Des artisans s’unissent face à l’amiante en Loire-Atlantique

En Loire-Atlantique, des entrepreneurs opérant sur des chantiers qui impliquent de l?amiante ont fondé une association pour établir des synergies et jouer un rôle d?information.

Artisan couvreur près de Nantes, Jacky Girard a jeté les bases d’une nouvelle association professionnelle baptisée CAP Amiante, afin de fédérer les entrepreneurs confrontés au défi de l’amiante, qu’ils soient couvreurs, charpentiers, carreleurs, chauffagistes…

 

L’association a été portée sur les fonts baptismaux avec cinq entreprises adhérentes et deux organisations professionnelles : la Capeb et la CNATP de Loire-Atlantique. Elle entend répondre aux problématiques des professionnels qui interviennent sur des matériaux contenant de l’amiante (MCA) et sont à ce titre soumis à de nombreuses contraintes.  

 

Echange d’expériences

 

Les normes liées à la manipulation de l’amiante sont d’une très grande complexité notamment parce qu’elles relèvent de différents secteurs réglementaires : santé, environnement, droit du travail.

 

De l’analyse préliminaire des risques jusqu’au retrait puis à l’évacuation des produits, le processus est lourd en termes de démarches administratives et d’organisation des chantiers.

 

« Compte tenu de la dangerosité du produit, cette complexité se justifie, estime Jacky Girard. Mais elle est source de difficultés pour les entreprises. C’est pourquoi nous avons souhaité mettre sur pied cette association. Le propos n’est pas de se substituer aux organismes officiels qui encadrent les normes en vigueur.

 

Une association ouverte aux entreprises de la région

 

Il s’agit de créer une structure où les professionnels concernés puissent échanger des conseils, des expériences, pour mieux gérer sur le terrain des situations particulières ou délicates».

 

L’association est ouverte aux entreprises de la région Pays de la Loire qui sont qualifiées en sous-section 4 (pour des interventions ponctuelles sur des équipements susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante) et à celles qui sont certifiées en sous-section 3 (retrait et encapsulage de MCA) par l’AFNOR, Global Conseil ou Qualibat.

 

Les entreprises en cours de qualification et de certification sont admises. Toutes doivent s’engager sur une charte de qualité.

 

Mutualisation des coûts

 

L’association souhaite être un interlocuteur auprès des instances administratives. Elle se propose de renseigner le grand public sur la nocivité de l’amiante, et de sensibiliser les donneurs d’ordre, pas toujours conscients de la responsabilité qui leur incombe lorsqu’ils attribuent des chantiers impliquant des MCA.

 

Elle pourra aussi avoir la vocation de mutualiser certains coûts. Car pour des entreprises de petite taille, répondre aux contraintes liées à l’amiante constitue un lourd investissement au regard d’un nombre de chantiers qui reste relativement modeste en rythme annuel.

 

Il faut former du personnel et acquérir du matériel ad hoc comme des cellules de décontamination. « Entre la formation des salariés et l’achat des équipements requis, l’investissement peut vite monter à 150 000 euros », témoigne Jacky Girard.

 

La mutualisation des coûts à travers le réseau de l’association pourra prendre la forme d’un regroupement d’achat pour obtenir de meilleurs tarifs, ou celle d’un partage d’équipements entre différents adhérents ».

 

Echelon régional, problème national

 

Si CAP’Amiante vise un développement à l’échelon régional, les questions que soulève sa création sont bel et bien d’intérêt national. Autorisée jusqu’en 1996, l’amiante est présente dans d’innombrables édifices publics et privés puisqu’elle fut utilisée pour la confection de toitures, tuyaux, dalles de sols ou de faux-plafonds, colles….

 

On estime qu’une habitation sur deux en contient. Très élevée dès les années 50 et 60, la consommation d’amiante en France a atteint un pic au début de la décennie 1970 pour s’établir à près de 150 000 tonnes annuelles.

 

Dans les quartiers résidentiels, les toits en amiante-ciment qui datent de cette époque et vont prochainement arriver en bout de course sont légion. Or les entreprises certifiées ne sont pas si nombreuses, et pour le particulier, la réfection d’un toit en amiante-ciment représente un surcoût de 7000 à 15 000 euros (sans préjudice bien sûr de l’investissement dans la nouvelle toiture).

 

C’est pourquoi Jacky Girard appelle de ses vœux la création d’un crédit d’impôt amiante dont les clients, privés ou professionnels, pourraient bénéficier. Une cause qu’il souhaite défendre à l’occasion des prochaines législatives...

 

Photo : Jacky Girard, artisan couvreur au Landreau, et président de l’association CAP’Amiante


Source : batirama.com / Corinne Cherigny

 

A retenir

Selon les estimations de l’Institut National de Veille Sanitaire, l’amiante a provoqué, de 1995 à 2009, entre 61 000 et 118 000 décès en France. D’ici à 2050, elle pourrait être responsable de 68 000 à 100 000 morts.

 

 

 

 


 

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