BAU 2017 (12) : l’Isolation thermique et ses nouveaux usages

Peu de nouvelles matières isolantes ont été présentées à BAU cette année. A noter de nouveaux usages pour l?isolation thermique et des pouvoirs isolants plus importants...

Typha, un concept de plaques isolantes à base de roseaux, dévoilé à BAU 2017 par Isover Saint-Gobain semble être la seule nouvelle matière isolante cette année. Le mot « semble » est justifié : le salon BAU est immense et il n’est pas impossible que nous soyons passés à côté d’une autre matière.

 

Typha affiche un λ de 0,045 W/m.K. Ce qui est nettement moins performant que les valeurs atteintes par les meilleures laines de verres. Mais la présentation de Typha à BAU 2017 marque la volonté d’Isover Saint-Gobain d’être encore plus présent sur le segment des isolants d’origine végétale. Pour l’instant, aucune date de commercialisation n’est avancée pour Typha.

 

BASF n’est pas venu à BAU. Et donc, pas d’information au sujet de Slentite, la nouvelle matière isolante développée par le chimiste et dévoilée à Munich il y a deux ans. Aucun fabricant ne l’exposait cette année.

 

 

Les rupteurs de ponts thermiques KSXT de Schöck traitent la liaison béton /acier dans le cas d’éléments métalliques en porte-à-faux par rapport à une structure béton armé :  balcons, marquises, etc. accrochés à la façade. La nouvelle gamme améliore de 30% la performance du rupteur.

 

Traitement des ponts thermiques et au-delà

 

Plutôt que l’apparition de matières nouvelles, BAU permet de constater deux grandes évolutions. La première est l’amélioration constante du traitement de certains points clefs, notamment les ponts thermiques et les parties enterrées. La seconde est le progrès des λ des isolants existants.

 

En ce qui concerne les rupteurs de ponts thermiques, Schöck a présenté plusieurs nouveautés à BAU 2017. Certaines dépassent l’aspect thermique et portent sur l’affaiblissement acoustique et sur la résistance au feu.

 

En logements collectifs, la solution Schöck Tronsole, par exemple, permet de fixer des escaliers en béton à la structure de la cage d’escalier, tout en apportant un important affaiblissement dans la transmissions des bruits de choc, grâce à la couche d’élastomère Schöck Elodur.

 

Les concepteurs ont été séduits par cette solution, mais quelques doutes persistaient quant au comportement au feu de ces produits. A Bau, Schöck s’est appuyé sur de nouveaux PV d’essais prouvant une résistance au feu de classe R90 ou F90.

 

 

Le système Schöck Tronsole le pont thermique entre l’escalier et la structure béton du bâtiment, apporte un affaiblissement acoustique important des bruits de chocs et n’influe pas sur le comportement au feu de l’escalier.

 

 

A BAU, Schöck montrait le résultat d’une collaboration avec Triflex, le spécialiste des résines synthétiques liquides. Les deux partenaires ont développé une solution d’enrobé pour les tiges acier des rupteurs à l’aide de résines PMMA qui protège efficacement contre l’humidité et les infiltrations d’eau au droit de la liaison béton/ossature acier des balcons.

 

 

 

 

L’industrie allemande de la préfabrication béton s’est emparée des rupteurs de ponts thermiques. Voici un élément de balcon en béton préfabriqué, équipé d’un rupteur de pont thermique directement à l’usine. Ce rupteur, un Isokorb XT-Combar de Schöck, fait appel à des tiges en Combar, à base de fibres de verre, pour remplacer une partie des tiges acier. Le Combar offre une résistance mécanique similaire à celle de l’acier, mais une très médiocre conductivité thermique. Leur emploi supprime les ponts thermiques ponctuels dus à l’accrochage du rupteur dans la structure béton du bâtiment.

 

Isoler les fondations

 

Le bâtiment en Allemagne est déjà très isolé. Pour progresser encore, plutôt que d’augmenter les épaisseurs, les concepteurs et les entreprises s’attaquent aux ouvrages mal ou pas du tout isolés jusqu’à présent, notamment les fondations. Du coup les industriels mettent à leur disposition quantité de solutions qui partagent au moins deux caractéristiques : une très importante résistance mécanique – le bâtiment sera posé sur l’isolant – et une totale indifférence à l’eau.

 

On a vu à BAU au moins deux solutions consacrées à l’isolation thermique des parois enterrées et des fondations. La première, présentée par Liapor sous forme de billes et par Foamglas sous forme de plaques, est le verre cellulaire. Le produit de Liapor, le Liaver, est destiné à être épandu à fond de fouilles, puis fondations et les dalles sont coulées dessus.

