contre elles, la disparition des petites scieries polyvalentes, le temps de croissance des feuillus, les problèmes de caractérisation des performances mécaniques, le poids, la pérennité. Tout ceci dans un contexte français où les charpentiers et les constructeurs bois français sont gâtés.

 

La Scandinavie et les pays Baltes leur livrent des sciages de résineux d’excellente qualité, secs, prêts à l’emploi, et même souvent avec des performances mécaniques calibrées. De leur côté, les pays germaniques excellent dans les bois collés à base d’épicéa, qu’il s’agisse de poutres, poteaux ou de panneaux lamellé-croisés.

 

S’ajoutent les performances techniques exceptionnelles des poutres ou panneaux fabriqués à partir de bois déroulés, ces LVL ou Lamibois communément appelés Kerto à cause de l’antériorité du produit de Metsä Wood, qui fabrique d’ailleurs en France des caissons Kerto Ripa.

 

Opération marquante pour Paris, la surélévation de la rue de Châteaudun recourt aux chêne massif et à la technique des goujons collés. ©Bepox

 

Retour aux sources

 

Pourtant, les feuillus disposent de quelques atouts. Il s’agit des essences dominantes en France. Ces feuillus sont largement sous-exploités. Ils ont souvent fourni la preuve par le passé de leur validité en termes de structure, pas seulement le chêne mais même le peuplier.

 

Ces capacités sont actuellement confirmées par des batteries de tests. Un cycle de transformation local joue en faveur du bilan carbone que le choix du bois motive. Enfin, et c’est un aspect non négligeable, la valorisation des feuillus dans la construction, y compris pour des usages structurels, représente un formidable défi technique et architectural.

 

Cela peut devenir le second souffle de la construction bois en France. Pas tant en remplacement des résineux et des bois collés d’importation, mais au moins en complément judicieux.

 

La gare TGV d’Aix est l’une des références françaises pour l’utilisation de lamellé-collés de chêne, une des spécialités de Simonin. ©Simonin

 

Terre de feuillus

 

Le châtaignier dispose d’un Technoguide qui détaille ses performances mécaniques et ouvre la voie à une utilisation en construction. Malheureusement, pour l’heure, et malgré l’abondance de la matière, il n’existe guère de filière de construction. Tout de même, l’atelier B1 du Forum présentera une ferme auberge en châtaignier local, par Thomas Weulersse, un architecte du Grand Est spécialiste de la construction bois et passive.

 

Dommage que le Forum ne relaye pas par une conférence dédiée la parution récente, en complément du Technoguide du châtaignier, d’un nouveau Technoguide du peuplier. Il est vrai que l’usage structurel de cette essence est pour l’heure surtout le fait d’un architecte Lillois, Laurent Baillet, qui a bien illustré sa démarche en livrant en 2015 un centre multi-accueil de la petite enfance à Courcelles-lès-Lens.

 

Son credo, c’est de viser à une utilisation adéquate de trois essences régionales : le peuplier pour la charpente et la structure, le chêne en bardage, le hêtre en aménagement intérieur. On attend pour mars 2018, soit pour la huitième édition du Forum, sa livraison d’une nouvelle référence pour un client emblématique du bois énergie, Ökofen.

 

L’aventure du lamellé-collé en chêne

 

Quant au chêne, dommage que les designers star Jouan et Mankou ne viendront pas à Nancy pour présenter l’opération prestigieuse de l’hôtel des Berges en Alsace, une extension en chêne pour héberger les convives d’un restaurant classé dans le top ten mondial.

 

Au moins, le patron de l’entreprise Simonin détaillera comme il l’a déjà fait à Garmisch la belle aventure du lamelliste en matière de lamellé-collé en chêne. Surtout, au sein de l’atelier dédié cette année à la restauration et au patrimoine, Christophe Gomas, grand expert du mur à pan de bois parisien, présentera une surélévation en chêne massif réalisée par l’entreprise Bepox à Paris.

 

L’un des trois modèles de Woodies de Xertigny, résultat d’un concours pour la valorisation du hêtre dans la construction. ©JT

 

Terre de hêtres

 

C’est pourtant au hêtre que reviendra la part belle de la programmation en matière de feuillus, tant lors de l’atelier scientifique dédié au prologue à Epinal, le 5 avril, que le lendemain au sein de l’atelier B1.

 

La restauration de charpentes de monuments historique sera abordée dans l’atelier dédié, A5, par Régis martin, architecte en chef des monuments historiques. ©Regis Martin

 

 

On ne se privera pas d’un premier tour d’horizon des réalisations employant ce nouveau matériau structurel qu’est le LVL de hêtre, la BauBuche de Pollmeier. Ses performances mécaniques exceptionnelles permettent d’affiner sensiblement les structures porteuses. Le Forum fera à nouveau une place au CLT de hêtre proposé en caissons par Lineazen.

 

Et bien sûr, il sera question des dernières réalisations générées par Terres de hêtre, qu’il s’agisse de l’atelier de l’ONF à Xertigny, ou de la maison du vélo à Epinal.




Source : batirama.com /Jonas Tophoven

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