L’industrie cimentière fait son Green Deal

Lors des Rencontres de l?Industrie Cimentière, les cimentiers ont annoncé un projet de Green Deal. Objectif : augmenter de 45 % la valorisation des déchets biomasse issus des chantiers.

Lancés en 2011 aux Pays-Bas, les « Green Deals » sont des engagements volontaires et réciproques entre l’état et les entreprises, visant à faciliter l’émergence de projets innovants et à lever les freins auxquels ceux-ci peuvent être confrontés.

 

Si l’état néerlandais a accompagné à ce jour plus de 500 entreprises à travers 180 green deals, les 4 premiers engagements n’ont été signés en France que le 27 avril 2016. Trois de ces quatre green deals concernent le secteur de la construction.
 

On peut ainsi noter le recyclage et la valorisation des déchets de plâtre portés par le syndicat national des industries du plâtre (SNIP), Knauf, Placoplatre et Siniat. Ainsi que la création d’une nouvelle filière de recyclage et de valorisation du verre acrylique portée par Arkema, la plateforme technologique Canoe, Paprec, Indra et Plastinov.

 

Enfin, le 3e projet concerne le recyclage des granulats et matériaux de construction inertes porté par l’Unicem, UNPG (Union Nationale des Producteurs de Granulats) et le SNBPE (Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi).

 

Valoriser 40 000 tonnes supplémentaires

 

Aujourd’hui, l’industrie cimentière met en place son Green Deal « Engagement pour la croissance verte relatif à la valorisation des déchets de biomasse en cimenterie ». L’objectif pour la profession est d’augmenter de 45 % la quantité de déchets non dangereux de type biomasse, valorisée énergétiquement en cimenterie à l’horizon 2020 par rapport à 2015.

 

Elle vise une hausse de 40 000 tonnes. Et elle espère que l’Etat, de son côté, impulse la mise en place d’une filière de mise à disposition de déchets biomasse issue des chantiers et de la démolition, encourage la déconstruction sélective, ainsi que l'instauration de lots dédiés à la gestion des déchets dans les marchés publics.

 

De leur côté, dans le cadre de ce Green Deal, l’Unicem s’engage à créer une plateforme internet recensant les carrières ayant une activité recyclage et le SNBPE, à travailler sur l’évolution normative de la norme béton et à augmenter la part de granulats recyclés dans le béton prêt à l’emploi.

 

Une valorisation à la fois énergétique et matière

 

« Ce qui est aberrant, a expliqué Nicolas Meyre de l’Athil (Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques), c’est qu’il y ait encore de l’enfouissement. On enfouit du bois ce qui pose de problèmes de méthanisation et à la production de dioxyde de carbone lors de sa dégradation. Alors qu’une seconde vie est possible pour ces flux ».

 

L’industrie cimentière produit en France environ 17 millions de tonnes de ciment par an (donnée 2015). Dans le cadre de son procédé de fabrication, elle utilise environ 1 300 000 TEP/an d’énergie servant à la cuisson de la matière première, du calcaire et de l’argile en mélange. 38% de cette énergie provient de la valorisation énergétique de déchets.

 

« Le bois de déconstruction contaminé, poursuit Nicolas Meyre, constitue pour l’industrie cimentière un combustible mais aussi un apporte en minéraux pour le ciment. Les cendres de bois constitués de silice et de calcium y trouveront une seconde vie. Lorsque l’on met du bois en incinérateur, on obtient des mâchefers qui concentrent des contaminants et qu’on est obligé de traiter pour en limiter la lixiviation. En cimenterie, à 2 000 degrés, tout est détruit et recomposé ».

 

Vers des opérations de tri plus rigoureuses et professionnelles

 

Reste le problème de l’acceptation des flux. La production de ciment nécessite un combustible déchet de qualité élevée et aussi régulière que possible, avec par exemple, une absence totale d’éléments indésirables. Dans le cas du bois, cela signifie sans clou.

 

Il faut donc professionnaliser la filière pour que les opérations de tri, indispensables, soient correctement effectuées. La déconstruction sélective s’affiche comme un véritable enjeu. « Il y a des freins à lever, confirme Didier Michel, administrateur du Syndicat National des Entreprises de Démolition et vice-président du Syndicat des Recycleurs du BTP.

 

Cela fait des années que nous travaillons avec les cimentiers. Aujourd’hui avec la baisse du coût de l’énergie fossile et la difficulté de créer des centres de tri, notamment en région parisienne, se posent les problèmes de la massification des flux et de la viabilité économique. Et qui va payer pour le transport, le tri… Il faut que ce soit un partenariat gagnant-gagnant pour chacun. »



Source : batirama.com / Corinne Bailly

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