 

Le Foamglas est un isolant incombustible (classe A1), léger, rigide, très durable, composé de millions de cellules de verre hermétiquement closes. Il est incombustible, parfaitement insensible à l’humidité, aux insectes, aux champignons, aux moisissures. Il offre une très grande longévité sans dégradation de sa résistance thermique, ainsi qu’une résistance mécanique élevée.

 

Le Foamglas, malgré tous ses avantages, présenteait un inconvénient : son λ était nettement inférieur à celui des autres matières. Au salon BAU, Pittsburgh Corning qui fabrique les produits Foamglas a enfin dévoilé la nouvelle génération de plaques T3+, dont le λ = 0,036 W/(m.K), soit une amélioration de 12% par rapport à la génération précédente.

 

 

Fabriquée à plus de 60% en verre recyclé, la nouvelle plaque Foamglas T3+ est disponible en 600 x 450 mm et pour 14 épaisseurs de 50 à 180 mm. Sa masse volumique atteint 100 kg/m3. Sa résistance à la compression selon EN 826-A est supérieure à 500 kPa, sa résistance à la flexion (En 12089) dépasse 450 kPa, tandis que sa résistance à la traction (EN 1607) dépasse 100 kPa.

 

 

Pour l’isolation des parties enterrés, Foamglas a présenté à BAU 2017, une solution développée avec Knauf : mise en place des plaques T3+ sur les parties enterrées verticales, pose d’une armature en fibre de verre, pose de l'enduit extérieur ou de briques de parement collées. L’enduit résistant à la compression et à l’humidité est fourni par KNAUF.

 

 

La nouvelle plaque Foamglas T3+ est pour l’instant disponible pour l’isolation des parois verticales ou des toitures. Pour l’isolation des fondations, Foamglas recommande encore son système associant des plaques Floor Board T4+ en 600 x 1200 mm pour des épaisseurs de 40 à 180 mm (λ = 0,042 W/(m.K)) et des pièces périphériques Perisave (λ = 0,040 W/(m.K)). La gamme T3+ (λ = 0,036 W/(m.K)) devrait être étendue à cet emploi fin 2017.

 

Polystyrène expansé (PSX) pour l’isolation des parties enterrées

 

La seconde matière, employée pour l’isolation des parties enterrées verticales quel que soit le bâtiment et des fondations pour les bâtiments jusqu’à R+1 ou R+2 selon les marques, est le PSX (PolyStyrène eXtrudé). Wolf Seal propose sa solution thepro© DämmDichtSystem (www.thepro-keller.de). Il s’agit d’un système composé de plaques de PSX.

 

Elles sont disponibles en 2,4 x 2,75 m (hauteur) et pour des épaisseurs de 80 à 300 mm. Elles sont posées à fond de fouille et font office de coffrage perdu pour le coulage des dalles en terre-plein. A la verticale, ces plaques sont collées sur la paroi extérieure de la maçonnerie. Elles se prêtent à la préfabrication des éléments en béton, comme à la mise en œuvre sur chantier.

 

Wolf est plutôt avare de précisions techniques. Heureusement, Austrotherm, l’un des autres défenseurs de cette technologie n’a pas les mêmes pudeurs. Pour l’isolation extérieure des parois enterrées, les plaques Austrotherm XPS Premium 30 SF (1250 x 600 mm) offrent λ = 0,027 W/(m.K), avec une résistance à la compression ≥ 300 kPa et des prix variant de 18,40 à 46 € HT/m² en fonction de l’épaisseur (40 à 100 mm).

 

Pour l’isolation des fondations, Austrotherm XPS TOP 70 SF indiquent des λ variant de 0,033 W/(m.K) pour une épaisseur de 50-60 mm, à 0,038 pour des épaisseurs de 180 à 200 mm, avec une résistance à la compression ≥ 700 kPa. Les prix s’étendent de 26,19 € HT/m² pour 50 mm d’épaisseur à 113,83 € HT/m² pour 200 mm.

 

 

Sur un sol plane et stabilisé, Austrotherm pose ses plaques en PSX, puis des bordures verticales. Plaques et bordures sont reliées entre-elles par des cornières en matière plastique fixées par des vis en plastique pour ne pas créer de pont thermique et éviter toute corrosion. Sur les plaques sont étendus des films polyane, puis des supports pour ferraillage sont disposés, les grilles de ferraillage sont mise en place, puis le béton est coulé. L’ensemble des fondations de la maison est thermiquement isolé.

 

 

Austrotherm propose des plaques isolantes pour les fondations jusqu’à 200 mm. Son concurrent Wolf Seal va jusqu’à une épaisseur de 300 mm. Jackon Insulation, qui n’était pas à BAU cette année, va jusqu’à 320 mm d’épaisseur pour ses plaques KF 700 Standard SF (résistance à la compression de 700 kPa, 1280 x 630 mm).

 

La laine de roche ne brûle pas

 

Rockwool est le grand spécialiste de la laine de roche. Il l'a encore affirmé à BAU 2017 et insistant sur le fait que la laine de roche ne brûle pas. Ce qui autorise quantité d’emplois intéressants. Rockwool a notamment présenté ses nouveaux panneaux Bondrock MV 038 destinés à l’isolation par l’extérieur des toitures terrasses. 

 

Les panneaux Bondrock MC 38 portent un classement au feu A2-s1 d0 (incombustible) et affichent un λ = 0,038 W/(m.K). Ces nouveaux panneaux sont disponibles en épaisseurs de 60 et 160 mm, pour des surfaces de 600 x 1000 mm et de 1000 x 1200 mm.

 

Rockwool se prépare aussi à proposer des solutions pour les bâtiments nZEB (Near-Zero Energy, BEPOS ou Bâtiments à Energy Positive) en construction neuve et a développé pour cela une solution spécifique : le système Coverrock ou Coverrock II qui peut atteindre jusqu’à 400 mm d’épaisseur en isolation par l’extérieur des façades.

 

Le système comporte deux couches d’isolant. La première est fixée à la paroi du bâtiment. Mais la seconde est seulement fixée à la première couche. Ce qui réduit très fortement les ponts thermiques singuliers liés à l’accrochage des panneaux de laine de roche en façade.

 

 

La laine de roche, c’est bien connu, ne brûle pas. Rockwool a allumé solennellement cette torche au matin du premier jour du salon BAU. Quatre jours plus tard, la dégradation est minime. Au dos du panneau, la surface est seulement tiède.

 

 

Le nouveau système Coverrock de Rockwool se compose de deux couches. La première couche est chevillée à la paroi maçonnée (≥ 6 chevilles/m²). La seconde est seulement fixée à la première couche. Ce qui traite les points thermiques singuliers des chevilles.

 

λ = 0,030 W/(m.K) pour le nouvel Isover Kontur FSP 1

 

De son côté, Isover travaille depuis des années avec le mouvement Passivhaus. Isover Saint-Gobain est puissant en Allemagne, mais tout de même challenger derrière le groupe KNAUF. En développant des produits et des systèmes spécialement pour les maisons passives et en les certifiant auprès du Passivhaus Institut de Darmstadt, l’entreprise acquiert outre-Rhin une réputation à la fois d’excellence et d’innovation.

 

En 2015, le chiffre d’affaires d’Isover en Allemagne atteignait 345 millions d’Euros. Cette année à BAU, Isover a présenté sa nouvelle laine de verre avec un λ = 0,030 W/(m.K). On retrouve cette laine notamment dans le système Kontur FSP 1 Excellence.

 

Son λ = 0,030 est 13% plus efficace que celui du produit WLG 035 de la génération précédente. Isover a mis aussi en avant sa laine de roche Ultimate pour des applications deux-en-un : isolation thermique et protection incendie (Euroclasse A1 et un point de fusion > 1000°C).

 

 

Kontur FSP 1 Excellence est destiné à l’isolation par l’extérieur des façade maçonnées ou des façades sous bardage ventilé. Avec λ = 0,030 W/(m.K), le produit sera disponible en Allemagne à compter d’avril 2017, en 6 épaisseurs de 40 à 140 mm, en panneaux de 1250 x 600 mm.

 

 

A BAU, Isover affirme détenir la bonne solution pour chaque configuration de chantier, que ce soit dans le neuf ou en rénovation et pour isoler n’importe quel ouvrage. Isover souligne que l’entreprise dispose de 140 ans d’expérience dans l’isolation et des dizaines d’années dans l’étanchéité à l’air. Pour l’isolation thermique des toitures en pente, Isover propose pour le marché allemand, jusqu’à 30 ans de garantie en cas de mise en œuvre de ses solutions Premium.

 

 

Isover a développé la gamme Metac-WS en laine de roche ou laine de verre, spécifiquement pour l’isolation par l’extérieur des parois métalliques. Il existe sur le marché allemand une sorte de standard dans les nervures horizontales des parois métalliques avec un écartement de 8 cm entre deux nervures. Isover a donc mis au point un ensemble de produits avec une hauteur de 8 cm. Par exemple, avec Metac WS-PLUS en laine de verre WLS 032 de 17 cm d’épaisseur, on atteint une valeur Uv = 0.24 W/(m².K). La solution est également disponible avec de la laine de roche Ultimate incombustible.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

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